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L’analyse de Marc Degryse: « L’élégance est chez Preud’homme, mais Hasi a d’autres mérites »

Marc Degryse

Pour le chroniqueur de Sport/Foot Mag, Marc Degryse, Anderlecht champion d’automne, ça ne veut rien dire, ce titre est à peine symbolique. D’ailleurs, si on regarde la qualité du foot produit, c’est à Bruges qu’il faut envoyer les lauriers.

Le jeu attractif est chez Michel Preud’homme, on vient encore d’en avoir deux illustrations avec les larges victoires à Copenhague et contre Westerlo. Et même si le classement est serré, ce qu’on voit après la moitié de la phase classique me confirme ce que je pensais pendant les grandes vacances : Anderlecht et Bruges se disputeront le titre.

L’élégance est donc chez Preud’homme, mais Besnik Hasi a d’autres mérites. Sa réussite à lui, elle passe plutôt par la mentalité qu’il a su réinstaurer dans son groupe. Ce n’est plus du tout le spirit de l’ère John van den Brom. Hasi n’encombre pas la tête de ses joueurs en leur demandant de favoriser le style, en leur imposant du tic-tac foot, il veut surtout des gars qui se bougent. Ça a très bien marché à Arsenal puis à Gand. Et au-delà de cette mentalité retrouvée, je constate que plusieurs joueurs sont maintenant transformés, transfigurés. Dans certains cas, c’est dû à un repositionnement bien pensé.

Après son expérience à gauche, Dennis Praet a retrouvé l’axe du jeu et il s’y éclate. Il n’a pas du tout le profil du médian axial qui reste dans le rond central, il joue vers l’avant et il fait aussi un gros boulot défensif. Le fait qu’il ait été un des meilleurs joueurs du match à Arsenal, ça veut dire beaucoup. Sa première convocation par Marc Wilmots est une étape dans le processus qui devrait le mener très vite dans un meilleur championnat. Aleksandar Mitrovic renaît, lui aussi. J’avais été le premier à le critiquer pour ses problèmes de poids, mais aujourd’hui, on voit le vrai Mitrovic. Il a une saine agressivité, il fait la guerre dans le rectangle, il s’arrange pour toucher le ballon avant son adversaire direct (la meilleure preuve, c’est son but à Londres), il se place entre la balle et l’homme, il gagne ses duels de la tête. Il semble avoir compris qu’un entraînement ne sert pas seulement à occuper son temps, qu’il faut travailler.

Deschacht doit accepter qu’il est meilleur dans l’axe et Acheampong, qu’il est fait pour le back gauche

Mais ce qui me plaît encore plus dans l’Anderlecht actuel, c’est la composition de la défense. Il faut que Frank Acheampong et Olivier Deschacht se persuadent d’une chose : Acheampong est fait pour une carrière au back gauche et Deschacht est meilleur dans l’axe. Deschacht a plus de qualités défensives qu’offensives et c’est mieux qu’il laisse sa place sur le flanc à un gars qui produit du danger vers l’avant. Acheampong sait le faire, à une seule condition : il doit être aidé, avoir devant lui un joueur qui assume aussi sa part de récupération. Avec Ibrahima Conte, on n’y est pas encore. Hasi a raison quand il dit qu’il ne supportera plus que Conte rate ses débuts de matches et place ainsi le back gauche en difficulté. Ce joueur doit arrêter de croire qu’il peut tout résoudre avec sa technique. Tout le monde doit bosser, et ce message-là, Hasi arrivera à le faire passer dans tout le noyau.

PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE DANVOYE

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