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Luka Elsner: « On n’a jamais vu une équipe déséquilibrée gagner quoi que ce soit »

Au mois de février dernier, Sport/Foot Magazine avait rencontré Luka Elsner quelques jours après son arrivée à Courtrai. Interview avec celui qui est désormais le coach du Standard.

Luka Elsner porte souvent de beaux costumes en bord terrain, mais reçoit en training dans un container. Luka Elsner a une coupe de cheveux impeccable et les coiffeurs fermés n’y ont jamais rien changé. Luka Elsner a grandi sur la Riviera, à Nice, mais s’est fait un nom en Belgique. Luka Elsner a un discours déclinable en une demi-douzaine de langues, mais ne parle pas encore le néerlandais. Luka Elsner aime donc visiblement surprendre. Ce qu’il a encore fait en se décidant finalement à rejoindre Courtrai le 31 janvier dernier, là où il était plutôt attendu pour cet été. Au sortir d’une semaine de quarantaine consécutive à son arrivée en Belgique, le nouvel entraîneur courtraisien nous a accordé sa première interview. Et a confirmé ce qu’on savait déjà de lui. Qu’il maîtrise l’art oratoire comme personne, et n’a pas froid aux yeux.

Moins tu es armé au niveau de la qualité footballistique et du talent des joueurs, plus il faut s’adapter et se préparer à l’adversaire. »

Luka Elsner

Quarantaine oblige, vous avez coaché vos trois premiers matches à distance. On sent d’autant mieux le besoin de proximité avec les joueurs quand on en est empêché?

LUKA ELSNER: Préparer les matches par téléphones interposés, c’est un défi. Les coacher devant sa télé, c’est beaucoup plus que ça. On a une sensation bizarre, celle que ça va forcément mal se passer. D’ordinaire, on est habitué à pouvoir rectifier, par la voix, certaines choses. Ici, on se sent impuissant. Mais en fait, ça permet de prendre de la distance et de se rendre compte qu’il y a d’autres manières de délivrer un message. C’est le point positif que je relèverais de cette quarantaine. Oui, une équipe peut vivre sans avoir son coach en permanence sur le dos.

Le rythme effréné de ce début de mois de février, avec un match tous les trois jours, c’est ce qui vous a fait hésiter un temps à monter à bord si vite?

ELSNER: Ce qui est certain, c’est qu’on ne vient pas parce que c’est facile. Ça aurait été trop simple de leur dire: « Débrouillez-vous jusqu’en fin de saison, quand vous êtes sortis des difficultés, vous m’appelez ». C’est un argument important pour moi de se retrousser les manches quand c’est difficile. Et d’être là quand on a besoin de toi. Je n’ai pas été souvent amené à reprendre une équipe en cours de saison, donc j’ai dû me poser les bonnes questions.

« À l’Union, j’avais une super équipe et quatre joueurs offensifs incroyables »

Il paraît quand même que vous êtes passé de joueur à coach un 1er avril, en 2013, et que vos anciens coéquipiers devenus vos joueurs avaient d’abord cru à une blague?

ELSNER: Cette anecdote est vraie. Je jouais le dimanche soir et le lundi matin, j’étais entraîneur-adjoint.

C’est parce que vous aviez fait un mauvais match le dimanche?

ELSNER: ( Il rit) Oui, c’est parce que j’avais été nul et que j’avais provoqué deux buts pour l’équipe adverse. Non, sérieusement, c’était une discussion que j’avais déjà eue avec le directeur sportif en place, qui connaissait mes ambitions, à moyen terme, de devenir adjoint. Ils ont voulu changer l’entraîneur à ce moment-là. Et du coup, après le match, un nouveau staff s’est créé et ça a été l’opportunité pour moi d’y entrer. Une décision complexe, une nuit compliquée. Mais une fois qu’une décision est prise, je ne retourne pas en arrière pour voir si j’ai pris la bonne décision ou pas.

Se faire recruter en tant que coach, c’est un peu comme passer un examen oral non? Il faut être bon, bien présenter, ne pas bafouiller, avoir l’air sûr de soi. Vous avez de beaux costumes, une coupe impeccable, un background universitaire, un discours déclinable en plusieurs langues. Ça aide pour se faire bien voir, ça?

ELSNER: Ce serait négliger le fait qu’il faut surtout arriver préparé. Les deux sont importants. Il ne faut pas croire que votre seule présence suffit. Il y a un travail à accomplir sur comment on se voit travailler ensemble, ce que l’on peut apporter, ce que l’on voudrait changer. Avoir un plan, le détailler et prouver sa connaissance du noyau. Et puis, derrière, il y a le feeling humain. Cet équilibre entre les compétences et le profil recherché et ce que l’on peut avoir comme rapport avec un dirigeant est important. Mais je vous rassure, il y a des fois où je n’ai pas fait bonne impression. Je n’ai pas fait que de bonnes interviewes. J’ai le souvenir, il y a quelques années déjà maintenant, d’un entretien à Sochaux avec le président, où le courant n’était pas du tout passé. Je crois que je ne lui avais pas plu du tout. Bon ben voilà, ça arrive aussi. On est dans un métier où on ne peut pas plaire à tout le monde.

Vous avez récemment été cité au Standard, vous auriez pu aller à Charleroi il y a 18 mois. Est-ce que vous êtes encore surpris de la bonne cote que vous entretenez en Belgique pour un entraîneur qui n’a finalement jamais entraîné chez nous ailleurs qu’en D1B?

ELSNER: Je pense que le fait d’avoir ensuite entraîné en Ligue 1 et d’avoir eu cette expérience à Amiens rend les choses un peu plus convaincantes. J’ai une belle cote grâce à ce que j’ai pu faire à l’Union. Mais il faut remettre les choses dans leur contexte, j’avais une super équipe et quatre joueurs offensifs incroyables. Le tout dans un projet avec une grosse base identitaire et historique. Je crois que j’ai su bien profiter de ça dans ma carrière personnelle pour me faire connaître. Mais je suis conscient que ma cote et mon image, je la dois à mes joueurs et à ce club à ce moment-là plus qu’à toute autre chose.

Il est important de marquer la différence entre les joueurs et l’entraîneur. Le coach n’est pas un copain.

Luka Elsner

« La vie te met des coups et tu dois savoir les accepter »

Une bonne réputation qui vous ouvrira les portes de la Ligue 1 à 37 ans. Rejoindre Amiens, l’une des équipes avec le plus faible budget de la série, c’était un choix bien plus risqué que de rejoindre Charleroi, par exemple. Pourquoi avoir voulu prendre ce risque?

ELSNER: Vous savez, ce n’est pas pour rien que c’est moi qui ai eu le poste. Beaucoup d’entraîneurs, sans doute plus expérimentés, n’en auraient probablement pas voulu. Mais je pense qu’un des avantages de la jeunesse, c’est d’avoir du courage et de moins réfléchir. Ça nous amène à avoir des expériences qui se terminent parfois mal, mais dont le déroulé nous aura appris quelque chose. C’est comme ça que je fonctionne dans tout ce que je fais. Après, il y avait clairement une partie sentimentale aussi dans le fait de revenir en France, à 37 ans, après y avoir vécu pendant vingt ans. Comme si je bouclais la boucle. C’est probablement une décision que je reprendrais d’ailleurs aujourd’hui. Même en connaissant la finalité, avec la descente, et sans avoir pu finir la saison à cause du Covid.

Luka Elsner:
Luka Elsner: « Si j’étais supporter d’un club et que je voyais débarquer un jeune homme de 37 ans sur mon banc, je me demanderais bien qui est ce type. »© INGE KINNET

On boucle quand même rarement une boucle avant ses quarante ans. Certains ont dû vous regarder bizarrement quand ils vous ont vu débarquer sur un petit banc de L1 à 37 ans et en droite ligne de D1B belge…

ELSNER: Je pense comprendre la nature humaine, mais je n’ai pas senti de jalousie dans le milieu footballistique. Par contre, je crois que moi, si je suis supporter d’un club et que je vois débarquer un jeune homme de 37 ans sur mon banc, je me demanderais bien qui est ce type. Voilà, il y a des perceptions différentes. Mais si on commence à s’embarrasser de ce que les gens pensent avant même d’avoir commencé son job, on n’avance pas beaucoup. J’écoute surtout les personnes qui portent un regard critique sur ma manière de travailler, par sur la personne que je suis.

Vous déclariez à votre arrivée en France qu’entraîner, c’était 90% de douleur pour 10% de plaisir. Vous disiez aussi avoir beaucoup de mal à digérer la défaite. Que chaque résultat vous impactait énormément. Est-ce que la saison douloureuse vécue l’an dernier avec Amiens vous a endurci à ce niveau-là?

ELSNER: Je pense que c’est ce qu’on appelle l’expérience. De vivre des moments délicats, d’être remis en cause, de douter. Moi, je suis aussi toujours parti de l’idée que c’était inconcevable de perdre deux fois de suite. Et puis, tu te retrouves dans une situation où tu ne gagnes pas pendant seize matches… La vie te met des coups et tu dois savoir les accepter. Les encaisser pour avancer. Ce qui fait que j’ai certainement un plus grand détachement aujourd’hui par rapport aux résultats. Mais les émotions, je les vivrai toujours. C’est quand on s’en détache complètement et qu’on n’est là que par pur plaisir que c’est inquiétant. Et qu’on n’est peut-être alors, selon moi, plus trop apte à faire ce métier.

Pourquoi faire un métier qui vous rend plus souvent malheureux qu’heureux?

ELSNER: Le fait est que même quand il y a des succès relatifs, il y a toujours une remise en question immédiate pour savoir ce qu’il va se passer le lendemain. Mais je ne pense pas que ça me rende malheureux pour autant. Quoique certainement un peu plus qu’être joueur. Parce qu’en tant que joueur, tu peux être moins performant, mais tu as une responsabilité pleine de ce que tu fais. Toi, en tant qu’entraîneur, tu prépares des choses, tu construis et tu mets ensemble, mais après, tu n’as plus qu’à pousser la barque et elle part toute seule.

C’est le paradoxe des coaches, qui veulent souvent contrôler le plus de choses possibles. C’est difficile d’accepter le manque d’emprise?

ELSNER: Il y a une part d’aléatoire dans le football. Et je pense que tant qu’on ne l’accepte pas vraiment, on est amené à faire fausse route. Parfois, ça se passe mal, mais ce n’est pas parce que tu as mal travaillé ou parce que les joueurs n’avaient pas envie. Ce que je veux dire, c’est qu’il n’y a pas tout le temps une raison objective à la défaite. Parfois, c’est juste parce que tu n’as pas eu de cul. C’est cet équilibre-là qui est compliqué à trouver. Savoir accepter que certaines choses ne sont pas dépendantes directement de toi, tout en étant perpétuellement à la recherche du pourcentage de choses que tu pourras solutionner par le travail. Par le passé, j’ai été cet entraîneur qui cherchait des réponses à tout.

« J’essaye de piocher ce qui est efficace partout »

En tant qu’entraîneur, est-ce que c’est plus intéressant pour vous de récupérer une équipe qui tourne dans un système unique, ou alors, comme c’est le cas avec Courtrai, une équipe qui a testé beaucoup de choses sur les derniers mois?

ELSNER: Pour moi, c’est un avantage d’avoir une équipe malléable, qui a été confrontée à plusieurs idées de jeu. C’est quelque chose dont je vais forcément essayer de me servir pour préparer au mieux les rencontres à venir et affronter les différents systèmes et les différentes idées que nous allons avoir à vaincre. C’est quelque chose que j’affectionne, de pouvoir s’adapter, ça permet de modifier en profondeur ce que l’équipe fait.

C’est important de pouvoir distinguer le fait que ce n’est pas parce qu’on change de système qu’on change d’idée de jeu et que ce n’est pas parce qu’on change de système qu’on se considère inférieur à l’adversaire?

ELSNER: Je pense que moins tu es armé au niveau de la qualité footballistique et du talent des joueurs, plus il faut s’adapter et se préparer à l’adversaire. Sans jamais être obnubilé non plus. C’est important d’avoir un équilibre entre ce qu’on présente de l’adversaire et ce qu’on essaye, nous, de mettre en place. Je sais, en ayant lu ou écouté beaucoup de grands entraîneurs, que dans les tops clubs, 75 ou 80% du temps, on le passe à s’occuper de soi-même pour ne laisser que quelques miettes à la préparation de l’adversaire. Probablement que ton niveau d’adaptation doit être inférieur quand tu travailles avec les meilleurs joueurs du championnat.

Même en connaissant la finalité, avec la descente, je reprendrais la décision d’aller à Amiens. »

Luka Elsner

Est-ce vrai que vous refusez d’utiliser des termes comme « impact », « bloc équipe », « duel » pendant les matches, ou c’est une légende urbaine?

ELSNER: C’est probablement une légende. J’accorde beaucoup d’attention à la structure défensive de l’équipe. Je pense que pour mériter une liberté et une prise de risque offensive, il y a une grosse partie de sacrifices que chacun doit faire, pour que le bloc défensif se tienne bien et équilibre la chose. Parce qu’on n’a jamais vu une équipe gagner quoi que ce soit si elle était complètement déséquilibrée quand elle perdait le ballon. Je pense qu’il y a deux mots qui vont bien ensemble, c’est liberté et sacrifices.

Dans le football, il y a les joueurs qui ont besoin de cette part de liberté et d’autres qu’il faut guider en permanence. Est-ce quelque chose qui se traite individuellement ou qu’on intègre à une structure collective?

ELSNER: Il faut faire en sorte que les autres comprennent ce qu’il va se passer avec un joueur très créatif. Quels sont ses points forts? Quelles décisions va-t-il probablement prendre? Quand je jouais, je n’ai jamais eu la capacité de créer des décalages ou de réussir, par un geste, à déséquilibrer l’adversaire. Donc je respecte beaucoup ces joueurs-là. Ils sont essentiels au football. Et je pense que dans les trente derniers mètres, il faut les laisser amener de la qualité. Mais c’est tout ce qu’il se passe autour qui est important dans le travail. Parce que si tout le monde fait ça, on ne peut pas gagner des matches. Il y a des joueurs qui sont là pour défendre, pour fermer, pour bloquer les espaces, pour jouer simple. Et puis, il y a d’autres joueurs qui sont là pour amener de la qualité, de la créativité. Et les deux sont équivalents en termes d’impact à mes yeux.

Vous pensez que c’est pour ça qu’à de rares exceptions près, les entraîneurs sont souvent d’anciens joueurs qui créaient eux-mêmes assez peu de décalages?

ELSNER: Nous, les joueurs qui sommes plus limités, on essaye de s’appuyer sur les joueurs à fort potentiel créatif. Sans oublier qu’il y a un travail de récupération à faire et que neuf fois sur dix, le ballon, tu vas finir par le perdre. Mais qu’une fois sur dix, le joueur créatif va t’amener quelque chose. Notre travail, c’est donc de les laisser s’exprimer et de construire autour quelque chose de solide.

À vos débuts, vous disiez être inspiré par les idées de Diego Simeone et au fil de vos lectures, de vos rencontres, notamment avec Mauricio Pochettino, vous dites avoir revu cotre copie. Pour vous, il n’y a plus un modèle qui surpasse l’autre?

ELSNER: Sincèrement, je pense qu’aujourd’hui, si on a des préférences, on a des faiblesses. J’essaye donc de piocher partout où je trouve ce qui est efficace et de l’intégrer dans ma manière de voir les choses. C’est une recherche permanente.

Vous pensez que le football est moins binaire qu’il y a dix ans, quand on opposait systématiquement le jeu de possession de Pep Guardiola à celui plus destructeur de José Mourinho?

ELSNER: J’ai l’impression que sur des styles très prononcés comme ceux-là, il y a tout de suite une réaction, une sorte de vaccin, d’antidote que les autres vont essayer de trouver. Aujourd’hui, le modèle Leipzig a débarqué pour être utilisé comme arme pour combattre face à des styles comme celui du Barça. C’est ça, le football. Il y un système qui marche et derrière, tout de suite, un entraîneur qui cherche une solution pour le contrer. C’est une ligne droite avec des mouvements autour de cette médiane. S’il y a un style qui fonctionne, les autres vont être mis au placard et on va s’orienter vers ce qui a marché. Mais ce n’est pas toujours très objectif.

Luka Elsner:
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« Je n’ai pas la prétention de dire que, nous, la nouvelle génération, on va apporter une richesse »

Certains de vos anciens joueurs retiennent des méthodes d’entraînement parfois atypiques. Comme  » tracter des roues de tracteur avec un harnais  » ou  » jongler avec des quilles de couleurs différentes « . Une approche à l’ancienne pour un coach qu’on dit assez moderne, ça surprend…

LUKA ELSNER: Autant, je suis très ouvert à trouver des données objectives pour parler des performances, autant je trouve que le vrai succès d’une équipe passe par le travail de fond, qui n’est pas fait par Internet, par des tableaux Excel ou de la vidéo. Mais bien sur le terrain en courant, en sprintant… C’est par là que se crée la différence. Donc oui, je reste un grand amateur du travail de base et de fond qu’un sportif doit faire.

Beaucoup de jeunes coaches ont du mal à ne pas se mêler à certains morceaux de séances à l’entraînement. C’est votre cas aussi?

ELSNER: Ça ne m’est jamais arrivé de jouer avec mes joueurs. Je pense qu’il est important de marquer la différence entre les joueurs et le coach. Enfin, ça m’est déjà arrivé, mais pas quand on était dans une situation de jeu. Les joueurs doivent comprendre que le coach n’est pas un copain.

C’est votre premier coup de vieux de vous dire qu’aujourd’hui, en Pro League, il y a, avec Will Still, un entraîneur de dix ans de moins que vous dans la place?

ELSNER: C’est un phénomène! Je le trouve très compétent et j’ai hâte de le voir et de le rencontrer.

Vous avez aussi le même âge que Mbaye Leye et seulement quatre ans de plus que Vincent Kompany. C’est enfin l’heure d’une nouvelle génération de coaches?

ELSNER: Je n’ai pas la prétention de dire que, nous, la nouvelle génération, on va apporter une richesse. Ou en tout cas que moi, je vais en apporter une. Déjà parce que je pense que la Pro League a une grande variété de styles et d’approches du football. Tout en gardant une identité belge assez intéressante. Je pense qu’il y a une culture d’ouverture de la ligue qui permet d’être confronté, d’un week-end à l’autre, à plein de styles et de méthodes différentes. C’est propre à l’identité belge. En opposition au pragmatisme extrêmement prononcé de la Ligue 1. Ici, il y a une ouverture d’espace qui est présente dans chaque match. Ce n’est ni une force ni une faiblesse, mais juste une caractéristique à laquelle il est bon de s’adapter. Ça rend aussi les matches intéressants et c’est pour ça que le marché belge est très exploité par tout le monde.

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