Jacques Sys

Les agents, une plaie

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Si leur influence a augmenté ces dernières années, certains d’entre eux sont devenus des experts en vente de vent.

Chaque été, les grands clubs s’échauffent en province. L’an dernier, on n’en a guère parlé parce que la Coupe du monde retenait l’attention, au grand regret des trésoriers des petits clubs qui basent une partie de leur budget sur ce genre de matches. Cette fois, on s’y intéresse davantage, surtout si un club accueille Gand. On constate qu’en Flandre orientale, surtout, le champion a pris du galon. Les Buffalos ont entamé leur conquête d’une province dont ils veulent plus que jamais être le porte-drapeau. Etrangement, on a déjà critiqué leur jeu. L’expérience nous a pourtant appris que ce genre de match ne pouvait en aucun cas servir de baromètre.

L’an dernier, à cette époque, on relevait encore peu d’activité sur le marché des transferts, où on enregistrait surtout des départs. Cette année, les clubs de D1 ont déjà acquis 104 nouveaux joueurs (chiffres arrêtés à lundi midi), sans compter ceux qui avaient été prêtés et sont de retour au bercail. La liste compte de nombreux inconnus dont il faudra voir s’ils peuvent apporter une plus-value à l’équipe. Waasland Beveren est, avec quinze arrivées, le champion actuel du mercato. Cela fait un bout de temps qu’au Freethiel, on repart chaque année de zéro. Par endroits, la quantité semble prendre le pas sur la qualité. En fin de saison dernière, Francky Dury avait dit qu’avec deux transferts bien ciblés, il parviendrait à hausser sensiblement le niveau de Zulte Waregem. Aujourd’hui, ce club a déjà acquis dix joueurs.

Pourtant, certains grands clubs cherchent encore à se renforcer. Peter Maes, le nouvel entraîneur de Genk, n’a pas réussi à convaincre Jelle Vossen de revenir. Le week-end dernier, il a répété que son équipe avait besoin de deux attaquants supplémentaires et de vitesse en pointe. A Anderlecht, chaque jour qui passe rend Besnik Hasi plus nerveux. Il lui faut un défenseur central et un attaquant car il va vraisemblablement perdre Aleksandar Mitrovic et Chancel Mbemba. Le fait qu’un club comme Anderlecht éprouve des difficultés à attirer de bons joueurs (étrangers) prouve que le marché belge est de moins en moins intéressant. Surtout pour les clubs qui ne disputent que l’Europa League.

Curieusement, le Club Bruges, premier club à avoir clôturé son mercato, a cherché du renfort au sein-même du pays. Cela lui permettra de travailler les automatismes et de chercher l’équilibre en cours de préparation. Idem pour Gand. Malgré les millions assurés par la Ligue des Champions, les Buffalos restent prudents et optent avant tout pour la continuité. C’est un gros avantage par rapport aux clubs qui attendent de nouvelles opportunités jusqu’au 31 août, compliquant ainsi la tâche de leur entraîneur. Sans parler du fait que dénicher l’oiseau rare revient pratiquement à chercher une aiguille dans une meule de foin.

Les clubs cherchent une aiguille dans une meule de foin

Cette période est surtout intéressante pour les agents, dont l’influence a fortement augmenté ces dernières années. Certains d’entre eux sont devenus des experts en vente de vent. Les clubs le savent et certains dirigeants parlent de véritable plaie mais ils ne vont pas plus loin et continuent à se sentir obligés de travailler avec eux car leur cellule de scouting n’est pas suffisamment performante ou parce qu’ils n’ont pour ainsi dire pas de département de ressources humaines. C’est ainsi qu’on en arrive à une situation où les agents décident de tout.

La concurrence entre agents est féroce. C’est à peine s’ils ne s’égorgent pas. Surtout lors des grosses transactions internationales, où ils sont toujours plusieurs autour de la table, afin de réclamer leur part du gâteau. Les agents montent aussi très facilement la tête des joueurs. Il suffit que l’un de ceux-ci se retrouve sur le banc pour qu’on lui fasse miroiter un départ, ce qui complique la tâche de l’entraîneur. Mais cela cadre avec un paysage footballistique où il n’y a plus de place pour l’amour du maillot et où les joueurs sont de plus en plus de passage. Lorsque les agents rachèteront des clubs -comme l’Israélien Pini Zahavi vient de le faire avec Mouscron-Péruwelz- l’araignée aura définitivement tissé sa toile.

Par Jacques Sys

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