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Le RWDM poursuit son retour fracassant vers les sommets

Douze mois après avoir remporté le titre en D3 Amateurs ACFF, le RWDM a fait coup double, en étant sacré un étage au-dessus. Les Molenbeekois évolueront donc la saison prochaine en D1 Amateurs, au sein d’une série composée d’anciens pensionnaires de l’ex-D2 et des meilleurs de l’ex-D3, tels que Dessel Sport, Heist, Knokke, Alost, Dender, Virton et l’on en passe.

Paradoxalement, le titre glané cette saison par les hommes de Drazen Brncic semble avoir été acquis sans qu’ils doivent réellement forcer leur talent et le bilan présenté vaut une grande dis’ : 25 matches, 22 victoires, 1 nul et 2 défaites. Tout est dit. Ou presque.

Le RWDM n’a jamais réellement eu de concurrent, si ce n’est le RFC Liège, mais qui pointe tout de même à distance plus que respectable. Pour Thierry Dailly, l’homme fort du club, ancien manager général, principal instigateur de la renaissance et désormais président, ce titre est avant tout celui de la rigueur, et pas du hasard.

Continuer à grandir

« Je crois que notre atout, cette année, ce fut avant tout d’être restés relativement discrets sur nos ambitions », explique-t-il. « La saison dernière, un cran plus bas, nous faisions figure d’épouvantail et avions dit clairement que nous devions être champions, ce qui ne nous avait pas rendu service. Cette fois, j’ai noyé le poisson en disant que nous viserions le Top 5 et voilà où nous en sommes.

Ce titre est un résultat exceptionnel, même si le noyau avait été confectionné pour en arriver là, mais il nous permet surtout de pouvoir poursuivre notre croissance et d’aller plus loin dans nos projets. J’ai repris la présidence du club depuis quelques mois mais, dans les faits, cela ne change pas grand-chose. Je vis à 100 à l’heure pour mon club et bosse plus de 14 heures par jour pour qu’il fonctionne bien. Heureusement, je peux m’appuyer sur des gens de confiance et de qualité pour m’épauler dans ma tâche. »

Thierry Dailly ne s’en cache pas : son club doit continuer de grandir. Cela passe par une professionnalisation en coulisses mais aussi sur le terrain, même s’il est déjà sur la bonne voie. « La prochaine étape de mon travail est de développer une structure commerciale. Le RWDM a sa place à Bruxelles et quand je vois l’engouement autour du club au fil des mois, je me dis que nous avons réussi à reprendre la place qui était la nôtre. Nous avons tourné cette saison avec une moyenne de 3.000 spectateurs par match mais j’ai constaté une petite baisse au cours des dernières semaines.

Il peut y avoir plusieurs explications : les conditions climatiques très difficiles cet hiver, le fait que nous n’ayons plus d’affiche au second tour, ou encore le fait que nous ayons gagné plusieurs matchs facilement, de quoi blaser peut-être certains fans. Je n’en sais rien mais cela ne m’inquiète pas outre-mesure. Il y a une ferveur exceptionnelle quand nous jouons à domicile et j’espère qu’elle sera plus forte encore la saison prochaine. »

Une ambiance de feu dans les tribunes

Vincent Vandiepenbeeck opine du bonnet. Cette ambiance électrique que les fans du RWDM savent provoquer est unique, dopant à la fois la performance des Molenbeekois tout en paralysant l’adversaire.

Une scène du dernier match à domicile contre Waremme : Vincent Vandiepenbeek vient d'ouvrir le score d'un coup de tête magistral et place le RWDM sur une voie royale.
Une scène du dernier match à domicile contre Waremme : Vincent Vandiepenbeek vient d’ouvrir le score d’un coup de tête magistral et place le RWDM sur une voie royale.© BELGAIMAGE

« Nos supporters sont des fanatiques. Pour un joueur, c’est exceptionnel de pouvoir jouer dans une telle atmosphère. Le public a joué un rôle bien plus fort encore que ce que l’on appelle généralement le douzième homme. On a un truc en plus que tous les autres, même s’il faut reconnaître que Liège a aussi un public fervent… mais pas comme le nôtre.

Je pense, honnêtement, que nous serons à notre place un étage plus haut et j’ai hâte d’y être même si je veux d’abord pleinement savourer ce titre et puis avoir un peu de vacances en famille. Ensuite, il sera temps de repartir pour un tour et de tenter de faire aussi bien. Je crois que nous essayerons d’aller au bout, comme on vient de le faire. Jamais deux sans trois ? »

Anthony Bova est arrivé à Molenbeek cette saison en provenance de Rebecq, où il avait affolé les compteurs. Et le Parisien de naissance n’a pas mis longtemps à s’acclimater : « Dans ma carrière, j’ai eu l’occasion de jouer dans des stades bien remplis », explique-t-il. « Lors de ma première apparition en Ligue 1 française, j’étais monté un quart d’heure au jeu pour Brest sur le terrain de Saint-Etienne, l’une des meilleures ambiances de France !

Voilà maintenant plusieurs années que je suis en Belgique, et en terme de feu dans les tribunes, je peux vous assurer que les fans du RWDM sont au top. Même Mouscron en D1 n’a pas un public pareil. Ça nous a sans aucun doute boostés et, en tant que footballeur, c’est un plaisir de se produire devant des fans pareils. »

Une majorité de Bruxellois sur le terrain

L’un des artisans importants de cette deuxième montée consécutive est Drazen Brncic. L’ancien joueur de Charleroi et de l’AC Milan entre autres, âgé de 46 ans et reconverti dans le coaching depuis quelques années, a tout de suite compris dans quelle direction son président souhaitait aller. Dans ces conditions, dire que les résultats sont à la hauteur des espérances est un euphémisme.

« Entre nous, ça a collé dès le premier jour », relate Thierry Dailly. « Drazen est un travailleur qui ne laisse rien au hasard, et qui met énormément de rigueur dans son effectif. C’est un mec droit et correct, et j’aime ça. Il a carte blanche concernant son équipe et ses choix. Je n’interviens jamais dans la moindre décision et je pense que ça lui plaît. En fin de saison dernière, nous avions cerné les deux ou trois points faibles de l’équipe et avions transféré en conséquence.

C’est surtout défensivement que le bât blessait. Aujourd’hui, nous avons la meilleure défense, la meilleure attaque, le meilleur gardien et le meilleur buteur de la série. De plus, nous avons recruté des joueurs bruxellois, dont une majorité avait déjà joué au stade Machtens par le passé. C’était important pour nous, pour nos fans, pour nos jeunes aussi. Avec plus de 650 enfants affiliés chez nous, nous avons un réservoir magnifique qui nous servira, je l’espère, dans les années à venir. »

Vincent Vandiepenbeeck, l’expérimenté défenseur central molenbeekois, en a également plein la bouche quand il parle de son coach : « C’est quelqu’un de très exigeant, qui me casse un peu les pieds – dans le bon sens du terme -, tout au long de la saison parce qu’il est toujours à l’affût du moindre détail. Mais je sais qu’au bout, il n’y a que la victoire qui compte. Je l’avais déjà connu à l’Union Saint-Gilloise et j’avais beaucoup apprécié notre collaboration. Quand il dit quelque chose, il sait de quoi il parle et il est crédible. Dès cet instant-là, on peut le suivre les yeux fermés. C’est vrai que nous avons pu compter sur un groupe de qualité mais sans lui, je ne suis pas certain que nous aurions été champions ? »

Le top 5 comme ambition

Thierry Dailly sait que quelques clubs lui font les yeux doux mais il a confiance : « Drazen Brncic entraînera un jour au plus haut niveau, cela ne fait aucun doute. C’est un grand professionnel et pour un club comme le RWDM, c’est une chance de pouvoir travailler avec lui. Je crois qu’il a conscience que son travail ici n’est pas fini et qu’il restera encore un peu avec nous. D’autant que nous n’irons pas en D1 Amateurs pour faire de la figuration… »

Thierry Dailly, l'homme derrière la renaissance du RWDM.
Thierry Dailly, l’homme derrière la renaissance du RWDM.© BELGAIMAGE

Un nouveau titre en vue ? La question fait sourire le président, qui tempère les ardeurs : « Non, mais nous viserons le top 5… » Une nouvelle fois, Thierry Dailly noie le poisson. Mais son ambition débordante le forcera inévitablement à présenter un effectif de haut vol dans quelques mois :

« La quasi-totalité du groupe restera au club. J’avais fait signer à presque tous les joueurs un contrat de deux ans afin d’assurer une certaine continuité. Je rediscuterai avec certains cadres parce que nous allons évoluer un cran plus haut mais pour le reste, il ne faut pas s’attendre à une révolution de palais. L’une des différences primordiales, c’est qu’en D1 Amateurs, il faut au minimum sept joueurs sous contrat. Nous avons introduit le dossier de licence et sommes maintenant dans l’attente mais là encore, je suis confiant. »

Un des joueurs marquants aura été Vincent Vandiepenbeeck, dont la saison a été coupée en deux en raison d’une lourde blessure qui a nécessité une intervention chirurgicale peu courante. Mais le défenseur est revenu au meilleur moment.

« En septembre, j’ai été victime d’un arrachement du ménisque et il a fallu le refixer, ce qui explique que j’ai été bloqué sur la touche pendant plusieurs mois pour finalement revenir en février. Aujourd’hui, même si je suis l’un des plus vieux du groupe, je me sens très bien. Il y a vraiment une ambiance assez incroyable dans cet effectif et c’est aussi l’une des clés de notre réussite. Beaucoup de joueurs se connaissaient, étaient amis en plus d’avoir été équipiers, et ça compte quand le ballon a moins bien roulé pour nous. »

Un Machtens à peaufiner

Indépendamment des considérations sportives, Thierry Dailly devra s’attaquer aussi au dossier concernant le stade Machtens. De fait, depuis le dépôt de bilan du White Star, le RWDM jouit de l’occupation totale et exclusive du stade, ce qui lui permet notamment de pouvoir utiliser deux tribunes mais surtout d’avoir des bureaux, des business seats, … Mais tout n’est pas impeccable pour autant.

« Je réalise actuellement un audit parce qu’au niveau de la Tribune L’Ecluse, il y a des travaux de sécurité à réaliser et parce que je veux vraiment que nos supporters puissent être accueillis dans les meilleures conditions possibles. En fonction du rapport que j’obtiendrai, je verrai avec les autorités communales ce qu’il y a lieu de faire. »

En attendant, le « Temple » comme les fans du RWDM surnomment le stade Machtens, va retrouver une place centrale sur la carte du football belge. Et quelque chose nous dit que le club n’a pas fini de surprendre : « Je planche déjà sur 2019-2020, au cas où nous serions en D1B. Je ne laisse rien au hasard », conclut Dailly.

« Viva Bova, patatten met saucissen »

Comme tous les joueurs précieux, Anthony Bova a droit à une chanson de circonstance.
Comme tous les joueurs précieux, Anthony Bova a droit à une chanson de circonstance.© BELGAIMAGE

Anthony Bova se souvient de cette rencontre où il quitta la pelouse à cinq minutes du terme sous les acclamations du public local, qui entonnèrent alors ce célèbre refrain du folklore bruxellois. Le Français haussa les mains pour applaudir ses fans mais ne comprit pas tout de suite que l’hymne avait été « détourné » à son honneur.

Le « Viva Boma » était devenu « Viva Bova ». Il en sourit encore : « C’est la beauté du foot », dit-il. « Je suis très heureux et très fier que les supporters du RWDM se soient identifiés à moi. Cela me touche beaucoup. J’ai grandi à Paris et le ballon rond m’a permis de faire énormément de voyages et de déposer mes valises un peu partout. Ici, à Bruxelles, je me sens comme un poisson dans l’eau. »

Avec 15 buts à son actif alors qu’il ne joue pas réellement attaquant, le droitier a joué un rôle prépondérant dans la réussite offensive de son équipe et même s’il ne le dit qu’à demi-mots, il entend bien poursuivre sur sa lancée dans quelques mois : « J’ai quelques copains qui jouent déjà en D1 Amateurs et qui me disent qu’avec notre noyau, nous jouerons encore les premiers rôles. C’est évidemment ce que j’espère et j’y crois, mais je ne veux pas non plus que nos futurs adversaires nous prennent pour des prétentieux. Mais c’est clair, de l’ambition, nous en aurons à revendre. »

A Bruxelles, un prétentieux, on appelle ça un « dikkenek », Anthony. Comme le film du même nom…

Vandiepenbeeck a fait le tour de Bruxelles

Geoffrey Cabeke, Anthony Sadin (gardien) et Vincent Vandiepenbeeck sur la pelouse du stade Machtens.
Geoffrey Cabeke, Anthony Sadin (gardien) et Vincent Vandiepenbeeck sur la pelouse du stade Machtens.© BELGAIMAGE

A 33 ans, Vincent Vandiepenbeeck est un « echte Brusseleir », un « ket ». Il doit d’ailleurs être l’un des rares, pour ne pas dire le seul, à avoir porté les maillots de tous les clubs emblématiques de la capitale, sans exception.

« Même Anderlecht », dit-il. « C’était chez les jeunes, après la faillite du RWDM, mais je n’y suis resté qu’une saison. Ici, c’est chez moi. J’ai joué au FC Brussels ensuite, qui m’a permis de débuter en D1 quand j’avais 17 ans. J’ai connu des années magnifiques, notamment l’ascension du White Star Woluwe sous Felice Mazzù, je me suis éclaté aussi à l’Union mais le RWDM, c’est autre chose. C’est comme une madeleine de Proust. Quand on y goûte… Pouvoir finir ma carrière là où elle a débuté, dans un club ambitieux en plus, je trouve que c’est un privilège. »

PAR DAVID DUPONT – PHOTOS BELGAIMAGE

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