© BELGAIMAGE

Les coulisses du retour de Benavente à Charleroi

Deux ans après l’avoir quitté, Cristian Benavente est de retour dans le Pays Noir. Comme une évidence pour un retour attendu depuis de longs mois, seulement freiné par des histoires de gros sous.

Première boueuse, première heureuse. Il faut le dire vite. Et oublier de suite le spectacle odieux offert par les 22 protagonistes de l’acte 1 du retour de Cristian Benavente dans son Pays Noir. C’était mercredi dernier en Coupe de Belgique contre Westerlo (1-0), sur un terrain rendu impraticable par la pluie abondamment tombée dans la journée. De ce navet de rentrée et de la prestation forcément insipide du nouveau numéro 19 carolo, le Sporting zébré n’allait rien retenir d’autre que l’apothéose finale. En se forçant de fermer les yeux sur le scénario. Un peu comme il faudrait le faire avec le retour de Cristian Benavente à Charleroi si on croit encore à la pureté des histoires d’amour.

Malgré le fait que Lucien ne m’aime pas, il n’a pas joué cette carte-là pour freiner ce qui était avant tout le choix de Cristian. » Mehdi Bayat

Parce que l’issue finalement trouvée dans les dernières heures du mercato au dossier du Péruvien n’a pas grand-chose d’un conte de fée. Mais raconte plutôt fidèlement l’histoire d’un joueur sur une voie de garage en Égypte, mal aimé à Nantes et placardisé par Franky Vercauteren à l’Antwerp, qui aura finalement accepté de rebondir dans le club qui l’avait révélé deux ans plus tôt. Presque faute de mieux.

Une histoire d’argent

« C’est vrai que le départ d’ Ivan Leko a été déterminant pour moi », rejouait Benavente après avoir disputé ses 59 premières minutes en Zèbre en Coupe de Belgique. « En tout cas, à partir du moment où, et alors qu’il n’était là que depuis dix jours, Franky Vercauteren est venu me voir pour me dire qu’il n’avait pas un bon feeling avec moi, la situation était beaucoup plus claire. »

Alors, Cristian Benavente a fait ce que n’importe quel joueur en panne d’idée ferait à se place. Il s’est posé, a réfléchi deux minutes, et a composé le numéro de téléphone de son ancien mentor. « Fin janvier, il m’a appelé en me disant qu’il voulait revenir à la maison », raconte donc, avec forcément un peu plus d’emphase, Mehdi Bayat. « C’est donc une histoire qui se termine bien, vu que cet été déjà – comme il ne jouait pas à Nantes et qu’il avait eu pas mal de problèmes en Égypte – je m’étais dit que ça pouvait être une solution. »

Ce que Mehdi Bayat ne dit pas, c’est qu’en janvier 2020 aussi, un an seulement après le départ de Benavente, un premier contact avait eu lieu entre les deux parties, alors que le joueur jouait déjà les utilités dans le FC Nantes de Christian Gourcuff. Problème à l’époque, le Péruvien n’est pas prêt à abandonner son fastueux contrat égyptien négocié douze mois plus tôt pour revenir, forcément un peu la queue entre les jambes, sur les terres de ses exploits passés.

Une histoire d’argent déjà. Les mêmes qui pollueront les négociations à rallonge de l’été passé entre le Pyramids FC, toujours propriétaire du joueur, le Sporting de Charleroi et l’Antwerp, entré dans la danse sur le fil par l’entremise de Lucien D’Onofrio. « À partir du moment où Anvers est arrivé, c’est devenu une histoire financière », regrette Mehdi Bayat, avec le chouia d’amertume de circonstance. « Ce n’était pas un problème de sous avec Cristian, qui avait d’ailleurs dit clairement à Anvers que son premier choix était de venir à Charleroi, mais avec Anvers, qui allait réussir à se mettre d’accord avec le club égyptien sans que Cristian n’ait réellement le choix. Sur ce coup-là, oui, on a été déçu. »

Jamais deux sans trois

Fâché de ne pas pouvoir rivaliser financièrement avec son meilleur ennemi anversois, mais rompu aux facéties du mercato, Mehdi Bayat et le Sporting de Charleroi activeront rapidement un plan B qui les mènera du côté de Waregem et Saido Berahino. L’ennui, c’est que quatre mois après son arrivée, le Burundais n’a pas encore trouvé sa place dans le onze de Karim Belhocine. Délicat pour le coach carolo, mais presqu’une aubaine pour Mehdi Bayat, qui verra dans les soucis offensifs récents une opportunité d’encore retenter de ramener Cristian Benavente à Charleroi, pour la troisième fois en douze mois. « Et cette fois-ci, les choses ont été vite. Il n’y a pas eu de tension. Malgré le fait que Lucien ne m’aime pas, il n’a pas joué cette carte-là pour freiner ce qui était avant tout le choix de Cristian. »

Pas pour autant celui d’un coeur qui depuis deux ans le guidait plus volontiers vers les trésoreries les plus confortables. Peu importe pour Mehdi Bayat, qui n’avait plus dépensé autant d’énergie dans un dossier depuis longtemps pour un joueur à l’option d’achat qu’on dit pourtant impayable pour les finances carolos. C’est l’avantage des directeurs sportifs faisant fonction qui n’oublient pas les plus-values d’hier et qui s’attachent aux souvenirs. « À la fin, ce sont tous mes transferts, mais c’est vrai que dans le cas de Cristian, c’est encore un peu plus vrai. Sans doute parce que je me suis attaché à son histoire. Vous savez, j’avais voulu le prendre une première fois avant qu’il ne signe en Angleterre, six mois avant qu’il n’arrive finalement chez nous en janvier 2016. Avant qu’il ne parte du Real, son dernier entraîneur en Espagne, c’était quand-même Zinédine Zidane. Cristian, il a un pedigree spécial. »

Une filiation avec un football technique et soyeux que le Péruvien avait fait découvrir à la Belgique, en transformant peu à peu lors de son premier passage carolo le système carré de Felice Mazzù en attraction épisodique de notre championnat. Dans le marasme du jeu offensif actuel des Zèbres, les souvenirs des percussions verticales du Péruvien se sont cruellement rappelés à la mémoire carolo le 27 décembre dernier quand, à peine entré au jeu, Cristian Benavente avait inversé le cours du dernier affrontement sportif entre l’Antwerp et Charleroi. On dit depuis que c’est en cet fin après-midi-là que Mehdi Bayat aurait trouvé les mots pour convaincre le joueur, mais aussi son staff, plus dubitatif cinq mois plus tôt, du bienfait de remettre le couvert dans une histoire d’amour chahutée. On dit que ce sont parfois les plus compliquées. Souvent les plus passionnées. Toujours les plus déchirantes. Surtout quand vient le temps de faire les comptes.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire