Jacques Sys

L’Europa League, un gros test pour Bruges

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Découvrez l’édito de notre rédaccteur en chef Jacques Sys.

Bruges écrase le championnat de Belgique, ça on le sait. Mais que vaut-il sur la scène européenne? Son match de ce jeudi sur le terrain du Dynamo Kiev devrait permettre d’y voir plus clair. Le Club garde l’ambition de jouer un rôle significatif en Europa League, ersatz de cette Ligue des Champions avec son fameux jackpot. Mais le chemin est encore long. À court terme, il sera difficile de combler les écarts de budget avec des équipes d’autres pays, et la crise sanitaire n’a rien changé à la situation.

Dans ce magazine, le Club est analysé par ses rivaux belges. C’est un ouragan qui balaie tout sur son passage, une équipe encore meilleure et plus costaude que celle qui avait enchanté sous la baguette de Trond Sollied. Dans tous les médias, on loue le niveau des Blauw en Zwart. Là-bas, on a une politique claire et une façon efficace de faire des transferts avec Noa Lang comme tête de pont la plus récente. L’arrivée de ce Néerlandais rappelle une période où le Club excellait dans l’art de se renforcer, même s’il a aussi commis des erreurs de casting lors des dernières saisons. Aujourd’hui, le risque existe, à cause de Bruges, que les prochains play-offs 1 ne servent pour ainsi dire à rien. Il est à son plafond en Belgique. Mais il veut continuer à grandir.

Faute de nouveau stade, Bruges est toujours freiné dans sa progression.

Pour y parvenir, il faudra réussir des coups sur la scène européenne. Évidemment, on n’attend plus que Bruges en refasse un comme celui réalisé en 1978 quand il s’était hissé en finale de la Coupe des clubs champions. Avec la plus belle équipe de son histoire. Plus jamais, par la suite, on n’a vu une telle symbiose de talent, puissance, engagement, endurance,… On est nostalgique quand on repense, aussi, à ce match de demi-finale de C1 quand le Club, battu 1-0 à l’aller par la Juventus, avait aligné quatre attaquants au match retour pour se qualifier (2-0).

Mais le Club continue à être freiné dans ses envies de grandir. Le mois dernier, on a « célébré » le quatorzième anniversaire des premiers plans d’un nouveau stade. Aujourd’hui, la première pierre n’a toujours pas été posée. Les plans sont là, mais on attend toujours de passer à la phase de concrétisation. Alors qu’un nouveau stade constitue la base pour une progression sportive, économique, sociale. On estime que Bruges pourrait faire passer son nombre d’abonnés à 30.000 s’il possédait une nouvelle arène. On a déjà perdu beaucoup de temps. Et il est incompréhensible qu’un dossier pareil continue à s’enliser à cause du politique, pendant que dans toute l’Europe, on stimule la construction de nouvelles infrastructures sportives.

Malgré ces retards, le Club donne une image de plus en plus professionnelle. Il est loin, le temps du folklore, le temps où Antoine Vanhove s’incrustait dans un mariage pour faire signer un contrat au jeune Marc Degryse. Par contre, l’enthousiasme populaire, l’amour des supporters pour leurs couleurs, n’a jamais changé.

Il y a peu d’équipes, chez nous, qui reçoivent un tel soutien de la part de leur public, peu d’équipes autant poussées par le douzième homme. Alors, il a fallu s’habituer, cette saison, aux matches à huis clos. Ça a coûté des points en début de championnat, quand Bruges s’est incliné à domicile contre Charleroi puis le Beerschot. On a même décelé un peu de nervosité au Club dans ces moments-là. Y compris dans le chef du toujours placide Philippe Clement.

Entre-temps, la machine a retrouvé son rythme. Les Brugeois sont invincibles chez nous. Et on attend donc de voir ce qu’ils ont dans le ventre sur la scène du théâtre européen. Ces deux confrontations avec le Dynamo Kiev promettent d’être riches en enseignements.

Philippe Clement
Philippe Clement© BELGAIMAGE

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