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Le temps de Mehdi

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

L’administrateur-délégué des Zèbres a déposé sa candidature au dernier moment pour devenir le nouveau président de l’Union belge.

La Flandre grince des dents. Candidat avancé par le football amateur du nord du pays, et soutenu par les sept voix dont cette confiance lui permettait de disposer, Gilbert Timmermans n’y croyait pourtant plus beaucoup, au moment de ce vote qui offrait un mandat de deux ans à la tête du football belge à celui qui en sortirait vainqueur.  » J’avais bien senti depuis plusieurs jours que quelque chose dans ce genre était en train de se préparer « , glissait d’ailleurs le candidat malheureux, déjà vaincu par Gérard Linard 24 mois plus tôt suite à un scénario similaire. Pas rancunier, néanmoins, puisque Timmermans a déjà annoncé qu’il quitterait son poste à la tête de l’aile flamande du football belge pour se consacrer pleinement à son nouveau mandat de vice-président fédéral, où il sera le plus proche collaborateur du nouveau patron du ballon rond national.

Malgré un accord conclu entre les deux ailes linguistiques du football amateur quelques mois plus tôt, qui devait emmener Timmermans à la présidence selon les échos du nord du pays, c’est donc Mehdi Bayat qui a débarqué en dernière minute pour tirer les marrons du feu. S’il n’a officialisé sa candidature que dans les derniers instants, l’administrateur-délégué du Sporting de Charleroi la préparait de longue date, encouragé dans la démarche par le président sortant avec qui il a travaillé main dans la main durant ces deux dernières années. Le candidat des amateurs francophones, Philippe Godin, a fait un pas de côté samedi matin, après une réunion francophone préalable au vote, permettant à Mehdi Bayat d’ajouter sept voix aux huit que lui garantissait déjà le soutien du football professionnel. Dans le secret de l’urne, personne n’a fait faux bond au Franco-Iranien, qui devient ainsi le premier président étranger à régner sur la Maison de Verre avec quinze voix en sa faveur sur les vingt-deux bulletins.

Entré à la Fédération par la petite porte, au département du règlement alors que les détails techniques du domaine lui étaient complètement étrangers, Mehdi Bayat avait rapidement séduit ses collaborateurs par son honnêteté vis-à-vis de ses connaissances limitées dans le secteur, mais également sa façon concrète de proposer des solutions suite à son expérience de dirigeant de club. Appelé à siéger au Conseil d’Administration de l’URBSFA, il s’est ensuite distingué en intégrant la Commission Technique en charge de l’équipe nationale, dans un triumvirat complété par Bart Verhaeghe et Chris Van Puyvelde. Homme fort des négociations pour la réduction des primes des Diables rouges lors du Mondial russe, il a marqué des points auprès des pontes de la Fédé en permettant aux comptes nationaux d’économiser un montant estimé légèrement au-delà des deux millions d’euros.

Sa fonction de dirigeant de club fait par contre douter certains cadres du football national. Un conflit d’intérêts en puissance que Mehdi Bayat, au discours aussi rôdé que celui d’un politicien, a immédiatement balayé, racontant qu’il avait déjà soutenu au CA des mesures qui allaient à l’encontre de l’intérêt de ses Zèbres. Une position d’équilibriste que les deux années à venir devront confirmer.

Guillaume Gautier

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