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Le RWDM en route vers un retour historique en D1A

Dans la capitale bruxelloise, cette année, les regards sont principalement tournés vers l’Union Saint-Gilloise et Anderlecht, deux équipes qui trustent les premières places de la D1A. Dans l’ombre de ces deux clubs bruxellois, se trouve le RWD Molenbeek, actuellement deuxième dans l’antichambre de la première division. Après un début de saison en demi-teinte, les Molenbeekois ont relevé la tête et peuvent accéder, eux aussi, au premier échelon national. Récit d’une saison mouvementée.

Si le RWDM est désormais en si bonne posture, ils le doivent avant tout à un homme, sans qui rien n’était possible : Thierry Dailly. Il y a seulement sept ans, leur président actuel, était à l’origine de la renaissance des quatre lettres chères au coeur de nombreux supporters. « Au début, on m’a traité de fou. Il y en avait tellement qui ont essayé de relancer le RWDM sans que ça ne fonctionne. Moi j’avais les ingrédients et l’ADN pour que ça marche. » dit-il. Avec Thierry Dailly comme président, ils sont passés de la D3 Amateur (cinquième division) à la D1B (deuxième division) en cinq ans de 2015 à 2020. Le RWDM est maintenant en passe de jouer les barrages pour accéder à la D1A en fin d’année.

Pour mener son projet à bien, le président du club s’est entouré des bonnes personnes. « J’ai voulu installer une base solide avec des personnes qui connaissaient le monde du football. On a avancé ensemble en travaillant de manière acharnée. « . Avant leur première saison en D1B l’année passée, Julien Gorius est arrivé en tant que nouveau directeur sportif du club. L’objectif était de se professionnaliser un peu plus malgré leur faible pouvoir financier par rapport aux autres équipes de ce championnat. Ils ont construit une ossature solide sur laquelle ils se sont basés et ils ont réussi à se maintenir.

Pour leur deuxième saison en D1B, les Molenbeekois ne faisaient pas partie des favoris de la compétition bien qu’ils aient montré de belles choses sous la houlette de leur coach Vincent Euvrard arrivé en cours d’année. Grâce au travail des dirigeants, ils avaient l’espoir de faire mieux que l’année d’avant. Leur saison n’a pourtant pas très bien commencé. Après neuf matchs, les résultats obtenus n’étaient pas satisfaisants. Le RWDM était sixième à sept points du deuxième du championnat qui peut accéder aux barrages pour monter en D1A. Ils étaient plus proche du premier descendant que de la place de barragiste. Des mauvais résultats qui n’étaient pas représentatifs du jeu proposé selon Julien Gorius, le directeur sportif du club. « On a eu un début de saison difficile. Je trouve qu’on a pris peu de points par rapport au contenu de nos rencontres. C’était important de garder du calme et de continuer à travailler de la même manière. » dit-il. Plusieurs réglages ont été faits par la suite pour que la situation s’améliore.

Le déclic face à Lommel

Du côté de la direction, ils étaient conscients des forces de leur effectif. « Le début de saison m’a donné, malgré tout, des motifs d’espoir. Je sentais que cette équipe en avait encore sous la semelle. » dit Julien Gorius. Mais il ne pensait pas pour autant que son équipe allait jouer le haut du classement dès sa deuxième année en D1B. « De là à dire qu’on allait être dans le top 2 c’était inimaginable. »

C’est lors d’un déplacement à Lommel qu’un changement de dynamique s’est fait ressentir. Les Molenbeekois, menés à deux reprises, sont revenus par deux fois grâce à leur buteur du soir, William Togui, qui leur a permis de continuer à y croire dans ce match. Leur fidèle défenseur, Gilles Ruyssen a ensuite porté le coup de grâce d’une victoire 2-3 qui servira de match de référence. Pour Stefaan Plas, supporter du groupe BxlBoys85, le déclic à eu lieu à ce moment-là. « A partir de la victoire face à Lommel, on pouvait commencer à regarder plus haut et affirmer nos ambitions. » dit-il.

De là à dire qu’on allait être dans le top 2 c’était inimaginable.

La semaine suivante, le RWDM s’est retrouvé pris au piège à domicile. Alors qu’ils menaient 2-0, ils se sont fait rattraper à 2-3 à domicile. Tout aurait pu s’écrouler. Mais l’ailier gauche, Lenny Nangis alla chercher le nul face au Lierse Kempenzonen d’une inspiration magnifique en tirant en dehors du rectangle. Avec ce but splendide, le RWDM a montré que ce qu’il s’était passé une semaine plus tôt n’était pas dû au hasard. Le groupe était décidément prêt à se battre pour obtenir des résultats semaines après semaines. « La confiance s’est installée à ce moment-là. Quand tu rentres dans une série plus positive, les joueurs sont plus en confiance et font des choses qu’ils n’oseraient pas faire dans d’autres situations. » dit Julien Gorius.

Après ces trois points obtenus dans le Limbourg, le RWDM n’a plus perdu jusqu’au 25 janvier 2022. Ils ont enchaînés 8 match consécutifs (5 victoires et 3 nuls) sans perdre, ce qui leur a permis de passer de la septième à la troisième place. Leur régularité dans cette compétition de huit équipes a montré qu’ils faisaient partie des meilleures équipes de ce championnat. « Dans cette division-là, quand tu sais enchaîner plusieurs matchs sans défaites, directement tu gagnes des places au classement. » dit Julien Gorius.

Expérience, ancien de la maison, Igor De Camargo est revenu au RWDM cet hiver après la reprise du club par John Textor. Et Molenbeek a retrouvé des ambitions.
Expérience, ancien de la maison, Igor De Camargo est revenu au RWDM cet hiver après la reprise du club par John Textor. Et Molenbeek a retrouvé des ambitions.© belga

Faible en attaque mais fort en défense

Au cours de cette série de huit victoires sans défaite, l’attaquant Kévin Nzuzi Mata s’est montré efficace avec quatre buts et une passe décisive mais il n’est pas devenu le goléador attendu. Alors que les équipes du top ont toutes un buteur qui se détache, le RWDM n’en a pas. Leur meilleur buteur, Kévin Nzuzi, n’est que dixième au classement des buteurs avec six buts, loin derrière Daniel Maderner de Waasland-Beveren et ses onze buts. « Si on avait pu avoir un buteur prolifique comme Mikautadze à Seraing l’année dernière, on serait dans une meilleure posture » dit Julien Gorius. Le manque de réalisme et les absences dans le secteur offensif n’ont pas non plus aidé selon lui mais cela ne leur a pas empêché de marquer des buts. « Même sans un buteur à plus de 10 buts, on a beaucoup de diversités pour marquer des buts sur phases arrêtées, en transition ou sur attaque placée ». Sur phases arrêtées, ils ont notamment pu compter sur leur capitaine Nicolas Rommens, auteur de huit passes décisives cette saison et leader de ce classement en D1B. Mais si on fait le compte, les Molenbeekois ne sont que la quatrième meilleure attaque à égalité avec le Lierse Kempenzonen avec 34 buts. Un bilan chiffré insatisfaisant mais leurs forces se trouvent ailleurs.

Dans cette division-là, quand tu sais enchaîner plusieurs matchs sans défaites, directement tu gagnes des places au classement.

L’atout du RWDM de Vincent Euvrard est la défense. Avec seulement 27 buts encaissés, ils ont la deuxième meilleure défense du championnat derrière le premier au classement, Westerlo, qui n’en a pris que 23. S’ils prennent si peu de but, c’est en partie grâce à leur gardien Théo Defourny. Le portier Molenbeekois a gardé ses cages inviolées à 10 reprises cette saison, le meilleur total de D1B. Sur les sept derniers matchs, il ne s’est retourné qu’une seule fois. « Notre défense va de mieux en mieux et on a un super gardien qui prend des points chaque semaine » ajoute Stefaan.

Le stade de la Butte est redevenu imprenable

Fidèles à leur équipe depuis la résurrection du club en 2015, les supporters du RWDM sont un atout pour encourager les joueurs pendant le match. Ils se réunissent en nombre chaque week-end pour remplir les tribunes du stade de la Butte mais, malgré leur soutien, les résultats ne suivaient pas. « Les supporters comme les joueurs ne comprenaient pas pourquoi les résultats n’étaient pas bon à domicile » dit Stefaan.

Bien que le RWDM ait eu du mal à obtenir des résultats positifs à domicile en début de saison, la donne a changé par la suite. Leur stade est redevenu une forteresse. Poussés par leurs supporters envers lesquels ils sont bien souvent reconnaissants après les matchs, les joueurs ont réussi à inverser la tendance. Sur les cinq derniers matchs à domicile, ils en ont gagné quatre. Et cela est toujours synonyme de communion avec le public après le match.

Un nouvel investisseur arrivé en cours de saison

Au cours de la saison, l’actualité du club n’a pas été marquée que par des évènements sportifs. Le 12 janvier 2022, l’homme d’affaire américain John Textor a officiellement racheté la majorité des parts du RWDM pour devenir l’actionnaire principal. Le président actuel, Thierry Dailly a tout de même gardé son poste de président et est devenu co-actionnaire du club.

« Les supporters comme les joueurs ne comprenaient pas pourquoi les résultats n’étaient pas bon à domicile »

Bien qu’un nouvel investisseur soit arrivé en cours de saison, le RWDM est déjà bien placé au classement à ce moment-là. Lenny Nangis, attaquant du club déclarait dans l’émission Eleven Insiders : « Avant que l’investisseur se présente à nous, on était déjà bien embarqué. Je pense que ce sera simplement du bonus si on monte. » L’arrivée du nouvel investisseur aura quand même permis d’assainir les finances du club et, de facto, rassurer les dirigeants. Si, par la suite, le mercato hivernal était agité du côté de Molenbeek, c’est aussi parce qu’on savait que les nouvelles arrivées de joueurs ne risquaient plus de mettre les comptes du club dans le rouge, grâce à l’appui financier de John Textor.

L'ancien gardien de Tubize Theo Defourny n'est pas étranger à la solidité de l'arrière-garde des Coalisés.
L’ancien gardien de Tubize Theo Defourny n’est pas étranger à la solidité de l’arrière-garde des Coalisés.© belga

Dès le mercato de janvier, les dirigeants du RWDM ont choisi de se renforcer afin d’insuffler un souffle nouveau dans l’objectif d’atteindre les deux premières places du classement. Il fallait réaliser des transferts à hauteur de leurs ambitions mais qui respectaient la synergie du groupe. « Ce qui est le plus important, c’est qu’on a su garder l’osmose entre les joueurs. Quand tu fais beaucoup de mouvements, tu as toujours cette crainte de briser l’atmosphère entre les joueurs. » rappelle Julien Gorius. C’est dans cette optique que le club a recruté Igor De Camargo, un ancien de la maison, Kylian Hazard et Obbi Oularé pour renforcer le secteur offensif. Le transfert d’Igor De Camargo était nécessaire sur et en dehors du terrain. « On avait besoin d’un leader de vestiaire et on a estimé qu’Igor pouvait être l’homme de la situation. ». Le secteur défensif a aussi été renforcé avec les transferts de Sergey Vorogovskiy et Numan Kurdic.

La quête de la deuxième place

Pour son retour au stade Edmond Machtens, Igor De Camargo n’a pas tardé à s’exprimer. Il lui a fallu 77 secondes pour inscrire son premier but devant son public. Parmi les nouveaux transferts, seul De Camargo et Vorogovskiy ont pris une place de titulaire. Alors que le banc n’était que trop peu fourni, c’est désormais devenu un de leur nouvel atout. Même les joueurs qui étaient titulaires par le passé acceptent leur nouveau rôle de remplaçant et fêtent les victoires avec le groupe. Après l’arrivée des nouveaux joueurs, le club a enchaîné les bons résultats en gagnant à 5 reprises sur leurs 7 derniers matchs.

A seulement quatre journées de la fin, le RWDM est deuxième à 7 points du premier, Westerlo, et 5 points devant le troisième, Waasland-Beveren. Ce sont justement, les deux équipes qu’ils affronteront (d’abord Waasland-Beveren puis Westerlo) en toute fin de championnat pour décider du podium de D1B. La première place semble difficile à atteindre mais il est plus qu’envisageable de conserver la deuxième place, synonyme de barrages, d’ici la fin de saison pour, peut-être, atteindre la D1A, 20 ans après sa faillite, et augmenter le contingent de club bruxellois en première division.

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