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Le Club Bruges impliqué de deux façons dans le « Footgate »

Le Club Bruges a été impliqué de deux façons dans le scandale. Il veut que clarté soit faite dans les plus brefs délais.

À son arrivée à Courtrai, peu après huit heures, mercredi matin, un joueur a croisé un inconnu au secrétariat. D’autres inconnus sont ensuite arrivés. Des policiers, qui ont plongé leur nez dans les comptes du club. Le joueur a ensuite appris, par les réseaux sociaux, que d’autres clubs avaient reçu une visite du même genre. Il a rapidement compris que l’affaire allait prendre d’énormes proportions et allait durer des semaines.

Le Club Bruges a également été concerné, de deux manières : son entraîneur a passé une nuit en prison et la police a saisi une série de dossiers.

Blanchiment, fraude, match-fixing, le football a fait le buzz de toutes sortes de façons, dans un premier temps. La stupéfaction a crû au fil des nouvelles. Un membre du clan blauw enzwart s’est exprimé en ces termes :  » Si notre entraîneur, que j’ai appris à bien connaître et que j’apprécie, était impliqué dans quelque chose comme le match-fixing, je me réfugierais dans le trou le plus obscur que je puisse trouver.  »

Ça n’a pas été nécessaire. On ne connaît pas encore exactement les faits à charge d’ Ivan Leko mais il ne s’agit pas de falsification de matches. Bruges l’a appris assez rapidement jeudi, avant même la conférence de presse du parquet, l’après-midi. Le soir, à la télévision, l’avocat de l’entraîneur a raconté qu’il s’agissait même d’un fait antérieur à son mandat à Bruges. Le Club l’a confirmé, après un entretien avec l’intéressé. Leko doit maintenant régulariser son problème fiscal le plus vite possible. Il n’est pas le seul car depuis quelques mois, les affaires de ce genre sont légion, notamment en Espagne. Divers acteurs du paysage footballistique s’adonnent un peu trop allègrement à l’optimalisation fiscale.

Au lendemain de son inculpation dans le cadre de l'enquête, Ivan Leko est présent vendredi sur les terrains du Club Bruges pour y diriger l'entrainement de ses joueurs.
Au lendemain de son inculpation dans le cadre de l’enquête, Ivan Leko est présent vendredi sur les terrains du Club Bruges pour y diriger l’entrainement de ses joueurs.© BELGA

Leko a été libéré sans condition. C’était important pour le Club. S’il l’avait été sous conditions, ça l’aurait empêché d’avoir des contacts avec le monde du football, ce qui aurait obligé le Club à chercher sur le champ un nouvel entraîneur. Il peut confier ce travail à Rudy Cossey et à Edward Still un moment, comme il l’a fait mercredi et jeudi, mais pas pendant des mois, en attendant un éventuel jugement.

Finalement, le Club n’a pas dû chercher un nouveau coach. Durant son entretien avec le Club, Leko l’a suffisamment tranquillisé pour être confirmé à son poste, sur base des informations disponibles. Vendredi, le Croate est brièvement revenu sur l’affaire, y compris avec les joueurs, avant de reprendre le travail. Vincent Mannaert a également parlé aux joueurs. Comme le Club avait prévu un week-end de congé, depuis longtemps, tout le monde a eu le temps de se remettre.

Rezaei

L’autre volet dans lequel est impliqué le champion, comme d’autres clubs, concerne une série de transferts. Quand le Club cherchait un successeur à Michel Preud’homme, Dejan Veljkovic a cité le nom d’un ancien joueur, Ivan Leko, même si le contrat de celui-ci a été négocié par un autre agent, Dragan Siljanovski, également inculpé la semaine passée. Les deux hommes travaillent ensemble. Sortent de la même écurie : Ivan Tomecak, Mats Rits (dont la carrière à Malines a piétiné, Olivier Renard ne croyant pas en lui, jusqu’à ce que le coach Aleksandar Jankovic, un autre poulain de Veljkovic, le sauve) et Karlo Letica.

Bruges ne faisait plus d’affaires avec Mogi Bayat depuis des années, suite aux graves problèmes ayant accompagné le transfert de Nabil Dirar à l’AS Monaco. Durant la saison 2011-2012, Dirar a été un des meilleurs joueurs du Club Bruges, en quête d’un regain de succès sous la conduite de Christoph Daum. Dirar était un élément déterminant mais fin janvier, l’ailier a subitement voulu rejoindre le club français, qui évoluait alors en Ligue 2. Il a forcé son transfert et Bruges a fait une croix sur toute collaboration ultérieure de Bayat.

Ça lui a coûté un joueur prometteur en 2013 : Bruges a trouvé un accord avec Zulte Waregem pour Junior Malanda, mais le milieu défensif a exigé d’être assisté par Mogi Bayat. Le Club a refusé, Malanda a rompu son contrat avec Zulte Waregem et a finalement signé au VfL Wolfsburg.

Junior Malanda avait exigé que Mogi Bayat l'assiste. Le Club Bruges a refusé.
Junior Malanda avait exigé que Mogi Bayat l’assiste. Le Club Bruges a refusé.© Belga

Le Club a fini par se réconcilier avec Mogi. Bart Verhaeghe a commencé à collaborer avec Mehdi, à Bruxelles, et a appris à apprécier la dynamique et le labeur de son frère. Mogi a cherché à se rapprocher de Michel Preud’homme, dont il a négocié le retour au Standard, et les deux parties se sont réconciliées. Mogi a expédié Obbi Oulare à Watford et Anthony Limbombe à Nantes. Ce transfert a par ailleurs été effectué à la demande du joueur car le Club avait trouvé un accord avec Huddersfield. Mais Limbombe voulait Mogi, et Mogi voulait le placer à Nantes.

Peu de footballeurs sont arrivés dans la Venise du Nord par l’intermédiaire de Mogi Bayat car le Club préfère placer son recrutement dans les mains de son scouting. À l’été 2017, Mogi a bien amené Jérémy Perbet, quand le Club a été confronté au forfait de Diaby et que l’été de Wesley semblait hypothéqué par une méningite. Bayat a vite trouvé un autre club à Perbet une fois le Club éliminé de la Coupe d’Europe et ses deux avants récupérés plus tôt que prévu. Fin août, déjà. À Courtrai.

Cet été, Kaveh Rezaei, l’avant iranien de Charleroi, est arrivé via Mogi. Le Club a trouvé un accord avec Mehdi Bayat mais Charleroi l’a renvoyé à Mogi Bayat pour le joueur. Le Club affirme avoir versé une commission normale au manager.

Kaveh Rezaei
Kaveh Rezaei© BELGAIMAGE

Cette transaction peut avoir une suite. Un agent iranien affirme en effet que c’est lui et non Mogi Bayat qui défend les intérêts de l’attaquant. Il envisage d’autres démarches. Ce qui est étrange, c’est qu’à l’arrivée de Rezaei en Belgique, l’homme n’a pas posé avec lui pour la photo traditionnelle et que son nom ne dit rien à Charleroi. Bruges ne connaît pas non plus l’homme et n’a pas discuté avec lui. C’est Mogi qui a représenté l’attaquant.

La commission des licences

Après les perquisitions de la semaine passée, le tribunal doit maintenant poursuivre son enquête. L’affaire est entre les mains d’une vieille connaissance du milieu. Le procureur responsable de l’enquête, Joris Raskin, a en effet été membre de la commission des licences qui a analysé toutes les comptabilités avant d’attribuer les sésames. Il a certainement entendu des choses ici et là.

À la fin de la semaine passée, personne à Bruges n’avait été entendu pour des explications complémentaires. Le Club a cependant fait analyser tous les dossiers concernés par un bureau d’audit externe, chargé de repérer toute faute. Ledit bureau affirme n’avoir pas trouvé trace d’irrégularités. On verra si la justice partage son avis.

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