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Le soulier d’or pour Hans Vanaken?

Le Soulier d’Or et puis? Hans Vanaken (26 ans) est à un tournant de sa carrière. Ses prochaines prestations en Ligue des Champions pourraient faire la différence car, en Belgique, il est le meilleur.

Difficile de trouver plus grosse divergence d’opinion. Jeudi matin, nous avons observé avec intérêt les notes de Hans Vanaken après son match contre l’Atlético Madrid. Le médian brugeois a bien entamé la partie mais il s’est ensuite éteint pour plusieurs raisons : la force de l’adversaire, le manque de soutien devant lui ( Schrijvers n’était pas dans le match, Wesley ne parvenait pas à conserver le ballon) ou de joueurs travaillant à ses côtés ( Danjuma devait venir de plus loin, Vormer est en moins bonne forme et en avait plein les pieds défensivement). On pensait donc que la note de Vanaken ne serait pas très élevée.

Mais ce ne fut pas tout à fait le cas. Le journal espagnol Marca lui attribuait une étoile, soit aussi bien que Schrijvers. AS, l’autre quotidien madrilène, lui donnait deux coeurs, un de plus que Schrijvers et Wesley. Sofascore, qui cote les joueurs sur base des touches de balles, des passes et des interventions dans les duels offensifs ou défensifs, lui attribuait une note de 6,1, la plus basse de tous les Brugeois. Pareil pour WhoScored, un autre site internet basé sur les statistiques et le rendement : 5,92. De tous les titulaires, seul Karlo Letica, qui avait encaissé trois buts, faisait moins bien.

En Belgique, les notes étaient tout à fait différentes. Deux journaux ( Het Laatste Nieuws et La Dernière Heure) lui attribuaient un 7 (la meilleure note de l’équipe avec celle de Danjuma). Dans Het Nieuwsblad, il obtenait un 6. Le jeudi, il faisait la une des journaux avec la main sur les yeux. Courageux mais pas récompensé, disait le titre..

Efficacité

D’où vient cette différence dans les cotations ? Les observateurs étrangers connaissent à peine la Jupiler Pro League et jugent sur un seul match. Les Belges tiennent compte du passé, connaissent mieux les joueurs et ont parfois de la sympathie pour eux. Lors de la rencontre face au Borussia Dortmund, un journaliste de L’Équipe était devant nous. Il avait trouvé Wesley nul, estimant qu’il ne jouait que sur son physique et était incapable de contrôler un ballon.

Contrairement à nous, il ne savait pas à quel point le Brésilien avait progressé au cours des deux dernières années. Cela influence la cotation. Les observateurs étrangers voient si un joueur brille à ce niveau ou pas. Nous attachons plus d’importance à l’évolution.

Hans Vanaken est un produit fini. Dimanche, à Liège, il a disputé son 200e match de Jupiler Pro League. Ses statistiques sont impressionnantes : au cours de ces 200 rencontres – 76 sous le maillot de Lokeren, 124 sous celui du Club, il a été impliqué dans 101 buts (39 avec Lokeren, 62 avec Bruges). Il a marqué 51 fois lui-même (31 fois à domicile, 20 fois en déplacement) et a délivré 50 assists (33 à domicile, 17 en déplacement si on compte le centre que Luyindama a propulsé dans ses propres filets comme un assist).

Il répond présent lors des grands matches puisqu’il a inscrit la plupart de ses buts (7) face à Anderlecht et au RC Genk. Des équipes comme Gand (5 buts, 2 assists), Ostende (5 buts, 6 assists) et Charleroi (4 buts, 6 assists) lui conviennent également très bien. Ce sont également ces clubs qu’il a affrontés le plus souvent, notamment en play-offs 1. Et c’est pour cela qu’il est reconnu par ses pairs qui, en mai, l’ont couronné Joueur Pro de l’Année.

Hans fait preuve de maturité, de consistance et de régularité, y compris en Ligue des Champions. C’est un leader » – Roberto Martinez

C’est tout cela que les journalistes belges ont pris en compte au moment de lui attribuer une note, mercredi. Car cette saison, Hans Vanaken est peut-être meilleur que jamais. Très régulier, il couvre énormément de terrain, marque et délivre des passes décisives. Au cours de ce championnat, il a déjà inscrit deux buts et délivré 6 (7 ? ) assists.

Plénitude

Peut-on dire que Vanaken a bien joué à Madrid ? Oui et non. Lorsque l’équipe contrôlait le match, avant le repos, il a étalé sa classe, servant les attaquants et cherchant l’homme libre. Ce fut moins le cas après la pause, quand le Club a perdu le contrôle et que l’espace entre les lignes s’est agrandi.

Et lorsque Ivan Leko a adapté sa tactique, faisant entrer Nakamba pour récupérer des ballons et avancer Vanaken d’un cran dans le dos de Wesley, il n’a pas réussi à garder le ballon pour éviter à son équipe d’être mise sous pression. Et c’est de là que vient la différence entre les notes.

Cela avait déjà été le cas face au Borussia Dortmund : il avait été bon avant la pause mais pas après. Cela ne s’était pas vu au résultat final (les Allemands s’étaient imposés 0-1 avec beaucoup de chance) mais à Bruges, ça n’avait échappé à personne. Fin novembre, à Dortmund, ce sera autre chose : devant son public, l’adversaire sera plus fort et la différence de niveau entre les deux équipes risque de se voir davantage au résultat final.

Pour l’entourage du joueur, il est logique que Vanaken soit plus fort que jamais. Il est dans la fleur de l’âge, dit son père, ex-joueur pro également. Il est mûr physiquement, a de l’expérience et est  » toujours en forme et donc toujours présent à l’entraînement « , ajoute prudemment Vital, pour ne pas provoquer les dieux.

En s’entraînant chaque jour et en n’ayant raté qu’un seul match de D1 pour blessure depuis 2013 (l’an dernier, contre Saint-Trond, il avait mal au dos. Les autres fois, c’est l’entraîneur qui l’avait laissé au repos), il a acquis une excellente base d’endurance. Il reste assez lent sur les premiers mètres (dimanche, au Standard, on l’a servi en profondeur à trois reprises et, à chaque fois, il a été pris de vitesse) mais il compense par son placement, sa vista et la rapidité de ses prises de décision.

Soulier d’Or ?

 » En principe, Hans est notre meilleur joueur « , dit-on à Bruges. Logiquement, le Soulier d’Or devrait lui revenir. Plus qu’à Ruud Vormer, moins régulier que l’an dernier, notamment en raison d’une gêne au niveau de l’aine qui l’empêche de courir mais également d’adresser des passes plus précises. Certains pensent que Vanaken peut encore progresser à Bruges s’il travaille son corps -comme Timmy Simons – mais d’autres pensent que ce n’est pas nécessaire. Les statistiques des duels démontrent qu’on ne déracine pas facilement un type de 1,94 m.

Une dynamo face à l'autre lors du clasico entre le Standard et le Club Bruges. C'est Razvan Marin qui aura le dernier mot.
Une dynamo face à l’autre lors du clasico entre le Standard et le Club Bruges. C’est Razvan Marin qui aura le dernier mot.© BELGAIMAGE

Par contre, pour tirer le meilleur de ses qualités – il marque, couvre du terrain, a de la présence, une bonne vista et deux bons pieds – Vanaken a besoin de bons joueurs autour de lui. Un pivot ainsi que des joueurs qui courent devant lui et sur les flancs. Dans le cas contraire, son rendement diminue. C’est d’ailleurs le cas pour de nombreux joueurs.

Cela s’est vu à Madrid lorsqu’il n’a pas pu combiner avec Wesley et surtout avec Schrijvers (capitaine des U21 la semaine prochaine en Suède), encore un peu tendre pour un adversaire potentiellement finaliste de la Ligue des Champions. Vormer devait surtout s’occuper de Saúl tandis que les ailiers, Danjuma et Vlietinck, devaient partir de plus loin.

Cela s’est également vu dimanche à Liège où Wesley fut meilleur mais où Dennis, qui remplaçait Schrijvers, se cachait tandis que les flancs devaient surtout défendre. Dans ces cas-là, même un Soulier d’Or potentiel éprouve des difficultés à faire tourner l’équipe, même si Leko lui demande de jouer plus bas pour échapper à Marin, comme ce fut le cas après la pause. On comprend donc que les statistiques de Vanaken sont meilleures à Bruges, lorsque l’équipe domine.

Progrès

Vendredi, Roberto Martínez a confirmé les progrès de Vanaken puisque, pour la deuxième fois consécutive, il l’a sélectionné pour deux matches amicaux : celui de vendredi face à la Suisse et celui de mardi prochain contre les Pays-Bas. Il jouera sans doute car, pour l’Espagnol, Vanaken est en train de franchir un palier.  » Hans fait preuve de maturité, de consistance et de régularité, y compris en Ligue des Champions. C’est un leader « , disait le sélectionneur fédéral vendredi dernier à Tubize.  »

Sa sélection du mois de septembre a-t-elle changé quelque chose ?  » Pas sur le plan humain « , dit son père, même si Hans s’est dit impressionné par le fait que les internationaux se montrent très naturels avec lui, n’hésitant pas à lui passer le ballon, à l’intégrer au groupe, etc.

À Bruges, par contre, on a l’impression que le joueur a changé, qu’il est devenu encore plus sûr de lui et du fait qu’il est un bon joueur. Y compris au plus haut niveau. Comme si toutes les pièces du puzzle s’imbriquaient…

Borussia Dortmund

L’été dernier, la famille Vanaken a appris que les prestations de Hans faisaient de l’effet à l’étranger. Lucien Favre, l’entraîneur du Borussia Dortmund, avait pris ses renseignements via ses connexions en Belgique.  » Le Borussia nous a demandé combien il coûtait « , dit Vincent Mannaert.

Mais il semble qu’au sein du club allemand, tout le monde n’était pas du même avis que l’entraîneur suisse et le transfert n’a donc pas eu lieu. Quelques semaines plus tard, le Club Bruges prolongeait le contrat du joueur jusqu’en 2023.

Vanaken peut-il franchir ce palier et passer à l’étape suivante, le top européen ? Que ce soit au sein du club, de sa famille ou du monde du football, la réponse est unanime : c’est oui, à certaines conditions. Il doit avant tout tomber dans un club où l’entraîneur croit en lui, en ses qualités. Et construise l’équipe autour de lui.

C’était ce que Favre voulait faire, c’est ce qu’ Ivan Leko fait et c’est ce que Peter Maes a fait lorsqu’il lui a donné sa chance en D1. Michel Preud’homme, qui l’a aidé à évoluer, le faisait aussi, même si la campagne européenne d’il y a deux ans ne fut pas une réussite pour le n° 20, notamment parce que, tactiquement, le groupe était moins stable que maintenant. Preud’homme changeait très souvent.

D’autres clubs étrangers ont suivi Vanaken au cours des derniers mois. Jeudi, un recruteur d’un autre club de Bundesliga disait :  » Hans est sur ma liste même s’il n’est pas mon joueur préféré à Bruges. Ses qualités : deux bons pieds, de la vista, de la taille, de l’abattage et un bon placement. Cela compense en grande partie son manque de vitesse au démarrage.  »

De plus, il fait jouer les autres. C’est un peu l’histoire de la poule et de l’oeuf. Si des ailiers comme Izquierdo, Limbombe et Danjuma ont éclaté ces dernières années, c’est avant tout grâce à leurs qualités mais aussi à celles du Limbourgeois. Les ailiers savent qu’ils peuvent démarrer et seront servis dans leur foulée. Après, c’est à eux de jouer.

Pour toutes ces raisons, le Club Bruges est heureux d’avoir pu conserver Vanaken. Il est toujours en forme, est content de son sort ( » Il se sent bien à Bruges « , dit son papa, Vital) et est ambitieux mais pas pressé. Si une chance se présente, il l’analysera sereinement et discutera avec l’entraîneur. Et s’il le faut, il restera.

Tant mieux pour le Club, qui a retrouvé sa place au sommet, a renforcé son noyau et a prouvé lors des deux derniers matches européens qu’il se rapprochait de ses adversaires. Il faut à présent confirmer tout cela lors des deux matches contre Monaco. Avec un excellent Vanaken.

Hans Vanaken harangue les supporters. Sans être capitaine, le médian fait partie de ceux qui ont pris du galon au Club.
Hans Vanaken harangue les supporters. Sans être capitaine, le médian fait partie de ceux qui ont pris du galon au Club.© BELGAIMAGE

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