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Le portrait tactique de Mamadou Fall: vitesse et précipitation

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Analyse en chiffres des prestations supersoniques de l’ailier de Charleroi, leader de la Pro League.

On pourrait croire l’atout plus précieux sur une piste d’athlétisme. Pourtant, dans un football de plus en plus protagoniste, avec une attention croissante accordée au pressing et à l’étouffement de l’adversaire dans sa moitié de terrain, la pointe de vitesse retrouve ses lettres de noblesse. Incarné à l’international par les sprints de Kylian Mbappé ou les chevauchées d’ Erling Braut Haaland, l’appel dans le dos de la défense adverse a quelque chose de traumatisant pour les défenseurs qui en sont victimes. Parce que dans un monde du ballon rond où tous les joueurs semblent désormais devoir regarder la balle et participer aux combinaisons, l’arrière-garde avait vu s’éloigner le spectre d’un sprint perdu d’avance face à un attaquant trop véloce.

Mamadou Fall est peut-être le meilleur sprinteur des pelouses belges.

Mamadou Fall est peut-être le meilleur sprinteur des pelouses belges. Et même s’il donne parfois l’impression de tout gâcher quand le ballon échoue dans ses pieds et que le football reprend ses droits, le Sénégalais reste une arme redoutable dans le jeu de Charleroi.  » Mama, il va dans le dos de tout le monde. Il crée de l’espace », résume Massimo Bruno, en début de saison dernière. Face à un tel profil, la défense adverse doit choisir: rester haut et subir la menace constante d’un sprint en grande profondeur, ou reculer, et élargir l’espace avec son milieu de terrain.

Charleroi préfère probablement le second cas de figure. C’est lui qui a successivement permis à Ryota Morioka, Massimo Bruno, puis Ali Gholizadeh de trouver de l’oxygène entre les lignes, et d’y orienter les contre-attaques au grand galop zébré. C’est souvent ainsi que les Carolos font briller Kaveh Rezaei, jamais aussi redoutable face au but adverse que quand il est alimenté par un ballon tranchant distillé face à l’arrière-garde. Mamadou Fall n’est alors pas la gâchette principale des offensives hennuyères, mais sa seule présence permet à Charleroi de s’ouvrir des brèches avant de viser la cible. Un ailier qui impacte l’action, même quand il n’entre jamais en contact avec le ballon.

Si les lignes adverses restent audacieuses, le Sénégalais est capable de multiplier les opportunités. Récemment, sur la pelouse de Genk, il s’est régalé dans les grands espaces, mais n’a pas trouvé la faille face à Danny Vukovic. Un constat récurrent, quand l’ailier doit retrouver sa lucidité pour faire preuve d’adresse en bout de course. Depuis son retour dans le Pays Noir, il a marqué quatre de ses douze grosses occasions obtenues en championnat. 33% de réussite, et une question: avec une moyenne plus flatteuse, serait-il un jour passé sur nos pelouses?

Chiffres

2,05

Longtemps aligné sur son bon pied, l’ailier du Sporting se retrouve désormais dans le couloir gauche. Avec moins de centres à la clé: seulement 2,05 par rencontre, avec 26,3% de réussite.

2,29

Une fois lancé, Mamadou Fall est particulièrement difficile à arrêter. Ses adversaires doivent souvent faire la faute. En en subissant 2,29 par match, il est le Carolo le plus touché cette saison.

10,87

Joueur de rupture, rarement alimenté dans d’autres circonstances qu’une recherche de la profondeur, le Carolo ne reçoit que 10,87 passes par match en moyenne.

4-0

Le Sénégalais a trouvé quatre fois le chemin des filets, mais n’a pas encore fait de passe décisive.

65,2%

Est-ce le résultat d’un jeu à haut risque, ou le signe de pieds pas assez aiguisés? Toujours est-il que l’ailier des Zèbres manque plus d’une passe sur trois, avec 65,2% de réussite dans l’exercice.

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