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Le grand bilan de la JPL (11/18) : une saison de cauchemars au Standard

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Suite de notre bilan de la saison des 18 clubs de Pro League. Ce vendredi, on s’arrête au pied du volcan de Sclessin. Le Standard reste sur une saison cauchemardesque entre résultats plus qu’insuffisants, changement de propriétaire et avenir incertain. Analyse.

Le résultat

Conclue sous la barre des dix victoires et avec seulement 32 buts inscrits, la saison des Rouches est une page noire de la riche histoire du club. Entamé dans le chaos organisationnel, avec un coach et un directeur sportif en désaccord permanent, l’exercice 2021-2022 n’a jamais su redresser la tête, malgré le licenciement des deux personnes concernées. Le parfum de revente, gage d’instabilité sportive, a servi d’alibi à des joueurs prestant presque tous bien en-deçà de leur meilleur niveau et le seul soulagement aura finalement été l’acquisition mathématique d’un maintien sans la moindre gloire. Marquée par ses mercatos ratés, à l’image de l’arrivée onéreuse d’Aron Donnum l’été dernier ou de la prévisible erreur de casting de Joachim Van Damme cet hiver, la saison liégeoise n’a cette fois pas pu être sauvée par une campagne enthousiasmante en Coupe, et a provoqué la compréhensible colère des tribunes à de nombreuses reprises.

Le jeu

Une longue succession d’errances. Pas assez entendu à son goût dans sa demande d’ailiers capables de faire la différence, Mbaye Leye a entamé la saison avec une défense à trois qui a rapidement exposé ses limites face aux oppositions les plus solides. Tiraillé entre de nombreuses idées parfois contradictoires, l’ancien attaquant n’aura jamais offert de ligne claire à des joueurs perdus sur la pelouse. Vendu comme méticuleux et organisé, Luka Elsner devait amener une structure collective plus forte, mais les esquisses d’équilibre défensif se sont rapidement évaporées. Pire, les offensifs ont semblé encore plus inhibés qu’en début de saison, et le Franco-Slovène n’aura vu ses troupes marquer qu’à 22 reprises en 24 matches de championnat. Passé de son 4-2-3-1 fétiche à une défense à cinq en fin d’exercice, l’ancien entraîneur de Courtrai n’aura trouvé ni circuits offensifs, ni organisation défensive stable malgré une tentative de presser plus haut et de façon plus ambitieuse en deuxième partie de saison. Les deux hommes avaient incontestablement des idées, mais aucun n’aura pu les transformer en plan de jeu capable de convaincre le vestiaire et d’enflammer les tribunes.

Impliqué dans un quart des buts de ses couleurs malgré 38% de temps de jeu en championnat, Denis Dragus aura été l'une des rares satisfactions.
Impliqué dans un quart des buts de ses couleurs malgré 38% de temps de jeu en championnat, Denis Dragus aura été l’une des rares satisfactions.© iStock

Le joueur : Denis Dragus

Souvent relégué sur le banc, la faute à des prestations irrégulières, Denis Dragus aura néanmoins procuré aux gradins de Sclessin leurs rares frissons de la saison. À part lui, personne n’aura pu offrir cette sensation du but imminent quand il recevait le ballon à trente mètres des filets adverses malgré un registre encore à polir, capable d’enchaîner indifféremment perte de balle et exploit individuel. Impliqué dans un quart des buts de ses couleurs malgré 38% de temps de jeu en championnat, le Roumain aura été l’une des rares et épisodiques satisfactions en Principauté.

Le jeune : Nicolas Raskin

Avec le dévouement silencieux mais convaincu de celui qui entame ses rêves de conquête du monde par un premier job ingrat, Nicolas Raskin s’est démené pour faire le ménage autour du rond central. Le Standard avait besoin d’activité dans la salle des machines, et celui qui se rêvait en maître à jouer s’est retrouvé à distribuer plus de taquets que de ballon. Personne n’a commis plus de fautes sifflées que lui cette saison, sans doute parce que son appétit gargantuesque de réussite devait trop souvent compenser l’anorexie au dévouement de certains de ses coéquipiers. L’envie de le voir dans une structure collective aboutie n’en est que plus grande, pour découvrir si la domestication tactique peut transformer un chien fou en chef de meute.

Nicolas Raskin s'est démené pour faire le ménage autour du rond central.
Nicolas Raskin s’est démené pour faire le ménage autour du rond central.© iStock

Le chiffre : 5

Selim Amallah, Aron Donnum, João Klauss et Nicolas Raskin ont tous atteint la barre des cinq actions décisives en championnat cette saison. Un seul joueur l’a dépassée : Denis Dragus, avec ses six buts et deux assists. L’illustration parfaite de l’indigence offensive liégeoise, problème majeur de la saison rouche. Rarement portée par ses individualités, jamais soutenue par une idée collective bien marquée, l’attaque liégeoise s’est progressivement enfoncée dans les catacombes de l’histoire principautaire, notamment quand les dix dernières sorties de la saison n’ont accouché que de quatre buts. À cheval sur les mois de février et mars, les Principautaires traversent même une disette de 562 minutes sans trouver le chemin des filets.

Le futur

La revente du club à la société 777 Partners rebat les cartes de l’avenir liégeois. Tête pensante sportive de la nouvelle galaxie de clubs américaine, Johannes Spors est résolument tourné vers le nouveau football à l’allemande. C’est d’ailleurs à son initiative qu’Alexander Blessin est devenu le coach du Genoa, et il ne faudrait donc pas s’étonner de voir un profil similaire débarquer sur le banc d’un Standard new-look. Si certains gros contrats seront difficiles à déloger du noyau liégeois, on s’attend à voir de nombreux nouveaux visages débarquer en Principauté, avec quelques dénominateurs communs sur les cartes de visite : jeunes, dynamiques, avec un potentiel à la revente intéressant et des prédispositions physiques pour installer une version liégeoise du gegenpressing sur le sol belge. Une recette éprouvée à Ostende et au Cercle, avec de spectaculaires remontées au classement à la clé. Reste à savoir si le nouveau directeur sportif, Fergal Harkin, est du genre germanophile.

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