Pierre Danvoye

Mouscron est un ensemble mort vivant

Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Le pire pour Mouscron Péruwelz, ce n’est pas d’avoir égalé le record de 10 défaites d’affilée. Le pire, c’est qu’on n’a aucune raison de croire que l’aventure va bien se terminer.

Quand Bruges bat facilement Mouscron, un 3-0 bien tassé, on raconte que les gars de Michel Preud’homme restent en tête (c’est juste) et on pleure sur la blessure de Victor Vazquez (c’est juste aussi). On pense à peine à signaler que les Mouscronnois sont encore un peu plus mal barrés qu’une heure et demie plus tôt. Pourquoi ? Parce que c’est comme ça depuis le début de la saison : Mouscron Péruwelz, tout le monde s’en fout un peu. Depuis le retour en D1, le club a le plus grand mal à exister médiatiquement. Côté francophone, c’est 35 % d’intérêt pour le Standard et Anderlecht, 25 % pour Charleroi cette saison parce que ça se passe bien, et les miettes restantes pour la troupe du Canonnier.

Mouscron jouera ce week-end le match le plus important de sa saison, à domicile contre Westerlo. C’est dans ce rendez-vous que les hommes de Fernando Da Cruz ont des chances de prendre les points du salut. On lance les paris sur le nombre de spectateurs samedi soir ? Allez, 2.200 têtes de pipe. Et aucune ambiance.

On imagine Mouscron en PO3. Avec quelles chances de s’en sortir ? Aucune. Mouscron ne marque plus, Mouscron encaisse beaucoup, Mouscron est un ensemble mort vivant. Plus mort que vivant d’ailleurs. Une employée du club nous disait, après la défaite au Standard : « Quand on voit comment les gens dans les bureaux se démènent pour que ça se termine bien, on aimerait bien que les joueurs fassent pareil. »

Quand on voit comment les gens dans les bureaux se démènent pour que ça se termine bien, on aimerait bien que les joueurs fassent pareil.

L’annonce de la revente a carrément plombé leur football. Chaque semaine ou presque, on voit des erreurs défensives indignes de la D1. On peut même se poser de sérieuses questions sur l’état d’esprit de quelques joueurs. Placement très approximatif, mauvaise communication, penalty inutile, exclusion qui paraît volontaire… ça fait beaucoup. Et on a au milieu du jeu de quilles un coach qui se demande certainement dans quel cirque il est tombé.

La question n’est pas de savoir si ce groupe a suffisamment de qualités pour s’en sortir (ils ont quand même atomisé le Standard et Anderlecht) mais de savoir si ces joueurs sont concernés par l’avenir du club. Ariel Jacobs nous disait, il y a quelques semaines : « Il faut se mettre dans la tête d’un joueur. Il se dit : -Quoi qu’il arrive à mon club, je retrouverai de toute façon quelque chose. Se retrouver au chômage, ça peut arriver aux autres, pas à moi. En plus, ils ont une excuse toute trouvée si ça ne tourne plus : les incertitudes extra-sportives. » Maintenant, on ne parierait pas sur le niveau des clubs où ces joueurs risquent d’aboutir l’été prochain. Ça sent plus la CFA que la Ligue 1. Le suicide français.

Par Pierre Danvoye

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire