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Le grand bilan de la JPL (13/18) : Courtrai, du calme au fade

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Suite de notre bilan de la saison des 18 clubs de Pro League. Ce dimanche, petit passage du côté de Courtrai où la saison fut une fois de plus similaire aux précédentes : un départ réussi et une deuxième partie de saison difficile.

Le résultat

Les saisons se suivent et les épilogues se ressemblent pour les Kerels. Parfois, un départ réussi est terni par une deuxième partie de saison difficile. À d’autres moments, c’est une série salvatrice qui vient compenser un départ raté. Au décompte final, Courtrai s’invite souvent dans le ventre mou, très tôt débarrassé des peurs de la relégation mais tout aussi vite effacé de la course aux places qui comptent. L’édition 2021-2022 n’a pas dérogé à la règle, avec un maintien rapidement acquis, mais une course au top 8 abandonnée à la fin du mois de janvier. Les Flandriens ont conclu par un 6/42, ne gagnant qu’un seul match sur leurs quatorze dernières sorties. Le plus important, sans doute, avec un 5-0 dans le derby contre Zulte Waregem.

Finalement, Courtrai n’aura fait parler de lui qu’indirectement, quand Luka Elsner s’est envolé pour le Standard sur fond d’une polémique rapidement éteinte, laissant sa place à Karim Belhocine. Le symbole d’une saison tranquille.

Le jeu

À l’heure où Courtrai se met en quête d’un remplaçant pour Luka Elsner, les chiffres du début de saison sont éloquents. Le stade des Éperons d’or affiche la possession de balle la plus faible du pays, et son bloc bas bien organisé permet d’exploiter au mieux les projections d’un onze dynamisé par ses flancs : Faiz Selemani fait la pluie, le beau temps et surtout le jeu à gauche, pendant que Marlos Moreno et Gilles Dewaele sprintent à l’opposé. Pas de longs circuits de passes à signaler, mais un jeu de transition toujours vitaminé et parfois spectaculaire.

Karim Belhocine introduit un peu de nuance, mais l’équipe ne gère pas mieux le ballon et, une fois le honeymoon effect dissipé, perd ses atouts initiaux à la récupération pour ne plus espérer qu’un exploit individuel. Collectivement, par contre, l’équipe reste solide dans son camp, surtout à l’heure de défendre sa surface grâce aux impressionnantes capacités de gestion aérienne de Trent Sainsbury et surtout Aleksandar Radovanovic. Des coups de tête derrière et des coups de génie devant, voilà sans doute la meilleure façon de résumer la saison des Kerels.

Faiz Selemani a répondu présent avec plus de régularité qu'à l'accoutumée, même s'il reste un homme de fulgurances plutôt qu'un patron continu.
Faiz Selemani a répondu présent avec plus de régularité qu’à l’accoutumée, même s’il reste un homme de fulgurances plutôt qu’un patron continu.© Getty Images/iStock

Le joueur : Faiz Selemani

Quelques penalties, au moins autant de bangers : avec treize buts et six passes décisives pour le compte de ses couleurs, Faiz Selemani a la meilleure saison de sa carrière dans le rétroviseur. Parfois meneur de jeu, souvent meneur de revue d’un Courtrai de solistes audacieux, le Comorien a répondu présent avec plus de régularité qu’à l’accoutumée, même s’il reste un homme de fulgurances plutôt qu’un patron continu. Les offensives des siens se sont souvent résumées à un ballon amené jusqu’à ses pieds, et il a régulièrement fait en sorte de s’occuper du reste.

Le jeune : Dylan Mbayo

Au sein d’une équipe historiquement membre des doyennes de l’élite, les jeunes talents se sont souvent faits plutôt rares. L’opération rajeunissement semble avoir commencé l’été dernier, et les apparitions de Dylan Mbayo augurent en tout cas d’un bel avenir. Encore plus joueur de football que footballeur, parce qu’il propose plus d’actions que de jeu, le fils de l’ancien maître à jouer de Lokeren s’est offert un highlight de choix avec un doublé contre ses anciens employeurs gantois. Un certain sens de la carte de visite.

Dylan Mbayo, le fils de Marcel, l'ancien maître à jouer de Lokeren, s'est révélé au stade des Eperons d'or.
Dylan Mbayo, le fils de Marcel, l’ancien maître à jouer de Lokeren, s’est révélé au stade des Eperons d’or.© iStock

Le chiffre : 32,86

Si l’animation offensive de Courtrai ressemble parfois à une battle de breakdance, c’est parce que le secteur peut prendre des airs d’accumulation de solistes. Logique, dès lors, de voir les Kerels s’inviter au sommet de la hiérarchie nationale des dribbles, avec 32,86 tentatives par match. De Marlos Moreno (7,56) à Bilal Messaoudi (6,78) en passant par Dylan Mbayo (7,46) et Faiz Selemani (7,31), ils sont ainsi quatre à tenter leur chance en solitaire à plus de cinq reprises à chaque sortie. Pour les passes, on verra plus tard.

Le futur

Maître d’oeuvre d’un maintien acquis sans histoire, très apprécié de son vestiaire comme de ses dirigeants, Karim Belhocine devrait poursuivre l’aventure sur le banc des Éperons d’or. Reste à savoir comment sera constitué le noyau d’une équipe alimentée par quelques prêts (Ante Palaversa ou Bryan Reynolds en tête), à l’aube d’un été qui devrait voir le leader technique Faiz Selemani saisir sa chance un échelon plus haut.

Pas question d’imaginer pour autant un été démesurément agité dans un club qui s’est calmement installé dans le ventre mou de l’élite, et ne fera pas de folie pour augmenter sa croissance. Les remous pourraient venir de l’étranger, puisque le propriétaire Vincent Tan cherche depuis plusieurs mois un repreneur susceptible de lui permettre de récupérer sa mise. Encore une fois, c’est en-dehors de la quiétude de la pelouse courtraisienne qu’il faudra trouver de quoi alimenter la machine à histoires.

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