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Marco Kana: pourquoi il est déjà la cible des managers

Marco Kana, qui n’a pas encore 18 ans, est une des victimes de la mini-guerre qui gronde à Neerpede pour engager les meilleurs talents le plus tôt possible.

La semaine passée, Marco Kana a reconnu avoir vécu des mois difficiles, dans une interview à la RTBF.  » Des managers se sont livrés à une attaque en règle sur les réseaux sociaux. D’autres sont parvenus à obtenir mon numéro de téléphone, affirmant qu’ils avaient reçu un mandat de tel ou tel club pour me transférer. Il faut être très fort mentalement dans des moments pareils. Mon père défend mes intérêts et je lui ai tout transmis afin de pouvoir continuer à travailler tranquillement.  »

Les propos de Kana ressemblent à un appel au secours d’un adolescent qui ne connaît pas encore le monde du football. Il n’est toutefois pas étonnant que Kana soit harcelé : il est le seul joueur du noyau A d’Anderlecht à ne pas être dans le portefeuille d’un manager. Roc Nation Sports, le bureau américain auquel sont affiliés les Diables Rouges Axel Witsel, Kevin De Bruyne et Romelu Lukaku, a été particulièrement insistant mais la famille continue à résister. Le clan Kana ne nie pas avoir eu des entretiens avec Roc Nation Sports mais en début de semaine, rien n’était encore couché sur papier. Le père Guéry Kana, dépeint comme un homme réaliste, qui se méfie des managers, reste jusqu’à nouvel ordre le représentant officiel du défenseur de 17 ans. L’entourage du jeune homme avance un argument : il ne serait pas opportun de faire appel aux services d’un professionnel pour le moment. Kana vient de signer un contrat de trois ans et sa famille ne voit pas la plus-value que pourrait apporter un agent.  » Je veux rectifier l’image que les gens ont de ces personnes « , déclare Guéry Kana.  » Un manager ne crée pas de joueurs. Il leur ouvre tout au plus quelques portes. Les joueurs restent maîtres de leur avenir.  »

Le combat mené à propos de Kana, titularisé à onze reprises cette saison et auteur d’un but, n’est pas nouveau. Neerpede est le théâtre d’une mini-guerre entre des managers qui n’hésitent pas à s’arracher de jeunes footballeurs. Un agent a même parlé de parasites et de loups sous une peau de mouton qui rendent Neerpede et l’académie des jeunes dangereux le week-end. Les exemples de footballeurs ayant changé de camp ces dernières années ne manquent pas : Base Soccer a piqué Killian Sardella à Atticus Sports Management et Christophe Henrotay a pris Francis Amuzu à ce même Atticus Sports Management. Anouar Ait El Hadj, affilié au A-Group de Tom De Mul, intéresserait fortement Jacques Lichtenstein.

Il y a des années, les managers maison Henrotay et Lichtenstein se partageaient les jeunes les plus prometteurs d’Anderlecht – le duo bénéficiait souvent du soutien de la direction. Maintenant, les talents sont répartis dans différentes sociétés. Let’s Play, la société du nouveau conseiller sportif Wouter Vandenhaute, de Peter Smeets (ex-Anderlecht) et de Bob Claes (ex-Standard), serait toutefois le nouveau leader du marché à Anderlecht. Sept jeunes ont déjà intégré son portefeuille, parmi lesquels le phénomène internet de treize ans, Rayane Bounida, et ses 333.000 abonnés sur Instagram.

Les méthodes employées par les agences pour se voler les joueurs suscitent des questions. Par exemple, le manager de Hotman El Kababri, Thierry Lutonda et Halim Timassi leur aurait promis une place dans le noyau A et du temps de jeu s’ils signaient chez lui. Est-ce un hasard si Let’s Play a offert un emploi à un membre de la famille de Bounida ? Des familles sont grassement payées pour passer à la concurrence. Un grand bureau britannique aurait usé de cette pratique parfaitement légale dans au moins un dossier. Les managers qui suivent les matches des jeunes d’Anderlecht savent depuis longtemps qu’ils doivent prévoir une prime de reprise pour les parents s’ils veulent attirer un jeune. La plupart d’entre eux omettent de dire aux parents qu’ils doivent rembourser l’argent, éventuellement augmenté d’intérêts, s’ils veulent rompre le contrat.

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