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Le Club Bruges entre en bourse: qui ose gagne?

Une chose est sûre: l’entrée en bourse du Club Bruges, prévue pour Pâques, ira plus vite que la construction du stade. Et Bart Verhaeghe va prendre encore plus de vent. Mais c’est dans la ligne de son livre: Durf! (Ose! )

En janvier, quand nous avons fait le bilan des dix années de Bart Verhaeghe à la présidence du Club Bruges – dont il est ensuite devenu propriétaire – et de la transition entre l’ancien et le nouveau régime, il nous a téléphoné le soir-même. Il trouvait (notamment) que nous nous étions trop attardé sur le passé. Bart Verhaeghe s’intéresse davantage à l’avenir.

L’avenir, c’est l’entrée en bourse du Club, comme il l’avait fait au préalable avec sa société. La procédure est déjà en cours. Le Club Bruges veut obtenir une première cotation aux alentours de Pâques et les actions actuelles vont être redistribuées et d’autres vont être mises sur le marché. Verhaeghe et consorts vont passer à la caisse, à en croire les experts économiques. Voilà qui risque de régulièrement faire la Une dans les semaines à venir. Ses détracteurs ne manquent pas de souligner qu’il a obtenu le club à un très bon prix il y a dix ans – quinze millions – et qu’il va recevoir une fameuse récompense pour sa décennie de travail. C’est que beaucoup de gens n’apprécient pas qu’on gagne de l’argent grâce aux sociétés que sont devenues les clubs sportifs. Marc Coucke, Roland Duchâtelet, Wouter Vandenhaute, les Glazer (Man. United) ou encore Dietmar Hopp (Hoffenheim) en savent quelque chose.

Le point central de cette entrée en bourse? Plus de crédibilité internationale.

Coucke et Duchâtelet ont été critiqués par leurs supporters parce que leur clubs ont perdu les pédales sur le plan sportif suite à leur reprise. Verhaeghe et son fidèle copilote, Vincent Mannaert, qui se sont entourés d’une équipe compétente au cours des années, savent à quoi s’attendre. On va souvent entendre des remarques du genre: « C’est mauvais pour les actions ». Le choix du nom, Grizzly Sports, pour l’association des gros actionnaires, fait déjà sourire. De longues griffes acérées, des épaules musclées, des pattes solides: on ne désarçonnera pas facilement le Club. Le management actuel veut conserver la majorité des actions afin de maintenir le cap qui a valu à Bruges ses succès sportifs et financiers depuis cinq ans. S’il avait vraiment voulu s’enrichir, il aurait vendu le Club à un Américain ou à un Asiatique. Ce n’est heureusement pas le cas.

L’entrée en bourse se produit alors que le club vit une période faste sur le plan sportif. OK, le Covid a mis le Club KO en Coupe d’Europe et Bruges est éliminé de la Coupe de Belgique, mais en championnat, il est inaccessible. Il va à nouveau s’offrir un billet pour la Ligue des Champions et sa manne de trente à quarante millions d’euros. Des talents comme Lang, De Ketelaere et Kossounou éclosent et pourront être monnayés à bons voire très bons prix. Malgré la pandémie, le Club est donc un placement intéressant, surtout quand, dans deux ou trois ans, son nouveau stade lui permettra de générer encore plus de bénéfices.

Mais c’est aussi un placement risqué. Le nouveau stade peut être un levier intéressant, mais le Club espère le voir sortir de terre depuis quinze ans. La Ligue des Champions constitue une rentrée d’argent conséquente, mais que se passera-t-il si les règles changent au détriment des formations belges? Le Club le répète à l’envi: il espère pouvoir régler tous ces aspects. Et quid si la BeNeLigue ne voit pas le jour? Car ce n’est pas un hasard si l’Ajax, cet autre club coté en bourse, en est un fervent partisan aussi…

D’autre part, trois femmes vont intégrer le nouveau conseil d’administration. Le Club se conforme ainsi aux directives – non assorties d’exigences – de féminisation, mais il acquiert aussi plus d’aura internationale et d’expertise médiatique, le domaine de Lucy Quist et de Sangeeta Desai. Le Club préfère gérer ses canaux plutôt que d’enrichir de grandes plate-formes américaines en leur confiant la diffusion de sa communication.

C’est le point central de cette entrée en bourse: plus de crédibilité internationale. Comme par le passé, l’audace de Verhaeghe surclasse le reste du pays. Cette cotation sera la bienvenue quand il faudra emprunter de l’argent pour la construction du stade. Et elle sera tout aussi utile pour enrôler la prochaine future pépite.

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