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Les secrets du mercato du Standard

Thomas Bricmont

Puisque le Standard ne fait rien comme les autres, les Rouches réécrivent même la géographie. Leur route va d’un Portugais à un autre, mais passe par la France et l’Argentine, en s’offrant même un improbable détour par Charleroi. Décryptage de plusieurs semaines tumultueuses.

Il est aux alentours de 23 heures. Ricardo Sa Pinto monte dans une Mercedes noire et quitte le domicile de Bruno Venanzi situé à quelques kilomètres de Sclessin, sur les hauteurs de Liège. Trois heures plus tôt, le président du Standard rencontre pour la première fois son futur entraîneur. L’entretien d’embauche est convaincant. Ricardo Sa Pinto utilise des sonorités qui font directement mouche dans la Cité Ardente : grinta, passion, travail. « Je veux que mes joueurs meurent sur le terrain ! », affirme-t-il. Le mythique joueur du Sporting n’est pas venu les mains vides. Il sort de sa poche des feuilles A4, explique comment il veut jouer, son système. Avec quels joueurs. Il a aussi emporté une page entière de questions précises. Sa Pinto sait où il va.

Olivier Renard, naturellement présent, semble, lui aussi, séduit. Onze ans plus tôt, il a vu pour la première fois le bouillant Portugais entrer dans son vestiaire. L’homme n’a apparemment pas changé. Le feu sacré est toujours bel et bien présent. Le français est parfois hésitant, mais le message percute. Bruno Venanzi voulait un homme à poigne pour nettoyer et réveiller son vestiaire, il est servi. Sa Pinto repart de chez Venanzi, l’esprit serein. Sans pour autant avoir évoqué les modalités financières. La poignée de main est franche, l’issue semble inéluctable et donc concluante. Un peu plus tard dans la soirée, Sa Pinto et son ami et agent se retrouvent dans un restaurant italien de Maastricht où ils débouchonnent une bouteille de rouge. Sa Pinto a le sourire, s’emballe et partage cette joie avec la serveuse du restaurant qui, après Renard et Venanzi quelques heures plus tôt, est la troisième à tomber sous le charme de ce flamboyant personnage.

Le lendemain, Sa Pinto gare à nouveau la Mercedes devant le domicile de Venanzi. Le Portugais a ressorti du Ralph Lauren tout frais de sa valise mais le look n’a pas changé. Le contrat est signé une heure plus tard. Le Standard affiche son ambition, le salaire est apparemment conséquent, Bruno Venanzi a mis la main au portefeuille pour attirer Sa Pinto qui emmènera ses assistants dans les bagages.

LE JEU DE SERGIO

Cette signature met un terme à un début d’été chahuté, voire moqué du côté de Sclessin. « Le fait qu’il y a dix jours, le Standard était encore à la recherche d’un entraîneur, c’était la fin du monde », nous dit-on en coulisses. « Par contre, que Bruges annonce le choix de son nouvel entraîneur seulement trois jours avant le nôtre, ça ne pose de problèmes à personne. » Calimero n’est pas mort et enterré. Il faut aussi reconnaître que la dernière saga estivale du club principautaire a fait couler pas mal d’encre et a découlé sur quelques solides plantages. Difficile, il est vrai, d’y voir clair dans ce début de mercato tant les noms cités furent nombreux et parfois, voire souvent, assez cocasses. Petit florilège non exhaustif : Gabriel Heinze (« Il n’y a jamais eu de contact, ni avec lui ni avec sa cousine »), Marco Silva, Jordi Condom, Felice Mazzù, Michel Preud’homme, Peter Maes, Franky Vercauteren, Pascal Dupraz, Stale Solbakken, Rolland Courbis, Sabri Lamouchi, Remi Garde, etc. Même Enzo Scifo s’est invité tardivement dans la danse (comme à Anvers d’ailleurs).

Si tout cela semble assez brouillon, le Standard a toujours voulu être clair sur la question. « Nous rencontrons plusieurs coaches, nous ne fermons la porte à personne ou presque mais ce n’est pas pour autant que tous les profils nous intéressent. » Une liste de 10 noms a très vite été couchée sur papier. En haut de celle-ci : Sergio Conceiçao. Bruno Venanzi est même prêt à casser sa tirelire pour attirer Monsieur Grinta. Sauf que le Portugais s’est quelque peu moqué de son Standard, profitant des appels du pied de son ex pour prolonger avantageusement son contrat à Nantes avant de filer à l’anglaise du côté de Porto avec l’aide de Doyen Sport et de l’inévitable Luciano D’Onofrio. Ce qui fera d’ailleurs dire en coulisses : « C’est bien la preuve que Sergio s’identifie davantage à Porto qu’au Standard. » Rien d’illogique non plus vu son passif ou le prestige et l’ambition des Dragões.

Depuis ce refus, le Standard a longtemps tâtonné, voire piétiné. Le calme ambiant en devient même inquiétant. Renard avance ses pions mais le jeu semble longtemps bouché. Bruno Venanzi rêverait d’attirer Michel Preud’homme, on nous l’annonce même autour d’une bonne table de la région liégeoise avec l’ex-entraîneur du Club. « Je suis sûr à 99 % qu’il n’y a jamais eu de contact entre Michel et Bruno », nous dit-on en haut lieu. Fantasme donc. Pour Felice Mazzù aussi ? « Certains ont été jusqu’à affirmer qu’on avait fait une proposition à Felice, mais c’est complètement faux. Il n’y a jamais eu la moindre offre », a une nouvelle fois affirmé, avec véhémence, Olivier Renard le jour de la présentation de Sa Pinto. Et pourtant, dans l’entourage proche du coach des Zèbres, on n’hésitait pas à faire fuiter l’information d’une proposition ferme et alléchante venue en droite ligne de Liège. Felice, dernier héros carolo, n’aurait pas osé un tel sacrilège. Et pourtant, l’offre financière était conséquente, nous dit-on du côté du Pays Noir. Qui croire au milieu de ce vacarme et de ces mensonges ?

Par Thomas Bricmont

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