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Les coulisses du surprenant mercato d’Anderlecht: voici tout ce qu’il s’est passé à Neerpede

Le soulagement grâce au transfert d’Alexis Saelemaekers, la quête d’un nouvel attaquant et un gamin de 18 ans qui risque de bouleverser la hiérarchie. Les coulisses du surprenant mercato hivernal des Mauves.

Hat-trick on transfer deadline. Le titre ronflant qu’a envoyé Anderlecht samedi à des centaines de milliers de followers collait parfaitement au travail accompli par Michael Verschueren dans des conditions extrêmes. Comme si ça ne suffisait pas, le directeur sportif a également dû poser pour la traditionnelle photo de famille avec Franky Vercauteren et ses nouvelles recrues, Marko Pjaca et Dejan Joveljic. Le large sourire de Verschueren Junior contrastait avec la grimace de Vercauteren, qui n’est pas parvenu à esquisser un smile.

Contre Mouscron, Franky Vercauteren a bien fait comprendre que personne ne devait s’attendre à des cadeaux.

Vercauteren ne s’est guère remué durant les derniers jours du mercato. De son côté, il paraît que Verschueren n’était pas particulièrement nerveux mais qu’il n’a vraiment été soulagé que quand l’AC Milan s’est manifesté pour Alexis Saelemaekers. Comme il se doit, l’ailier de vingt ans a été félicité sur les réseaux sociaux pour son transfert tandis qu’en interne, on éprouvait plutôt de la pitié pour le changement de cap du jeune homme. Une question revenait : que peut bien espérer ce garçon à San Siro ? Saelemaekers a fait taire ses détracteurs durant son entrée au jeu de 14 minutes contre le Hellas Vérone. Mais à Neerpede, beaucoup de gens sont surtout soulagés d’être débarrassés d’un joueur qui avait la réputation d’être difficile à gérer en raison de son énorme tempérament. Saelemaekers ne redoutait vraiment qu’une seule personne : Emilio Ferrera, son entraîneur en U21. Mais il a quitté Anderlecht depuis longtemps.

Anderlecht pouvait enfin s’activer sur le marché grâce à l’argent rapporté par Saelemaekers. Pieter Eecloo, le chef de la cellule de scouting, a joué un rôle crucial dans le hat-trick de Verschueren. C’est lui qui devait filtrer toutes les informations et préparer les dossiers des transferts. Le Sporting s’intéressait notamment beaucoup à Leonardo Koutris, un arrière gauche de l’Olympiacos, que plusieurs managers avaient proposé au Lotto Park. Eecloo a dû trancher. Il est arrivé à la conclusion que le montant de la location et l’option obligatoire d’achat de 5 millions n’étaient pas à la portée d’Anderlecht. Koutris, un Grec né d’une mère brésilienne, a finalement été loué à Majorque.

Anderlecht s’était fixé une série de limites. Il est parti en quête de joueurs à louer, dont le club propriétaire continuerait à payer la majeure partie du salaire. Ou de footballeurs à bas salaire, comme Kemar Lawrence, qui avait une rémunération annuelle de base de 305.000 euros aux New York Red Bulls. L’accent portait surtout sur le renfort du secteur offensif.  » Nous avons marqué fort peu de buts durant la première partie du championnat, d’un point de vue historique « , a déclaré Verschueren.  » Nous cherchions plus d’efficacité dans le rectangle. Avec ces footballeurs, nous avons de fait renforcé notre compartiment offensif.  »

À Neerpede, beaucoup de gens sont soulagés d’être débarrassés d’un joueur qui avait la réputation d’être difficile à gérer.

UN TRISTE RECORD À LA BAISSE

Pjaca et Joveljic, qui doit son transfert à l’Eintracht Francfort à la hype autour de Luka Jovic, selon un agent en vue en Belgique, doivent faire ce que leurs nouveaux collègues n’ont pas réussi jusqu’à présent : rester en forme, délivrer des assists et marquer. Les ailiers et/ou attaquants Jérémy Doku (771 minutes de jeu), Kemar Roofe (630 minutes de jeu), Alexis Saelemaekers (599 minutes de jeu), Nacer Chadli (435 minutes de jeu), Francis Amuzu (339 minutes de jeu), Antoine Colassin (270 minutes de jeu) et Yari Verschaeren (134 minutes de jeu) ont inscrit, ensemble… huit buts. Avec 28 goals en 24 matches, le Sporting est en bonne voie pour battre un record à la baisse. À ce train, il en sera à 35 buts à la fin du championnat régulier. C’est presque la moitié des 69 buts inscrits lors de la saison 2012-2013 et des 61 de l’exercice 2016-2017, celui du dernier titre. Même la saison passée, les Mauves ont atteint le nombre respectable de 49 buts.

Ce ne sont pourtant pas les exercices de tirs qui manquent à l’entraînement mais l’équipe de Vercauteren n’a pas une mentalité de killer. Elle a évité de justesse un huitième nul blanc contre le Royal Excel Mouscron.  » Nous aurions dû être plus efficaces « , a relevé Vercauteren après la victoire 1-0.  » C’est un fait : nous avons du mal à concrétiser nos occasions. Marquer n’est pas notre point fort. Colassin a le sens du but mais nous n’en avons pas beaucoup comme lui.  »

La recherche d’un attaquant capable de marquer plus de quinze buts, comme Lukasz Teodorczyk (22, saison 2016-2017), Aleksandar Mitrovic (20 en 2014-2015) ou Dieumerci Mbokani (19 en 2012-2013) est un travail de longue haleine. Roofe, annoncé comme un attaquant style Sergio Agüero, n’est pas un buteur, on ne sait pas quand Landry Dimata va effectuer son come-back et Joveljic, le nouveau, repartira cet été. Colassin, alors ?  » Je ne connais pas la hiérarchie en attaque « , spécifie l’avant de 18 ans.  » Ce n’est pas à moi d’en décider. Je verrai bien ce qui se passera. Je dois jouer en toute décontraction chaque fois que je reçois ma chance. Je n’ai pas été formé en attaque mais si on peut recycler des attaquants en défenseurs, on doit pouvoir changer des milieux en attaquants. Je commence à me sentir dans la peau d’un véritable numéro neuf mais je dois encore perfectionner mon jeu pour être un killer devant le but.  »

Contre Mouscron, Vercauteren a bien fait comprendre que nul ne devait s’attendre à des cadeaux. Pjaca a pu s’échauffer après la pause mais ensuite, on a attendu en vain que le quatrième arbitre lève le panneau marqué du numéro vingt. Pour Vercauteren, le contexte ne se prêtait pas à la présentation du Croate.  » Ce n’est pas parce que Pjaca est nouveau qu’il doit jouer. Un entraîneur doit prendre des décisions et j’ai estimé qu’il fallait le ménager.  »

Dejan Joveljic
Dejan Joveljic© BELGAIMAGE

Qui sont les trois transferts d’Anderlecht ?

Dejan Joveljic

À 17 ans, une mononucléose a gâché la saison de Joveljic à l’Étoile Rouge de Belgrade mais l’avant était déjà considéré comme un grand talent en devenir. En 2016, le Guardian l’a repris dans sa liste des 60 meilleurs jeunes footballeurs d’Europe et il a été nominé pour le Golden Boy award 2017, qui est finalement revenu à l’inévitable Kylian Mbappé.

Les partisans de Joveljic comparent son style de jeu à celui de Mauro Icardi et de Luka Jovic, qui est également originaire de la petite ville de Bijeljina, dans la partie serbe de la Bosnie. Après Dalibor Veselinovic, Milan Jovanovic et Aleksandar Mitrovic, Joveljic est le quatrième Serbe du siècle appelé à diriger la ligne d’attaque des Mauves.

Le jugement de Verschueren :  » Nous cherchions un joueur susceptible de créer le danger dans le rectangle. Je pense que nos supporters l’apprécieront.  »

Marko Pjaca
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Marko Pjaca

Les supporters du Dinamo Zagreb ne sont pas près d’oublier les matches du tour préliminaire de Ligue des Champions contre les Macédoniens de Vardar Skopje : le 20 juillet 2016, Pjaca a qualifié son équipe pour le tour suivant en marquant deux buts sur penalty et en délivrant un assist. Le lendemain, on annonçait son transfert pour la Juventus pour 23 millions. L’ailier est ainsi devenu le transfert sortant le plus cher de l’histoire du football croate. Depuis son spectaculaire transfert chez la Vieille Dame, il y a trois ans et demi, plusieurs blessures aux genoux l’ont confiné à l’infirmerie plus de 500 jours. Il n’a disputé que 2.000 minutes environ au plus haut niveau. Il a joué 80 minutes au Mondial russe, dont une entrée au jeu de neuf minutes en finale contre la France, mais sa carrière est manifestement tombée dans une spirale négative.

Le jugement de Verschueren :  » Grâce à nos bons rapports avec la Juventus et au fait qu’il n’a pas beaucoup joué depuis deux ans, nous avons eu l’opportunité de le louer pour six mois et, je l’espère, pour la saison suivante.  »

Kemar Lawrence

Durant l’hiver 2018, son transfert pour un club français non-cité a capoté en dernière minute mais depuis la semaine passée, Lawrence tient enfin son transfert en Europe. Après quelque 150 matches sous le maillot des New York Red Bulls, le sprinteur jamaïcain, qui était encore footballeur amateur dans son pays à 22 ans, avait envie d’aller voir ailleurs. En MLS, l’arrière gauche terrorisait les attaquants adverses. Ce n’est pas un hasard si, en 2018, il a été repris dans l’équipe MLS de la saison, de même que Carlos Vela, Zlatan Ibrahimovic et Wayne Rooney.

Kemar Lawrence
Kemar Lawrence© BELGAIMAGE

Lawrence est considéré comme un dieu en Jamaïque. En 2014, lors d’un match amical contre la Suisse, il a neutralisé Xherdan Shaqiri et deux ans plus tard, il a posé des problèmes à Lionel Messi en Copa América. Le 23 juillet 2017, il est carrément devenu le héros de toute la nation en inscrivant le but de la victoire, sur coup franc, à la 88e, contre le Mexique, le favori de la Gold Cup, qu’il a ainsi éliminé en demi-finales.

Le jugement de Verschueren :  » Il joue avec force et efficacité. Il va certainement apporter sa puissance, sa détermination et son expérience à l’équipe. « 

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