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Le grand bilan de la JPL (9/18) : le Cercle passe au pressing

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Suite de notre bilan de la saison des 18 clubs de Pro League. Ce mercredi, on s’arrête en Venise du Nord, mais pas chez le nouveau champion de Belgique. Le Cercle a posé quelques soucis à son prestigieux voisin grâce à la verticalité et au pressing exigés par son nouveau guide autrichien.

Le résultat

Habitué à s’engluer parfois dangereusement dans la lutte pour le maintien depuis son retour au sein de l’élite, le Cercle s’est offert un bol d’air frais, principalement lors de la deuxième partie de saison. L’autre locataire du stade Jan Breydel s’est non seulement offert le scalp de son grand voisin avant la trêve, mais s’est en plus offert le luxe de longtemps lutter pour une place en European play-offs,

Critiqué parce qu’il est survenu dans la foulée d’une victoire, le licenciement d’Yves Vanderhaeghe a donné une nouvelle impulsion aux Vert et Noir, cumulant une réussite qui les fuyait depuis le coup d’envoi de la saison et des principes de jeu plus clairs et radicaux. Seulement battu à quatre reprises en 18 matches sous les ordres de Dominik Thalhammer, le Cercle se classe sixième du championnat en ne comptant que la deuxième partie de saison. L’image d’une nouvelle vague aux relents de regrets, en repensant à ce début de saison chiffré à treize points sur 48.

Le jeu

Énergique sous Vanderhaeghe, le football du Cercle s’est malgré tout métamorphosé à l’arrivée de Thalhammer. À l’image de ce qu’avait fait Alexander Blessin à Ostende, l’Autrichien a canalisé l’énergie de ses jeunes troupes avec un redoutable pressing en zone. Le fil conducteur de cette philosophie, désormais dominante dans les championnats germaniques, est plutôt simple : défendre contre le ballon plutôt que contre l’adversaire, et créer un surnombre défensif autour du porteur de la balle pour augmenter les chances de la récupérer. Particulièrement efficace, la recette a fait souffrir l’immense majorité des ténors du championnat, malmenés dans une relance qu’ils peuvent généralement articuler calmement face à des blocs bas. Une fois la balle récupérée, le jeu direct et puissant lance une chasse aux deuxièmes ballons que la jeunesse dynamique des Brugeois gagne presque à tous les coups. De quoi faire de Thalhammer l’une des révélations tactiques de la saison. Avec un jeu pas toujours plébiscité par les esthètes, mais aussi moderne qu’efficace.

Le pied gauche de Dino Hotic était taillé sur mesure pour la force aérienne des hommes de Thalhammer.
Le pied gauche de Dino Hotic était taillé sur mesure pour la force aérienne des hommes de Thalhammer. © iStock

Le joueur : Dino Hotic

Pour partager le haut du classement des buts inscrits sur phase arrêtée avec le voisin du Club, le Cercle devait forcément compter sur un botteur hors-catégorie. Le pied gauche de Dino Hotic était taillé sur mesure pour la force aérienne des hommes de Thalhammer. Le format de poche bosnien, insaisissable entre les lignes et capable de trouver des angles exceptionnels une fois le ballon au pied, finit d’ailleurs la saison avec un bilan de sept buts et onze passes décisives. L’indispensable arc dans une équipe de flèches.

Le jeune : Rabbi Matondo

Le KVO de Blessin avait les courses en profondeur de Fashion Sakala, le Cercle de Thalhammer s’est verticalisé autour des exploits individuels de Rabbi Matondo. Capable de s’envoler dans le dos d’une défense trop exposée, mais aussi de passer en revue une bonne partie de l’arrière-garde adverse grâce à ses crochets à la dynamite, le Gallois prêté par Schalke a offert au jeu puissant de ses couleurs une bonne dose de spectacle. Et de buts : il a trouvé le chemin des filets à neuf reprises, en plus de deux passes décisives. Tout ça à seulement 21 ans.

Le Cercle s'est verticalisé autour des exploits individuels de Rabbi Matondo.
Le Cercle s’est verticalisé autour des exploits individuels de Rabbi Matondo.© iStock

Le chiffre : 13,56

Modèle national en termes de pressing, le Cercle occupe forcément le haut de l’affiche dans les statistiques qui y sont liées. Ainsi, personne en Belgique ne fait mieux que les 13,56 ballons récupérés à chaque match dans le dernier tiers du terrain par les hommes de Thalhammer. Une philosophie qui permet de gratter des balles dans les zones dangereuses sans avoir à développer une créativité hors du commun. La preuve que, comme aime le dire Jürgen Klopp, « le gegenpressing est le meilleur numéro 10 du monde ».

Le futur

C’est le lot des équipes qui créent la surprise, et le business-model des clubs qui basent leur noyau autour d’une compilation de jeunes talents : cet été, les hommes forts du Cercle pourraient bien être tentés d’aller voir ailleurs. En plus de Rabbi Matondo, seulement présent dans la Venise du Nord en prêt, les Brugeois risquent de récolter le fruit des bonnes saisons d’Hotic ou des jeunes Jesper Daland et Leonardo Lopes. Le spectre d’un nouveau recommencement plane donc au-dessus de la partie verte du stade Jan Breydel.

Sera-ce avec Dominik Thalhammer ? L’Autrichien aura forcément tapé dans l’oeil de certains clubs belges ou étrangers qui pourraient devoir changer de coach cet été, lui qui avait déjà charmé ceux qui avaient vu son LASK affronter l’Antwerp d’Ivan Leko en Europa League la saison dernière. S’il reste à bord, le coach sera sans doute face à un chantier d’ampleur lors de la préparation. Et l’exemple d’Ostende a montré que conserver la révélation des bancs de touche en affaiblissant considérablement son noyau n’était pas spécialement une garantie de reconstruction réussie.

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