Marc Degryse

« Le discours d’Anderlecht est devenu ridicule »

Pour Marc Degryse, le chroniqueur de Sport/Foot Magazine, le discours de Michael Verschueren est à des années lumière de la réalité du terrain.

Depuis quelques semaines, je dis qu’Anderlecht va quand même finir par se qualifier pour les play-offs 1. Après ce qu’on a vu dans les matches contre Courtrai et Ostende, je suis beaucoup moins catégorique. La misère a repris, elle est plus frappante que jamais. On peut évoquer une nouvelle fois les grands principes de jeu de Vincent Kompany. Mais la tactique, ce n’est qu’un aspect du problème. À Ostende, il y avait un autre souci énorme : l’état d’esprit. Les joueurs d’Anderlecht ont toutes les raisons d’être honteux de ce qu’ils ont fait pendant la première mi-temps à la Côte. Aucun tempo, pas de communication, pas de pressing sur des adversaires qui ont pu jouer tranquillement leur jeu, aucune envie d’aider des coéquipiers en difficulté et de courir quelques mètres de plus, seulement des petites passes anodines. Anderlecht est une équipe qui ne réfléchit qu’en possession de balle, pas du tout en perte de balle.

Ça ne va même pas mieux dans les bureaux que sur le terrain. Les incidents autour de Marc Coucke, c’était pénible à voir. Il se fait allumer dans la presse par les dirigeants ostendais avant le match, puis on lui refuse l’accès à la tribune qui lui appartient… L’ex-dieu du club qui ne peut même plus accéder à son stade, c’est du jamais vu.

Je pensais qu’Anderlecht était sur la bonne voie avec Franky Vercauteren parce qu’on avait recommencé à avoir des résultats, mais pour que ça marche, il fallait prendre six points contre des adversaires comme Courtrai et Ostende. Avec un seul point, c’est à nouveau mal embarqué. Surtout si on jette un oeil sur le calendrier des prochains matches. C’est difficile de faire plus corsé avec Charleroi, le Standard, Genk, l’Antwerp et Bruges. Où en seront les Mauves après ce programme ?

Sauver la saison en gagnant la Coupe ? Difficile ! Anderlecht n’est pas une équipe qui peut battre tout le monde, c’est une équipe susceptible d’être battue par n’importe qui.

Quand je dis que ça va mal dans les bureaux aussi, je pense aux déclarations de Michael Verschueren après le non-match de dimanche. Il continue dans les clichés et les formules qui n’enchantent plus personne. Ça va aller, le process continue. On voit bien ça ! Ce discours est à des années lumière de la réalité du terrain. C’est devenu complètement ridicule. On entend maintenant qu’Anderlecht a la Coupe de Belgique pour sauver sa saison, mais qui imagine cette équipe aller jusqu’au bout avec le niveau qu’elle montre depuis l’été ? Déjà, le match de cette semaine à Mouscron me paraît très compliqué. Anderlecht n’est pas une équipe qui peut battre tout le monde, c’est une équipe susceptible d’être battue par n’importe qui.

Même si ce n’est pas un match entre le leader et la lanterne rouge, on va avoir un beau choc des extrêmes ce week-end avec Anderlecht – Charleroi. Une équipe dans le pétrin contre un club en pleine bourre. Charleroi, c’est un ensemble mais aussi deux gars qui sont la forme de leur vie. D’abord Karim Belhocine, qui bosse sans faire de bruit et qui fait ça très bien. En début de saison, je pensais que Charleroi serait trop court pour aller en play-offs 1, mais la machine s’est mise tranquillement en route, et maintenant elle est inarrêtable. 19 points sur 21 dans les sept derniers matches, c’est exceptionnel. C’étaient surtout des adversaires de seconde zone mais tout le monde n’est pas capable de négocier aussi bien ces matches-là.

Et puis il y a la résurrection spectaculaire de Kaveh Rezaei. La meilleure illustration qu’un footballeur en confiance, qui se sent chez lui, peut faire subitement des ravages. Il a parfois été fantastique pendant son premier passage à Charleroi, puis une fois qu’il s’est retrouvé à Bruges, on a vite compris que c’était un environnement qui ne lui convenait pas. Il y avait une concurrence à laquelle il n’était pas habitué, il a raté quelques occasions, et c’était terminé pour lui. Ici, il a retrouvé toutes ses sensations, c’est un gars libre dans sa tête.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire