Marc Degryse

Les bonnes leçons du crash brugeois

Courtrai a joué à la Yves Vanderhaeghe pour battre le Club Bruges. Comme joueur, il mettait le pied. Comme entraîneur, il demande à ses gars de le faire. Michel Preud’homme a critiqué ce style après le match mais il a tort. S’il y a bien une équipe qui a l’art de mettre la pression par un jeu parfois viril et, éventuellement, un peu de théâtre dans ses matches à domicile, c’est son Club !

Courtrai l’a bien fait le week-end dernier, sans dépasser les limites. Preud’homme trouve que les joueurs du Kavé sont allés trop loin, moi pas. Ils ont simplement testé l’arbitre dès le début de la rencontre, histoire de voir jusqu’où il les laisserait aller. C’est de bonne guerre, c’est une des lois du foot. Et je suis étonné qu’une équipe comme Bruges n’ait pas été capable de gérer cette donnée.

Ivan Santini aurait dû recevoir une carte jaune après quelques secondes mais on ne peut pas dire que les Courtraisiens ont joué une heure et demie comme des bourrins ! Sur l’ensemble du match, ils ont fait moins de fautes que les Brugeois. Et Courtrai n’a encore eu que deux exclus cette saison, dont Maxime Chanot, contre le Club justement, qui avait pris sa deuxième jaune pour une simulation dans le rectangle adverse. Ce ne sont vraiment pas les chiffres d’une équipe qui exagère dans la brutalité. Simplement, Vanderhaeghe a su préparer ses hommes pour le défi physique de dimanche.

Courtrai n’est pas qu’une équipe de bourrins et Thomas Meunier a toujours la bonne analyse…

Les raisons de la défaite du Club sont ailleurs. Il y a d’abord toutes les occasions de but manquées, avec un Tom De Sutter et un José Izquierdo pas trop inspirés. Il y a aussi le terrain gras qui n’avantageait pas une équipe devant revenir au score. On a vu à quel point Victor Vazquez était mal à l’aise sur cette pelouse. Des Brugeois se sont plaints de l’arbitrage, Preud’homme a critiqué l’agressivité de l’adversaire, il n’y a finalement qu’un homme qui a eu l’analyse juste ! C’est Thomas Meunier. Quand il faut décortiquer un match de la bonne façon, avec les bons mots, de manière objective, il est souvent là. Il a signalé que son équipe n’avait pas eu la mentalité adéquate, que ça avait manqué de saine agressivité. Oui, c’est effectivement une explication principale de la défaite.

Pour Bruges, ce résultat ne remet rien en question. Pour Courtrai, il est hyper important. Cette équipe est encore sur le podium, c’est étonnant après neuf défaites. Mais surtout, elle a un calendrier extrêmement abordable jusqu’à la fin de la phase classique. Anderlecht est à son programme, mais pour le reste, c’est le planning idéal : Waasland Beveren, Westerlo, le Cercle et le Lierse. Donc, on peut déjà dire que Courtrai participera aux play-offs 1.

Si on tient compte du contexte ambiant là-bas, c’est une des plus grosses surprises de la saison. Ce club est à vendre depuis un an, Dirk Degraen continue à chercher un repreneur en donnant la priorité à un acheteur belge. C’est une constante dans le football, quand ça grenouille dans les bureaux, il y a presque toujours des conséquences négatives sur le terrain. A Courtrai, c’est tout l’inverse et on voit de semaine en semaine que le prix de la reprise grimpe, compte tenu du classement.

PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE DANVOYE

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