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Jean-Marc Bosman a été un grand espoir du football belge, mais il a raccroché les crampons il y a 25 ans

Au printemps 1990, la nouvelle ne fait l’objet que d’un petit écho dans la presse sportive, mais elle va se révéler lourde de conséquences: le FC Liège annonce ne pas prolonger le contrat deJean-Marc Bosman, qui arrive à son terme.

En deux ans pour les Sang et Marine, il dispute 24 matches de championnat, dont douze comme titulaire, plus quelques matches de Coupe d’Europe. L’entraîneur liégeois, Robert Waseige, un parent éloigné des Bosman, dit au père du joueur: « Nous n’allons pas le laisser partir gratuitement. »

Celui qui veut embaucher Bosman devra s’acquitter de 300.000 euros. En 1988, Liège a versé 75.000 euros au Standard, le club auquel il était affilié depuis ses dix ans et avec lequel il avait effectué ses débuts en première division le 14 avril 1984, dans un match contre le FC Beringen. « Avant la dernière saison, René Desaeyere m’a dit qu’il ferait de moi un international, mais je n’ai pas joué une demi-heure en équipe première cette année-là. »

Pourtant, au début des années 80, Bosman est considéré comme un grand espoir du football belge. Il est abonné aux sélections nationales d’âge, comme Marc Degryse, Enzo Scifo et Benoît Thans. Marc Van Der Linden et Bart Maes, un jeune talent du Club Bruges, évoluaient en attaque.

Bosman est un numéro 10 à l’ancienne, fin technicien, mais son rayon d’action est limité. Il participe à deux championnats d’Europe avec les Espoirs. À l’EURO anglais, Guy Thys l’encourage: « Si tu continues comme ça, tu seras rapidement Diable rouge. »

Il fait partie du noyau du Standard en 1983-1984, où il admire particulièrement Eric Gerets et Simon Tahamata. Suite au scandale de février 1984, il intègre l’équipe première, comme plusieurs autres jeunes, mais il plafonne.

En 1990, quand il apprend que son contrat à Liège ne sera pas reconduit, son manager le tranquillise: il va tout arranger avec Seraing, qui vient d’être repris par Gérald Blaton. Quelques minutes après minuit et la clôture de la période des transferts, il apprend quel e sien a échoué.

Bosman, qui gagne 1.875 euros par mois à Liège, primes non comprises, est placé devant un choix: accepter le contrat minimum de 750 euros bruts par mois, ou être suspendu un an, sans rien gagner. À cette époque, les sportifs belges n’ont pas droit au chômage.

Finalement, Dunkerque, un club de deuxième division française, est prêt à le louer un an et à verser 30.000 euros au FC Liège, à condition que celui-ci donne son feu vert avant le 5 août. Le président liégeois, André Marchandise, refuse: il doute de la solvabilité du club français. Bosman se retrouve coincé.

La fille d’un habitant de sa rue sort avec un jeune avocat stagiaire prometteur, un certain Jean-Louis Dupont. Il est spécialisé en droit européen et effectue son stage au cabinet de Luc Misson, un juriste qui s’est déjà déclaré prêt à combattre les injustices du sport, dont bon nombre de règlements sont en infraction avec la législation. Le monde du football estime que la loi ne compte pas, que le sport constitue une exception et ne peut être considéré comme une activité économique, même quand il s’agit de clubs et de footballeurs professionnels.

Le 19 juin 1991, le tribunal de Liège donne raison à Bosman et lui accorde sa liberté. Nul ne veut de lui en Belgique. Il rejoint donc Saint-Quentin, en D2 française. Quand ce club tombe en faillite, il est confronté à la limitation du nombre d’étrangers, en vigueur dans les autres formations de l’Hexagone. Ses avocats estiment que c’est là une discrimination, puisqu’il est citoyen européen, et se tournent vers la Cour européenne de Justice.

Le 15 décembre 1995, la Cour européenne donne raison à Bosman sur toute la ligne et condamne du même coup tout le système des transferts. Désormais, les footballeurs sont libres au terme de leur contrat (les clubs veillent en toute hâte à ce que leurs meilleurs joueurs ne le soient plus jamais). La Cour met également fin à la limitation du nombre de joueurs issus de l’Union européenne dans les clubs y émargeant. Bosman raccroche ses crampons après l’entrée en vigueur de l’arrêt qui porte son nom. À ce moment-là, il ne gagnait que 1.000 euros par mois au CS Visé, un club de quatrième division.

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