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D’une formation au Standard à l’Olympiacos en passant par la Corse et Malines: retour sur le parcours tortueux d’Hugo Cuypers, le nouvel attaquant de La Gantoise

Après des passages par Ergotelis, l’Olympiacos,Ajaccio, Hugo Cuypers s’est épanoui au FC Malines et continuera sa progression la saison prochaine en Jupiler Pro League, du côté de La Gantoise.

Hugo Cuypers est la nouvelle recrue de La Gantoise. Cet attaquant collectif et travailleur devra renforcer l’attaque gantoise avec un profil assez similaire à Laurent Depoitre. La saison passée, celui qui a marqué 13 buts et délivré 10 buts pour le compte du FC Malines, était pourtant un véritable pari. Retour sur une carrière tortueuse dessinée entre Liège, Athènes et Ajaccio.

Au printemps 2021, l’agence de joueurs Eleven Management, dirigée par Jacques Lichtenstein, croulait sous les demandes concernant la situation contractuelle de Hugo Cuypers (24 ans). Mais Tom Caluwé, le directeur sportif de Malines, a dribblé tout le monde, y compris des clubs de D2 allemande. Par le passé, Malines s’était déjà adressé à Olympiacos, mais le président Evangelos Marinakis n’avait rien voulu entendre.

Le 26 septembre 2020, Cuypers était titularisé contre Panetolikos et le magnat des médias grecs avait alors décidé qu’il ne pouvait pas partir. « On avait un accord avec un club néerlandais », raconte Yves Cuypers, le père du joueur. « Au lendemain du match contre Panetolikos, Hugo a pris le chemin de l’aéroport. Il devait passer les tests médicaux le lendemain, mais le directeur de l’Olympiacos l’a appelé pour dire que tout tombait à l’eau. Hugo a accepté sans broncher, il ne pouvait rien y changer. »

Pour Cuypers, ce n’était qu’un chapitre de l’histoire qu’il était en train d’écrire en Grèce. Tout avait commencé en 2017, avec son passage à Ergotelis, en D2. Il avait terminé deuxième buteur du championnat, puis l’AEK Athènes et Olympiacos s’étaient fait la guerre pour s’arracher ses services, ce qui l’a conduit à rester un an sur la touche. Finalement, son transfert pour le club du Pirée a été validé. « Je suis peut-être subjectif, mais je ne connais pas beaucoup de joueurs de son âge qui auraient surmonté autant d’obstacles », dit Yves Cuypers. « Mais Hugo sait ce qu’il veut et il ne dévie pas de sa trajectoire. Qui signerait dans un club de D2 grecque sans même s’y être rendu auparavant? Hugo est comme ça, il est prêt à tout pour atteindre son objectif. Ne me demandez pas jusqu’où il veut arriver, car il garde ça pour lui. »

UNE CARRIÈRE ENTRE PARENTHÈSES

Des coups durs, Hugo Cuypers en a connu beaucoup. Adolescent, il a dû arrêter de jouer pendant un an à cause de la maladie d’Osgood- Schlatter ( une inflammation au niveau du tendon d’Achille et du tibia, ndlr). Lorsqu’il était au Standard, il a souffert de pubalgie ( voir encadré). En 2018-2019, alors qu’il venait de terminer à la deuxième place du classement des buteurs de D2 grecque, Ergotelis et son président Maged Samy, qu’on a bien connu au Lierse, voulaient à tout prix le vendre à l’AEK Athènes. Cuypers voulait aller à Olympiacos. Il n’a pas cédé au chantage et a préféré rester un an sur la touche. Il a sacrifié une saison, mais est resté fidèle à ses principes.

« Quand Hugo a une idée en tête, on ne le fait pas changer d’avis », dit Dimitri Lowette, son ostéopathe et mentor. « Je lui ai pourtant dit qu’il laissait passer sa chance. Il a eu l’audace de mettre sa carrière entre parenthèses parce que la route qu’on voulait lui faire suivre n’était pas celle qu’il avait déterminée. Il s’en est bien sorti, mais il a pris des risques. »

Il n’a pas réussi à s’imposer à Olympiacos. Au cours de sa première saison, il a été prêté à Ajaccio, un club de Ligue 2 dont l’entraîneur axait tout sur la défense. La saison dernière, le Liégeois n’a pu rivaliser avec Youssef El Arabi et Ahmed Hassan, mais selon Lowette, il n’a jamais perdu les pédales. « Beaucoup de jeunes sont nerveux, impatients et font n’importe quoi. Hugo est toujours resté calme. Bien sûr, il regrettait de ne pas jouer plus, mais il disait qu’il faisait de son mieux et se donnait à fond à l’entraînement. Personne ne pouvait lui faire de reproches quant à son attitude. »

Il a aussi profité de son séjour en Grèce pour apprendre la langue et s’est lié d’amitié avec le Français Yann M’Vila ainsi qu’avec le gardien islandais, Ögmundur Kristinsson.

MARQUER CONTRE LE STANDARD

Son nom a également été cité au Standard, le club pour le compte duquel il avait inscrit plus de trente buts en U19. Mais il ne faisait pas l’unanimité. Qu’à cela ne tienne: le Standard n’est plus le club de son coeur et il ne rêve pas d’un retour à Sclessin. « On a entendu les rumeurs de retour », dit Yves. « Ma femme et moi lui avons dit qu’il devait refermer définitivement ce chapitre. S’il y retourne, ce sera pour faire trembler les filets de leur gardien. »

À Malines, c’est la première fois que Cuypers entame la préparation dans le club où il jouera. C’est aussi le premier club pro qui croit vraiment en lui. À 24 ans, c’est maintenant ou jamais. « On attend beaucoup de lui, car on le considère comme titulaire à part entière », dit son agent, Scott Lichtenstein. « J’imagine que ça le motive. Il ne considère pas sa période à l’étranger comme un échec. Il a eu la chance de jouer pour un des plus grands clubs d’Europe et ça l’a aidé à arriver au niveau qui est le sien aujourd’hui. »

« Hugo ne plane pas »

Dimitri Lowette a fait partie du staff de Marc Wilmots à la Coupe du monde 2014 et à l’EURO 2016. Il a également accompagné l’ex-sélectionneur en Côte d’Ivoire et en Iran, avant de prendre part à la Coupe d’Asie 2019 avec la Jordanie de Vital Borkelmans. Il a donc travaillé avec beaucoup de grands joueurs, mais Hugo Cuypers est un de ceux qui l’ont le plus impressionné. Reno et Marten, les deux fils Wilmots, étaient amis avec Cuypers. À 17 ans, le Liégeois faisait parler de lui dans les équipes d’âge du Standard.

À l’époque déjà, Cuypers était beaucoup plus discipliné que les autres joueurs. Il avait un objectif et était conscient que pour l’atteindre, il devait faire des sacrifices. « Ce n’est pas quelqu’un qui plane », dit Lowette. « Il ne pense pas que son talent lui suffira pour arriver au sommet. » Lowette se souvient des six mois au cours desquels il a soigné Cuypers pour une pubalgie. Il lui avait donné un programme qu’il a suivi pratiquement seul, tant il était motivé.

Pour ses 18 ans, sa mère a organisé une fête-surprise dans un restaurant de Tongres. Beaucoup de joueurs auraient considéré cet anniversaire comme une étape importante de leur vie, mais pour Cuypers, c’était un jour comme les autres. « Quand je lui ai dit que c’était sympa de la part de sa mère de nous avoir invités, il m’a répondu: Je n’aurais pas voulu qu’il en soit autrement« , dit Lowette. « Ça, c’est du Hugo tout craché. »

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