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« Ma motivation? C’est le défi. J’en ai un fameux avec Anderlecht. »

Après des débuts difficiles, Fred Rutten arrive à portée des PO1. Comment l’entraîneur a-t-il vécu ses premiers mois à Anderlecht?

Anderlecht est-il le club le plus difficile de votre carrière, jusqu’à présent?

Peut-être, en considérant dans quelle mouise le club s’est trouvé, sa situation actuelle et le moment où j’y suis arrivé, mais c’est ce qui rend ce travail si intéressant. En tant qu’amateur de football, je connais son histoire mais je mesure mieux la grandeur d’Anderlecht depuis que je m’y trouve. Travailler à Dubaï était très agréable mais je comprends ce qui m’y manquait : oeuvrer dans un club où les choses que je trouve normales le sont effectivement. Aider les joueurs à progresser, exiger d’eux le maximum, former une équipe et prester. On ne trouve ça qu’au sein de l’élite. Je suis content d’être revenu au véritable front. J’ai fait de tout en football et je suis maintenant dans une phase où je ne fais plus que ce que j’aime. Je n’entraîne plus pour l’argent ni la gloire. Ma motivation réside dans le défi. Et j’en ai un fameux avec Anderlecht.

Vous avez diminué le volume de travail au lieu de l’augmenter. N’est-ce pas contre-nature?

Si car j’estime qu’on va plus loin en en faisant plus. Mais quand on débarque en cours de route, on est confronté à l’état physique d’un noyau, sur lequel on n’a pas eu d’impact. Ceux qui pensent qu’un entraîneur qui arrive dans un club en cours de saison peut tout changer comme il le veut se trompent. Vous pouvez appréhender ce que je fais comme une formule mathématique : plaisir = énergie = résultat. Je suis partisan du jeu de position mais si mon prédécesseur y a attaché moins d’importance, je risque de solliciter leurs muscles différemment en imposant mon style. La condition des joueurs n’était pas mauvaises, leurs batteries sont bien chargées mais il faut rétablir l’équilibre. Je suis en train d’effectuer une préparation alors que nous devons aussi obtenir des résultats mais je suis convaincu que c’est possible.

Quelle est la principale différence entre Anderlecht et un grand club néerlandais?

Je l’ai réalisée après deux matches : le football belge est nettement plus loin que le néerlandais sur le plan physique. Les Pays-Bas mettent toujours l’accent sur la possession du ballon et le beau jeu. Jouez avec cette mentalité contre La Gantoise, qui n’aligne que des joueurs dépassant le mètre nonante… Ça n’existe pas en Eredivisie. Sans parler de l’Antwerp, une équipe qui se livre à fond pendant nonante minutes. Cela vaut également pour Saint-Trond, Ostende ou Courtrai. Pensez-vous que l’Ajax battrait facilement le Club Bruges, Anderlecht, Genk ou La Gantoise? Croyez-moi : ça n’arrivera pas.

Plaidez-vous également pour des play-offs aux Pays-Bas? Et qu’en pensez-vous, franchement?

Le sport de haut niveau est-il juste, Comment peut-il être injuste si on a convenu à l’avance d’un système et que tout le monde le connaît dès le début? Les play-offs confèrent de la résistance. Je sais que ça ne va pas nous aider à combler le gouffre qui nous sépare de clubs européens qui travaillent avec un budget de 800 millions d’euros mais on peut le réduire en permettant aux footballeurs de jouer plus souvent à un niveau plus élevé. Si les talents se développent plus vite grâce à ce système, ils attendront peut-être plus longtemps avant de rejoindre un grand club européen. Du même coup, le niveau global s’améliore.

Vous plaidez même en faveur d’une Bénéligue, une idée que la Belgique et les Pays-Bas ont rejetée depuis longtemps.

Ce n’est pas si fou que ça. L’Ajax, Feyenoord et le PSV disputent quatre grands matches par saison, entre eux. Ils en auraient une dizaine au sein d’une Bénéligue. À voir ses talents, la Belgique n’a pas à se faire de souci. J’ai récemment assisté au match des U21 d’Anderlecht contre leurs homologues de Genk. C’était du football de haut niveau, tactique, technique mais surtout physique. De ce point de vue, les Pays-Bas accusent un sérieux retard.

Par Martijn Krabbendam

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