Jacques Sys

Le vrai apport des coaches

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

« On a souvent tendance à surestimer l’impact réel des coaches. »

On a l’impression de vivre unremake de la saison passée. À l’époque, Bruges survolait la compétition régulière et aurait dû entamer les play-offs avec une avance XXL sur son dauphin d’alors, La Gantoise. Aujourd’hui, après 23 journées et la victoire brugeoise sur Genk le week-end dernier, le Racing, deuxième, est déjà relégué à douze points. Alors que le Club a quand même perdu quatre fois. Un signe de plus que ce championnat est rempli d’incertitudes.

Dans cette équipe, tout s’emboîte de mieux en mieux. Le pressing haut exercé par les Brugeois pendant une vingtaine de minutes contre les Limbourgeois était aussi impressionnant que beau à regarder. Tout comme la manière dont les champions en titre ont renversé à leur avantage un match dans lequel ils étaient menés. Le Club est redevenu une machine. Il y a beaucoup de changements de positions et un centre-avant, Bas Dost, qui ne se contente pas de marquer, mais sait aussi conserver le ballon et permettre à ses coéquipiers de bouger. Noa Lang, lui, amène sa plus-value grâce à sa vitesse, sa technique, sa mobilité et sa force de travail. Bruges a beau avoir un peu pataugé en début de championnat, tout ça, c’est de l’histoire ancienne.

Mbaye Leye ne se met pas en avant. Une preuve d’intelligence.

Les changements d’entraîneurs, déjà au nombre de onze, constituent le fil rouge de cette compétition. Mais l’effet positif finit souvent par s’estomper avec le temps. Suite à l’arrivée de John van den Brom, Genk a sorti quelques gros matches et passait pour un candidat au titre, mais cette équipe affiche aujourd’hui un triste bilan d’un point sur douze, même si elle a livré un bon match à Bruges. Hein Vanhaezebrouck est revenu à Gand dans un costume de super-héros, mais entre-temps, il n’est pas parvenu à remettre l’équipe sur les bons rails, et ce n’est pas la victoire du week-end dernier à Louvain qui nous fera changer d’avis. L’Antwerp de Franky Vercauteren a gagné deux matches avec la dose nécessaire de réussite, mais contre Ostende, on a découvert une équipe stérile, avec au bout du compte une défaite qui fait mal. À Saint-Trond, Peter Maes a vite redressé son équipe, mais la défaite à domicile contre Mouscron vient de la faire redescendre sur terre.

On a souvent tendance à surestimer l’impact réel des coaches. Ils restent dépendants du matériel humain dont ils disposent. Quand on les met à la tête d’une équipe qui se cherche, ils peuvent dans le meilleur des cas rendre de la confiance aux joueurs et imprimer leurs accents. Mais souvent, ce n’est que temporaire. Et ils finissent par dresser les mêmes constats que leurs prédécesseurs. Par exemple, après la victoire de Saint-Trond à Courtrai en milieu de semaine passée, Maes a signalé qu’il lui restait beaucoup de boulot. Son équipe venait de signer une jolie série de quinze points sur 18, mais il en fallait plus pour le rassurer. Une conclusion parfaitement réaliste.

Mbaye Leye
Mbaye Leye© belgaimage

Les coaches ne peuvent pas accomplir de miracles. Mbaye Leye le sait. Avec quatre victoires en autant de matches, il est occupé à déposer sa carte de visite au Standard. Grâce à un football offensif et un système reconnaissable. C’est à l’opposé des changements incessants de Philippe Montanier. Plusieurs joueurs ont retrouvé leur meilleur niveau, dont Selim Amallah, sans doute l’exemple le plus frappant. Le Standard rejoue au foot avec ses valeurs historiques: de l’engagement, de la passion.

Leye est un gars intelligent. Il a un sens poussé de l’analyse et avait déjà fait impression en tant qu’adjoint de Michel Preud’homme. Mais durant l’été 2020, la direction l’avait jugé trop inexpérimenté pour lui confier l’équipe. À nouveau, quand Montanier s’est fait virer, il n’était pas le premier choix. Les huiles du club auraient voulu Vercauteren. Leye est en train de mettre les choses au point. Il reste serein, malgré les résultats, et ne se met pas en avant. Ça aussi, c’est une preuve d’intelligence. Il sait que des périodes moins fastes suivront. Cette semaine, il en saura déjà plus sur le potentiel de son équipe. Car son Standard va enchaîner deux déplacements de feu, à Ostende puis à Bruges.

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