© iStock

Le grand bilan de la JPL (3/18) : Eupen est parti trop tôt

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Suite de notre bilan de la saison des 18 clubs de Pro League. Ce jeudi, petit détour par les Cantons de l’Est où Eupen a vécu une saison relativement anonyme après un départ en boulet de canon.

Le résultat

Dans la foulée d’une saison ambivalente, conclue avec un record de points mais la déception de ne pas avoir obtenu mieux qu’une anonyme douzième place, on prévoyait une révolution à Eupen. Au final, personne ou presque n’a quitté le navire l’été dernier, et les Pandas ont pu compter sur leurs automatismes bien rôdés par Beñat San José pour prendre un départ canon. La sortie des starting-blocks se fait sous les ordres d’un Stefan Kramer moins rigide tactiquement et installe même un temps les Germanophones au sommet du championnat. Un départ salvateur, vu le recul spectaculaire qui sera enregistré à partir du mois d’octobre. Eupen ne gagne que deux fois lors des 24 dernières journées, finit même par flirter dangereusement avec la lutte pour le maintien, et ne retiendra finalement de la saison que sa campagne en Coupe de Belgique, conclue par une défaite aux portes de la finale contre Anderlecht.

Le jeu

À défaut d’être toujours séduisante, l’Alliance version Beñat San José s’articulait autour de principes de jeu fort et d’un jeu de position minutieux. Comme souvent dans ces cas-là, certains talents offensifs se sentent bridés, et c’est le successeur aux airs de « libérateur de contraintes » qui récolte les fruits des automatismes, devenus moins contraignants mais toujours présents pour conserver l’équilibre. Le premier Eupen de la saison est donc un savant mélange de base collective forte et d’exploits individuels rafraichissants, porté par des joueurs qui pensent autant à la victoire qu’à la mise en vitrine.

Après le mercato, une fois que les semaines voient les automatismes de l’ère San José s’envoler sans rien d’autre que de l’énergie pour les remplacer, le jeu d’Eupen se délite. Ni Stefan Kramer, ni son successeur Michael Valkanis ne parviendront à relancer une ligne de conduite collective digne d’intérêt. Parti au mercato d’hiver, l’excellent Edo Kayembe laisse le milieu de terrain orphelin de son énergie et permet moins à Stef Peeters de rayonner en augmentant démesurément son champ d’action. Il n’y a plus que des dribbles venus des flancs pour égayer les matches au Kehrweg.

« Smail though your heart is aching »© Getty Images/iStock

Le joueur : Smail Prevljak

Buteur à seize reprises en championnat la saison dernière, le buteur bosnien des Pandas n’est pas parvenu à se hisser jusqu’au score à deux chiffres cette année. Échoué à neuf réalisations, son bilan en Pro League est néanmoins compensé par un rôle majeur joué dans l’épopée en Coupe de Belgique. Un triplé contre Zulte Waregem en huitièmes, un doublé pour effacer Malines en quarts, et encore deux buts pour faire douter les Mauves aux portes du Heysel. Toujours avec un flair hors-normes pour être au bon endroit dans la surface et un pied irrigué de sang-froid pour conclure dès que l’opportunité se présente.

Le jeune : Ignace N’Dri

Si la défense à cinq mise en place par Stefan Kramer a fait des ravages en début de saison, c’était notamment grâce aux bâtons de dynamite que les Pandas aimaient lancer depuis leur couloir gauche. L’artificier en chef se nomme alors Ignace N’Dri, débordant d’énergie et débordant tout court sur un flanc devenu son terrain de chasse. Les victimes constatent les coups de rein supersoniques d’un joueur flashé à 10,7 dribbles tentés par apparition (moyenne record de cette saison), et poussent un soupir de soulagement en constatant que ces raids se concluent trop rarement victorieusement. Un but et deux passes décisives, c’est peu. Mais quand N’Dri deviendra efficace, le Kehrweg sera alors beaucoup trop petit pour lui.

La patte gauche de velours de Stef Peeters a souvent dépanné Eupen sur les phases arrêtées.
La patte gauche de velours de Stef Peeters a souvent dépanné Eupen sur les phases arrêtées.© iStock

Le chiffre : 11

Prenez le pied gauche soyeux de Stef Peeters, l’une des catapultes les plus précises du championnat. Ajoutez-y le flair déjà évoqué de Prevljak, et surtout la colossale domination aérienne d’un Emmanuel Agbadou qui rappelle les plus belles heures de Christian Luyindama. Vous obtenez forcément l’une des équipes les plus redoutables du Royaume sur phase arrêtée. Les Pandas ont trouvé le chemin des filets de cette manière à onze reprises, de quoi les placer parmi les cinq meilleures équipes de l’élite dans le domaine.

Le futur

Sans même évoquer les prêts de l’hiver dernier, ils sont quatorze à atteindre la fin de leur contrat dans les cantons de l’est le 30 juin prochain. La direction n’ayant même pas pris la peine d’entamer des pourparlers avec la grande majorité d’entre eux, on peut s’attendre à un été agité du côté du Kehrweg. Les pouvoirs sportifs désormais entre les mains de Tim Cahill, c’est une nouvelle évolution qui devrait s’amorcer dans l’ère post-Aspire Football Dreams, après celle entamée voici deux ans par San José et Jordi Condom. Les moyens alloués par le Qatar seront-ils aussi importants alors que le Mondial 2022 arrive à grands pas ? Comme souvent, l’avenir des Pandas au plus haut niveau s’écrit en pointillés, et rares sont ceux qui peuvent prédire à quoi ressemblera le noyau des Eupenois au coup d’envoi de la saison prochaine. En attendant, c’est Bernd Storck qui prend le relais au Kehrweg. De quoi annoncer un retour du jeu de position strict qui avait offert au club ses résultats les plus probants sous San José ?

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire