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« Lukebakio ? Il ne va jamais jouer à Toulouse »

Thomas Bricmont

Le coach suisse aime observer, analyser avant de passer à l’action. Quitte à se faire quelques inimitiés. Rencontre avec le franc-parler de René Weiler qui n’a pas hésité à se montrer dur envers les jeunes mauves.

Sur la question des jeunes, vous avez pris des mesures draconiennes qui ont entraîné les départs de plusieurs talents (Aaron Leya Iseka, Samuel Bastien, Dodi Lukebakio).

RENÉ WEILER : Vous avez raison mais n’oubliez pas que quand je suis arrivé, le noyau était de 37 joueurs. Et les règles n’ont pas changé : on joue toujours à 11 et si tu prends les 18 convoqués, ça fait encore près de 20 joueurs qui ne sont pas contents et qui vont se plaindre de ne pas jouer. Mais aucun de ces 20 joueurs ne va se demander pourquoi le club lui verse un salaire à la fin du mois ? Et derrière le joueur, tu as encore l’agent qui me demande pourquoi son joueur ne joue pas. Mais toi, tu me demandes pourquoi ton joueur ne joue pas !!!? Tu devrais pourtant t’excuser et dire que tu ne mérites pas de toucher de l’argent sur un joueur qui n’a pas de valeur. Et bien non, il va plutôt contacter les journalistes et raconter à sa sauce pourquoi ça ne va pas. J’aime bien le travail d’entraîneur mais c’est quand même compliqué…

Mais est-ce que vous la jugiez bonne la mentalité de ces jeunes ? De Lukebakio (il coupe)…

WEILER : Il joue là-bas ?

Un problème administratif l’empêche de jouer.

WEILER : Mais est-ce qu’il jouerait sans ce problème ? Je vais vous dire une chose : il ne va jamais jouer là-bas.

Vous n’avez pas essayé de le changer au niveau de la mentalité ?

WEILER : C’est au joueur aussi de se demander : si je ne joue pas, où est-ce que je peux jouer ? Leya Iseka est un joueur intéressant mais il devait se dire en regardant l’équipe que ça allait être dur de faire son trou vu la position à laquelle il joue, l’âge qu’il a. S’il revient un an après en ayant joué, il a quelque chose de plus dans son sac. Et se dire: j’ai joué, j’ai appris quelque chose. C’est bénéfique pour lui, pour moi et pour le club.

Les jeunes représentent une manne financière très importante pour des clubs de la dimension d’Anderlecht. En mettant les jeunes de côté, vous touchez d’une certaine manière au portefeuille du club.

WEILER : C’est une situation très compliquée pour moi. Si je mets 6-7 jeunes dans l’équipe, le directeur de l’Académie va être très content mais la cellule scouting va se dire : mais qu’est-ce que c’est que ça ? On sert à quoi ? Vous avez aussi les journalistes qui demandent pourquoi untel ne joue pas ? Alors qu’il y aura toujours des joueurs qui ne joueront pas, c’est mathématique.

Par Thomas Bricmont et Alain Eliasy

Retrouvez l’intégralité de l’interview de René Weiler dans votre Sport/Foot Magazine

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