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Michel Louwagie: « Tout est allé un peu trop vite pour nous »

Frédéric Vanheule
Frédéric Vanheule Frédéric Vanheule is redacteur bij Sport/Voetbalmagazine.

Lentement mais sûrement, Gand sort du trou et Michel Louwagie sort du silence. « Il est parfois bon de mettre de l’ordre dans ses idées. Dans ma tête, c’était un peu le chaos », dit-il.

Ces dernières semaines, Gand s’était muré dans le silence. Étonnant car le club est généralement très accessible.

Et il le restera mais l’heure était à la réflexion avant de parler. Il faut parfois mettre de l’ordre dans ses idées. Dans ma tête, c’était un peu le chaos. Depuis que je suis manager, je n’avais jamais dû affronter autant de contretemps d’un seul coup.

Vous voulez dire que ce fut votre période la plus difficile en 28 ans ?

La plus inattendue en tout cas. La saison 1996-97 fut la plus difficile car nous avons failli descendre. Et la saison 2012-2013 ne fut pas facile non plus avec le licenciement de Trond Sollied alors que nous construisions la Ghelamco Arena.

Pourquoi sortez-vous du silence maintenant ?

Il a fallu le temps de relativiser, de reprendre courage. Tout allait trop bien à Gand, ça ne pouvait pas durer. En quatre ans, le club a beaucoup évolué mais les journaux ne voyaient que les résultats.

Ces derniers jours, on a beaucoup reparlé de votre entraîneur à Anderlecht. Qu’en dites-vous ?

Les consultants vont parfois trop loin, même s’ils peuvent être utiles et vous faire réfléchir.

« Gand ne peut pas se permettre une saison de transition »

Mogi Bayat, l’agent de Hein, entretient des liens privilégiés avec Anderlecht. Un club qui vous a par ailleurs brûlé la politesse dans le dossier Trebel.

Mogi m’a heurté, je ne dirai rien de plus. Si ce n’est que les agents sont parfois impliqués dans des conflits d’intérêts. Un grand manager ne peut pas travailler pour trop de clubs d’un même pays.

Mais il a des idées originales. Comme : vendez Kalinic et prenez Proto.

Oui, il a des idées spéciales. C’est au club de faire le tri.

Vous y avez songé ?

Non. Lovre et nous avons décidé qu’il resterait encore une saison. C’est un des piliers de la nouvelle équipe. Nous avons gardé les joueurs arrivés en janvier (Kalu, Gigot, Kubo, ndlr) et nous avons effectué des transferts ciblés.

Comment expliquez-vous que tous les grands clubs, hormis Bruges, ont pris un mauvais départ ?

Pour moi, la période des transferts joue un rôle. Six joueurs de l’équipe championne nous ont quittés. Et deux autres étaient susceptibles de partir : Foket et Neto. Du coup, les autres ont commencé à se demander pourquoi eux devaient rester. La réponse était simple : on n’a pas eu d’offres pour eux. Ils n’ont alors plus répondu à l’attente. La mentalité fait beaucoup.

Vous avez donc attendu que tout rentre dans l’ordre avant de parler.

Au début, on ne comprenait pas. Et je ne voulais pas jouer les caliméros. J’essayais de me cramponner aux choses positives.

Contrairement à Anderlecht, vous pouvez vous permettre une saison de transition.

Non, pas avec les investissements réalisés cet été. Nous devons jouer les PO1.

Vous avez dû revoir votre politique de transferts. Vous vous étiez juré de ne jamais acheter de joueurs chers mais vous le faites.

On a dépensé plus que prévu, en effet. Les transferts de l’été ne répondent pas encore à l’attente mais ça peut venir. Il convient parfois de s’armer de patience. L’an dernier, on a rectifié le tir après la trêve hivernale. Tout peut aller très vite dans le monde du foot.

Vous en reviendriez à une politique plus sage ?

Il faut trouver le juste milieu.

L’Europe, ça vous manque ?

Pour tout le club, il n’était peut-être pas plus mal de retomber les pieds sur terre. On avait besoin de calme après des années agitées. Tout est allé un peu trop vite pour nous.

Ça veut dire que vous ne pouvez pas avoir plus d’ambition ?

Non. Gand doit jouer régulièrement pour gagner un trophée. Le club a l’infrastructure, l’organisation, le stade et le soutien nécessaire pour ça.

« Je suis fier de notre évolution »

Vous dirigez plus de cent employés. Vous gardez le contrôle ?

C’est difficile et on doit rester attentif à tout moment mais ça nous permet aussi de lutter avec pas mal de clubs étrangers.

Pourtant, malgré ce nouveau statut, Trebel et Kums vous ont échappé. Anderlecht a toujours plus d’impact.

Personnellement, ça ne me pose aucun problème. Anderlecht, c’est Bruxelles, le club de la capitale. Chaque club a ses caractéristiques. Je suis fier de notre évolution, de notre infrastructure, de notre personnel. On est peut-être la plus grande entreprise sportive de Belgique, indépendamment de la cellule football. Ça ne veut pas dire qu’on est le plus grand club. Anderlecht est le numéro un et Bruges, le numéro deux, ça ne se discute même pas. On est troisième à égalité avec le Standard.

Où en sont vos finances ? Vous devez faire attention ?

Ne vous en faites pas pour nous. Nos finances sont bonnes. On a un peu trop dépensé mais on ne doit pas se serrer la ceinture.

Vous êtes un partisan des transferts hivernaux. Ils seront à nouveau cruciaux ?

Je compte d’abord fermement sur les retours de Saief, Foket et Neto.

Vous êtes plus solides qu’avant ?

Oui. On n’a jamais vendu autant d’abonnements et les fans restent derrière nous.

Francky Dury dit qu’il faudra 50 points pour participer aux PO1. Vous allez devoir vous dépêcher.

Genk et le Standard aussi. L’an dernier, il fallait 49 points. Je pense que cette année, 47 suffiront. Si nous étions le seul grand club largué, je me ferais du souci.

« En Belgique, le gâteau est trop petit »

Vous n’arrivez pas à engager des Belges. Ils ont peur d’être sur le banc car vous avez beaucoup d’étrangers.

Le problème, c’est que le gâteau est trop petit. Ne nous laissons pas aveugler par les prestations des Diables Rouges. Il faut suivre les Espoirs et la génération suivante. Ont-ils le niveau pour jouer en Coupe d’Europe ?

Vous avez failli tomber à la renverse en voyant la somme que Fulham réclamait pour Denis Odoi.

Trois millions d’euros pour un défenseur de 29 ans, ce n’est pas jouable.

Et Jelle Van Damme ?

Ça c’était possible mais il a choisi l’Antwerp alors nous avons pris Noë Dussenne.

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