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Le grand bilan de la JPL (8/18) : Charleroi cherche sa position

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Suite de notre bilan de la saison des 18 clubs de Pro League. Ce mardi, détour par le pays noir où les Zèbres version Edward Still ont alterné le bon et le moins bon avec un nouveau projet de jeu ambitieux.

Le résultat

C’est l’un des plus grands What If de la saison qui anime depuis janvier les tribunes toujours clairsemées du Pays Noir. Où auraient terminé les Zèbres si Shamar Nicholson n’avait pas été vendu lors du grand marché d’hiver ? Sans doute pas en Champions play-offs, inaccessibles pour des Carolos en pleine saison de transition.

Un an après le fiasco de la deuxième année de l’ère Karim Belhocine, conclue à une anonyme treizième place suite à un second tour bouclé avec un catastrophique 12/51, Charleroi était effectivement embarqué dans une profonde reconstruction. Un défi initialement mieux lancé que prévu, puisque les hommes d’Edward Still pointent à la quatrième place au terme du dernier match joué par leur buteur jamaïcain. La suite, entre une reprise délicate et des duels au sommet systématiquement perdus, a fini par ramener les Zèbres à une place finalement logique. Face au reste du top 8, le bilan carolo en championnat affiche un triste 9/42 et deux petites victoires. Contre le bottom 10, par contre, les Carolos facturent 45 points sur 60 possibles, et un seul revers. Le contraste évident d’une équipe classée à sa place

Le jeu

C’était la grande révolution de l’été. Finis la défense en zone, le bloc bas et la contre-attaque improvisée. En confiant les rênes de son football à Edward Still, Charleroi a vu ses Zèbres se tourner vers un jeu de position précis, des combinaisons en circuits et un marquage individuel ambitieux. Une métamorphose toujours en cours, notamment parce qu’en quête de joueurs mieux adaptés pour occuper certains postes, mais dont les premiers effets ont parfois produit leur dose de spectacle.

Devant la défense à trois, c’est un milieu de terrain généralement en losange qui permet aux Carolos de rechercher une supériorité numérique au coeur du jeu. La possession de balle est donc devenue bien plus importante, toujours en quête d’un décalage dans l’organisation adverse pour progresser minutieusement entre les lignes. Le jeu semble tellement étudié qu’il perd parfois la spontanéité offensive qui faisait la marque de fabrique du club lors des saisons précédentes, mais il offre à l’inverse une assurance et une maîtrise décuplées à l’heure de prendre la direction des évènements contre des adversaires plus modestes.

Stefan Knezevic, l'une des bonnes pioches du mercato d'été et une très belle trouvaille défensive.
Stefan Knezevic, l’une des bonnes pioches du mercato d’été et une très belle trouvaille défensive.© iStock

Le joueur : Stefan Knezevic

Au sein d’une ligne défensive complètement remaniée l’été dernier, le Suisse est rapidement devenu le patron. Capable d’occuper les trois positions du trio arrière mis en place par Edward Still, Stefan Knezevic brille par sa lecture du jeu, son sens de l’anticipation et ses interventions souvent soigneusement pensées. L’un des plus grands maîtres de la technique défensive, rarement évaluée à sa juste valeur à l’heure des analyses, que compte notre championnat.

Le jeune : Adem Zorgane

Pour sa première saison dans le football européen, Adem Zorgane s’est immédiatement affirmé comme l’un des leaders techniques du nouveau Charleroi. Impressionnant pour conserver le ballon ou faire des différences au milieu de terrain, l’Algérien conclut son baptême sur le Vieux Continent avec trois buts et six passes décisives, laissant surtout à ses coéquipiers une tranquillité hors-normes quand il reçoit la balle, par sa faculté à ne quasiment jamais la perdre.

A Charleroi, on a beaucoup parlé du don de Zorgane.
A Charleroi, on a beaucoup parlé du don de Zorgane.© iStock

Le chiffre : 24,1

Au coup de sifflet final de la saison dernière, la moyenne d’âge de 29,9 ans affichée par les Zèbres était la plus élevée de l’élite belge. Un an et une solide cure de rajeunissement plus tard, les Carolos présentent une moyenne d’âge de 24,1 ans qui les classe sur le podium des équipes les plus jeunes de Pro League. Une évolution brutale qui est l’un des symboles les plus marquants du virage emprunté dans la politique zébrée depuis l’été dernier.

Le futur

Si Edward Still fait partie des (rares) coaches qui poursuivront sur le même banc de touche la saison prochaine, les dossiers brûlants ne manqueront pas pour animer les prochaines semaines de Mehdi Bayat. Buteur de la deuxième partie de saison en ayant fait trembler les filets à onze reprises, Vakoun Bayo sera encore carolo la saison prochaine suite à la levée de son option d’achat. Le reste de la colonne vertébrale du Pays Noir pourrait être chahuté, entre des convoitises attendues pour Adem Zorgane et une aventure zébrée qui pourrait approcher de son point final pour des joueurs comme Ali Gholizadeh, Joris Kayembe ou Marco Ilaimaharitra. Une étape supplémentaire vers le rajeunissement qui devra s’accompagner de renforts de choix pour éviter une perte de compétitivité préjudiciable pour les ambitions futures de Charleroi. Si le reste de l’équipe est façonné par le binôme Still-Bayat à l’image de sa nouvelle défense, grosse satisfaction de l’année, le scénario pourrait bien prendre des airs plus affirmés de success-story, pour une saison 2 dénuée d’amertumes.

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