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Jordan Botaka: « Quand on sait d’où je viens, Charleroi, pour moi, c’est comme jouer au Real Madrid »

Placardisé à Gand, il revit à Charleroi. Attaquant, ailier, numéro 10 ou back droit, Jordan Botaka vadrouille avec autant d’aisance sur les prés de Pro League que sur la carte du Royaume.

1. Jordan, on a compté, en tout, tu as bossé avec 21 coaches différents depuis tes débuts pros. De Philippe Clement à Marc Brys, en passant par Jon Dahl Tomasson à l’Excelsior Rotterdam… En quoi Karim Belhocine est-il différent?

Comparé à beaucoup de ceux que j’ai connus, Karim, c’est sa jeunesse qui surprend. Il met vraiment toute son énergie, toute sa passion dans son métier. Si tu ne le connais pas, tu vas peut-être te dire que c’est un coach agressif. Parce qu’il crie beaucoup. Quand tu apprends à le découvrir, tu te rends vite compte que c’est juste de la chaleur, de l’amour qu’il cherche à transmettre. Parce que plus que tout, il aime le foot, il aime les gens. Et il ferait tout pour ses joueurs. Moi, j’aime bien fonctionner avec des coaches comme ça. Ce sont d’abord des humains.

2. À Saint-Trond, Marc Brys vous remerciait souvent, Yohan Boli et toi, d’être des leaders naturels dans le vestiaire. Dans tous les clubs où tu es passé, tu as toujours eu ce rôle-là?

Je ne crois pas que tu deviennes un leader. C’est dans le sang. Il y a une part de grâce à pouvoir parler avec tout le monde, à faire ça bien. Moi, personnellement, je suis assez bon là-dedans parce que je suis très sociable. C’est naturel chez moi, je ne me force pas. Mais à Charleroi, on est beaucoup à être dans ce moule-là. Je ne pense d’ailleurs pas que ce serait possible de faire la saison qu’on fait actuellement s’il n’y avait pas suffisamment de gars capables de prendre leurs responsabilités dans cette équipe. Des leaders, tu en as surtout besoin quand ça va moins bien. Ici, quand je suis arrivé, l’équipe n’avait plus gagné depuis un petit temps, mais je n’ai jamais eu l’impression de mettre les pieds dans un vestiaire de perdants. Ils n’étaient pas dans ce mood-là. À l’entraînement, il y avait une bonne ambiance. Ce n’est pas un hasard. Ça prouve qu’il y a des gars qui, l’air de rien, font en sorte de préserver un équilibre. C’est capital.

Pour Karim Belhocine, ma polyvalence est un atout, mais il n’oublie pas qu’à la base, je suis un ailier voire un attaquant ou un numéro 10.

Jordan Botaka

3. Brys, c’est aussi l’homme qui a transformé le Jordan Botaka attaquant en arrière droit. Un poste auquel te confirme aujourd’hui Karim Belhocine. À l’époque de ton replacement, tu avais assimilé ça à une petite gifle. Tu t’y es fait aujourd’hui?

Non, pas encore. Avant de signer, j’ai eu un long entretien avec Karim Belhocine. On a parlé de beaucoup de choses, de ma position future aussi forcément. Il a été très clair. Pour lui, ma polyvalence est un atout, mais il n’oublie pas qu’à la base, je suis un ailier voire un attaquant ou un numéro 10. Ici, dans un premier temps, je savais qu’avec les blessures, je serais amené à dépanner à l’arrière droit, ça ne me dérange pas. Dans le football moderne, tu dois être capable de jouer à plusieurs postes. Avec Brys, j’évoluais en tant que wing back dans un 3-5-2 ici, je suis un vrai arrière droit, c’est encore différent. Mais si ça aide le groupe, OK, pas de problème. Mais je ne me considérerai jamais comme un défenseur.

4. Charleroi s’est fait sortir par Gand en huitième de finale de la Coupe ce jeudi. Un match auquel tu n’as pas pu prendre part suite à un accord entre les deux clubs. C’est un regret de ne pas avoir pu montrer tes qualités à Hein Vanhaezebrouck?

On peut avoir du respect pour les gens, mais ne pas accepter leurs décisions. C’est ce qui s’est passé avec Vanhaezebrouck et c’est pour ça que je suis parti. La vérité, c’est que je n’ai jamais eu de discussion avec lui, pas un message, rien du tout. Le coach Vanhaezebrouck est comme ça, on le sait. Ce n’est pas un coach qui communique beaucoup. Je respecte, chacun a sa vision des choses. Mais pour moi, à partir du moment où je ne suis plus son joueur, je n’ai plus rien à lui prouver. Donc non, je ne voulais pas à tout prix jouer ce match pour Vanhaezebrouck. Par contre, ça m’aurait fait plaisir de jouer pour me retrouver face à mes anciens coéquipiers, qui pour certains sont devenus des amis.

5. Plus jeune, Yannick Ferrera, à Anderlecht, et certains formateurs à Bruges t’estimaient trop court pour devenir pro. Être devenu une valeur sûre de D1, c’est une revanche?

Je suis surtout fier de mon parcours. Les gens ne connaissent pas toujours ma vie en détail. Mais si tu vois d’où je viens, si tu connais mon histoire, tu te dis que jouer à Charleroi, pour moi, c’est comme jouer au Real Madrid. Parce que ça me permet de prendre soin de ma famille. Et pour moi, c’est le plus important.

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