La Gantoise: comment Laurent Depoitre a transformé son jeu pour s’adapter

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Un homme qui a un jour associé Ivan Santini et Elimane Coulibaly à l’attaque de son Courtrai ne pourra pas nier qu’à ses yeux, la taille compte. Parce qu’il culmine au-delà du mètre nonante, c’est donc sans surprise que Laurent Depoitre est un atout particulièrement précieux pour son coach Hein Vanhaezebrouck, même si l’attaquant tournaisien est loin de sa folle année 2015, bouclée sur le podium du Soulier d’Or et dans la peau d’un Diable rouge. Déjà loin d’être le plus grand des buteurs à son apogée, avec une saison référence flashée à seize buts toutes compétitions confondues, le déménageur des Buffalos est bien plus précieux pour le jeu de ses couleurs que pour alimenter le marquoir. Cette saison, Alessio Castro Montes ou Julien de Sart, pourtant positionnés bien plus bas sur l’échiquier gantois, ont d’ailleurs fait trembler les filets aussi souvent que lui.

Les Gantois n’hésitent pas à choisir la voie des airs. Une route qui mène presque systématiquement au front de Depoitre.

Pour franchir le rond central avec le ballon, les hommes de Vanhaezebrouck ne s’embarrassent pas toujours de longues séquences de possession. Avec près de 12% de passes longues, les pensionnaires de la Ghelamco Arena n’hésitent pas à choisir la voie des airs. Une route qui mène presque systématiquement au front de Depoitre, aux portes du top 10 des joueurs qui remportent le plus de batailles aériennes sur les pelouses belges. Avec 52,9% de duels aériens gagnés et 61% de passes longues réussies, les Gantois sont d’ailleurs les plus efficaces de l’élite dans ce domaine, et peuvent éviter le trafic autour du rond central pour s’inviter plus rapidement aux abords de la surface adverse.

Là, Depoitre a changé. L’attaquant qui aimait partir vers le flanc droit pour s’associer avec Thomas Foket, et abandonner l’axe aux infiltrations de Sven Kums ou de Danijel Milicevic est aujourd’hui un véritable point d’ancrage, appelant bien plus souvent dos au jeu que face à l’espace. Vanhaezebrouck a donc rapproché de son pivot ses hommes de déséquilibre, offrant au Tournaisien la possibilité de s’appuyer sur Vadis Odjidja ou Roman Bezus entre les lignes ou de nettoyer le terrain pour les actions du déséquilibriste Tarik Tissoudali. Depoitre est bien plus souvent la première cible, et bien plus rarement la dernière, laissant ce rôle à un compère offensif qu’il a déjà servi à neuf reprises sur la route du but adverse cette saison.

Paradoxalement, l’expérience permet pourtant au géant de la Ghelamco de mieux sentir les coups à proximité du but adverse, prenant rarement sa chance dans des zones où le taux de conversion est faible. Seules deux de ses cinquante dernières frappes au but sont ainsi parties de l’extérieur de la surface. Sans pour autant faire décoller le compteur. Parce qu’il y a des choses qui ne changent jamais.

Chiffres

6%

Laurent Depoitre n’a fait trembler les filets que sur trois de ses cinquante dernières tentatives au but. Un taux de conversion de 6% insuffisant pour être considéré comme un buteur.

8,35

En disputant un peu plus de huit duels aériens par match, le champion de Belgique 2015 s’invite aux portes du top 10 de l’élite en la matière, dominé par le Courtraisien Habib Gueye.

5,04

Le football dominant de Gand permet à son pivot d’être le douzième joueur à toucher le plus souvent le ballon dans la surface adverse cette saison. Et le deuxième Gantois après Tarik Tissoudali.

2,3

Avec une moyenne de 2,3 tirs par rencontre, il n’est que le troisième Buffalo dans cet exercice.

1,15

S’il est souvent présent à la dernière passe pour ses coéquipiers, le Tournaisien ne les mets pas pour autant dans des positions de but optimales, avec seulement 1,15 expected assist délivré cette saison.

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