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« Le Standard n’a plus marqué de plein jeu depuis 7h36 »

Notre journaliste Guillaume Gautier répond à trois questions sur la treizième journée de championnat. Il évoque le coup de mou des Zèbres, la panne d’inspiration du Standard et les excuses de Kompany.

Le Standard est-il devenu inoffensif ?

Englué dans une rencontre piégeuse face à un Eupen ambitieux, réduit à dix après l’exclusion d’Eden Shamir peu avant le retour aux vestiaires, le Standard peut remercier les gardiens pour son point inespéré. Arnaud Bodart, évidemment, auteur d’un improbable but libérateur, mais aussi Ortwin De Wolf, dernier rempart des Pandas dont la relance bien trop hâtive au bout des arrêts de jeu offre une ultime munition à des Rouches bien inoffensifs jusque-là.

En ouvrant le score sur un coup franc de Collins Fai conclu par une reprise acrobatique de Merveille Bope Bokadi, le Standard semblait pourtant lancé. Les Liégeois ont même trouvé le chemin des filets à deux reprises dans le même match pour la première fois depuis le 4 octobre, date de leur succès à Charleroi. Il faut cependant souligner que dans les cinq matches suivant leur victoire en terres ennemies, les hommes de Philippe Montanier n’ont marqué que cinq fois, et systématiquement à la suite d’une phase arrêtée. Depuis le dernier but de plein jeu en championnat, inscrit au Mambourg par Nicolas Raskin, ils ont passé 7h36 sur les prés belges sans marquer le moindre but « en mouvement ».

Le chiffre inquiète d’autant plus que le mal semble profond. Les attaquants, à l’image d’un Obbi Oulare insipide face à Eupen, ne sont pas en confiance, et reçoivent trop peu de ballons exploitables pour multiplier les opportunités. Le travail des automatismes offensifs ne semble pas être la priorité de l’entraîneur français.

Vincent Kompany protège-t-il vraiment ses joueurs ?

Les propos ont de quoi surprendre. Dans les travées du Kiel, la défaite face aux hommes d’Hernán Losada pas encore digérée, Vincent Kompany prend la parole devant les micros : « J’ai été très dur avec mes joueurs après le match. Je leur ai dit mes vérités en face, sans les épargner. Je leur ai dit qu’en public, j’allais encore les soutenir. » Une déclaration qui devient nulle dès qu’elle sort de sa bouche. Car protège-t-on vraiment quelqu’un quand on dit publiquement qu’on le fait ? Ou est-ce avant tout son image que Vince The Prince travaille, quand il déclare qu’il a été très dur après ses joueurs au bout d’une rencontre où il pourrait aussi l’être avec lui-même ?

Anderlecht renvoie l’image d’une équipe qui subit souvent les évènements, même si le dénouement est parfois heureux.

Plus que l’envie, c’est le plan de jeu qui a semblé faire défaut aux Bruxellois sur la pelouse du Beerschot. Anderlecht a eu le ballon, dans son camp, parce que les Rats le lui laissaient, mais l’a presque toujours perdu au moment souhaité par les équipiers de Raphael Holzhauser. Depuis plusieurs semaines, Anderlecht donne l’impression d’avoir la possession quand l’adversaire choisit de lui abandonner, et de ne pas l’avoir quand l’équipe d’en face choisit de prendre le ballon pour attaquer. Et renvoie l’image d’une équipe qui subit souvent les évènements, même si le dénouement est parfois heureux. Par rapport aux premiers matches de l’ère Kompany, où les résultats ne suivaient pas malgré des idées dominantes, le contraste est saisissant.

Comment expliquer la baisse de régime de Charleroi ?

La désillusion européenne aurait-elle laissé plus de traces que prévu ? Avec le recul, la défaite face à Poznan prend des airs de tournant dans la saison zébrée. Enchaînant les victoires avant de se heurter à l’écueil polonais sur la route de l’Europa League, les hommes de Karim Belhocine n’ont gagné qu’une seule fois en cinq matches (face au Cercle). Comme si la réussite avait changé de camp, Charleroi a perdu contre Gand un match qu’il aurait probablement gagné quelques semaines plus tôt.

Dorian Dessoleil pas à la fête contre Gand.
Dorian Dessoleil pas à la fête contre Gand.© BELGA (VIRGINIE LEFOUR)

Face à des Zèbres qui tirent la langue, nombreux sont ceux qui tentent de poser un diagnostic. On évoque le manque de rotation de Karim Belhocine, la méforme de certains cadres (Marco Ilaimaharitra en tête) ou la sortie inappropriée de Guillaume Gillet du onze, alors que c’est avec l’ancien Mauve au milieu de terrain et Ryota Morioka en 10 que les Carolos ont empilé les victoires au bout de l’été.

La vérité, c’est peut-être surtout que le football serré des Hennuyers force presque chaque rencontre à se jouer à pile ou face. Et que quand l’adversaire referme les lignes de passes autour de Morioka pour l’empêcher de lancer la pièce en l’air, elle retombe souvent du mauvais côté.

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