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Jess Thorup : « Gand est toujours capable de concurrencer Bruges »

Son limogeage à La Gantoise n’a pas rendu Jess Thorup amer. Il revient sur les faits.

Après quelques jours de silence radio, et s’être ressourcé au Danemark, Jess Thorup a accepté de revenir sur son expérience à La Gantoise.

Si c’était à refaire, que changeriez-vous ?

Jess Thorup : Après une semaine de repos, j’en suis arrivé à la conclusion que je n’aurais pas dû (ou pu) agir différemment. Lorsqu’on subit un licenciement, c’est bien de prendre un peu de distance et de tirer des leçons qui peuvent servir pour la suite de sa carrière. Je ne peux rien changer au passé. Par contre, je peux éventuellement changer l’avenir.

Qu’avez-vous appris, en deux années à La Gantoise ?

Thorup : Qu’il est important d’avoir une équipe autour de soi. Lorsque j’ai commencé à Gand, je n’avais pas une équipe, mais une trentaine d’individus. La première chose que j’ai travaillée, c’est l’esprit d’équipe. Et je ne parle pas seulement du staff technique. Je ne suis pas le genre d’entraîneur qui emmène son propre staff de cinq hommes chaque fois qu’il débarque dans un nouveau club. J’estime qu’en tant qu’entraîneur, il faut aussi pouvoir travailler avec les gens du club. Ils possèdent l’ADN du club et cet ADN doit rester au sein du club, il ne faut pas vouloir l’introduire de l’extérieur.

Ce fut une expérience intéressante de pouvoir travailler dans une compétition qui se situe juste en-dessous des grands championnats européens. Il y a dix ans, les Danois suivaient beaucoup le championnat des Pays-Bas, car c’est de là que provenaient tous ces bons footballeurs. Mais, ces dernières années, l’attention s’est déplacée vers la Begique, car vous êtes devenu les n°1 mondiaux. Chacun se demande : quelle est la recette du succès? L’intensité du jeu et la qualité des joueurs sont élevées en Belgique. Un joueur qui fait partie des meilleurs en Belgique, peut réussir dans un grand championnat.’

Très bien, mais que pensez-vous de l’encadrement ? Vous avez débarqué au moment où éclatait le Footbelgate.

Thorup : Je l’ai directement remarqué lors de ma conférence de presse de présenation. Peu de questions me concernaient directement, la plupart étaient liées au scandale. À ce moment-là, j’avoue que je me suis demandé : mais où ai-je mis les pieds? Cette affaire n’a jamais influencé mon travail. Simplement, c’est négatif pour l’image du football belge. Ce que je trouvais étrange, c’est qu’on ne savait jamais à quel moment une décision allait tomber.

Jonathan David.
Jonathan David.© belga

Vous avez déclaré dans les journaux qu’il existait une manière de remplacer Jonathan David. Quelle est-elle ?

Thorup : J’avais un plan, mais je ne vois plus l’utilité de le révéler. On ne peut pas, simplement, mettre une autre joueur à sa place. Il faut parfois changer la manière de jouer. Ce n’est pas un appareil que l’on va acheter en magasin et qui se met en marche dès que l’on pousse sur le bouton. Il faut y travailler, et cela demande du temps. J’étais certain de pouvoir trouver une solution, mais je ne savais pas si cela durerait deux semaines ou deux mois.

Au début du championnat, La Gantoise a semblé accuser le coup. Avez-vous sous-estimé l’impact du départ de David sur le groupe ?

Thorup: Non, parce que nous savions que son départ était une possibilité. Simplement, nous ne savions pas à quel moment il se produirait. Nous en avons souvent discuté, avec les autres joueurs, mais aussi avec David lui-même. Je lui ai demandé de garder les pieds sur terre. Et, de fait, il ne s’est jamais épanché dans la presse, et n’a jamais fait de folies, durant cette période.

Mais vous ne l’avez pas aligné.

Thorup : C’était un accord que nous avions pris avec le club et avec lui. Ce n’est pas uniquement ma propre décision.

Si vous aviez été maître de vos choix, l’auriez-vous aligné ?

Thorup : Je préfère ne pas répondre à cette question. C’est une décision collective.

Êtes-vous étonné de l’éclosion de David ?

Thorup : Lorsque je suis arrivé, il n’était pas encore un titulaire, mais on sentait déjà que lorsqu’il arrivait aux abords du rectangle, quelque chose allait se produire. Au départ, il donnait l’impression d’être un pur attaquant, mais il ne faut pas uniquement s’intéresser à son évolution personnelle, il faut aussi conserver un équilibre dans l’équipe. Je n’avais encore jamais travaillé avec un carré dans l’entrejeu, mais tout s’est imbriqué lorsque j’ai aligné un numéro six, deux numéros huit sur les côtés et David en numéro dix. Tout le monde s’est rendu compte de son apport au niveau des buts, des assists et des courses.

La saison dernière, nous étions l’une des meilleures équipes du pays.

Un détail n’a échappé à personne: La Gantoise a énormément investi dans l’achat de nouveaux joueurs, mais aucun d’entre eux n’a été titularisé au début du championnat. Estimez-vous qu’ils n’étaient pas assez bons, ou pas encore assez bons?

Thorup : La saison dernière, nous étions l’une des meilleures équipes du pays. Il ne faut pas vouloir changer pour changer. Ce qui est bon, il faut le garder. Les nouveaux joueurs ne doivent pas être titularisés, simplement parce qu’ils sont nouveaux. Certains nouveaux joueurs étaient très proches d’une titularisation, mais ils n’ont pas été alignés parce qu’ils se sont blessés en préparation, par exemple.

Pensez-vous qu’avec le départ de David, La Gantoise ait toujours le niveau pour concurrencer Bruges, ou aurait-il été préférable de revoir les ambitions à la baisse ?

Thorup : Je ne vois pas pourquoi il faudrait revoir les ambitions. Gand peut toujours menacer Bruges, selon moi. Personnellement, j’ai toujours confiance dans le reste de l’équipe, même sans David. Gand possède toujours une très bonne équipe. Mais il ne suffit pas d’être une bonne équipe, il faut aussi apprendre à penser comme une bonne équipe. Se persuader que l’on a les qualités pour se hisser au niveau de Bruges. Un exemple ? Lors des deux premiers matches, nous avons toujours été menés, et nous avons alors voulu forcer les choses. Nous nous disions : Nous sommes les concurrents de Bruges, nous devons rapidement renverser la situation. Dans ces moments-là, il faut pouvoir réagir en équipe et se dire : du calme, tout rentrera dans l’ordre. Une mentalité de vainqueur, ça s’apprend.

Avez-vous le sentiment d’avoir perdu du crédit après la finale de la Coupe de Belgique perdue contre Malines ?

Thorup : Pas vraiment. J’étais très déçu. Parfois, on apprend plus d’une défaite que d’une victoire.

Certaines choses vous ont-elles surprises durant votre période à Gand ?

Thorup : J’avais une relation très spéciale avec le public. Le courant est directement passé. Je l’ai aussi constaté chez les joueurs. Ils aimaient jouer à la Ghelamco Arena, car ils ressentaient des ondes positives. J’avais la même relation avec les joueurs. Leurs réactions, après mon licenciement, me laissent penser que nous avons construit quelque chose de bien, ensemble.’

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