Jean-François Gillet sur le traumatisme de l’EURO 2016: « On savait qu’en cas d’échec, on allait ramasser »

L’EURO 2016 en France et l’élimination sans gloire contre le pays de Galles restera pour toujours le premier trauma de la génération actuelle. Témoin privilégié de l’époque, Jean-François Gillet remonte le temps. Épisode 5 d’une série d’histoires sur les Diables rouges à l’EURO.

Il y a cinq ans, au lendemain de l’élimination face au pays de Galles, tu t’étais confié lors d’un long entretien à Sport/Foot Magazine. Et tu avais eu ces mots: « On avait clairement les qualités pour faire autre chose, pour aller très loin. Peut-être au bout… ». Aujourd’hui que Roberto Martínez est porté aux nues, tu penses que les Diables auraient été champions d’Europe en 2016 avec l’Espagnol?

GILLET: Je n’aime pas l’idée qu’on puisse refaire l’histoire. Moi, je suis gardien et je n’ai jamais aimé ces analyses qui consistent à dire: « Si c’était untel au but, il l’aurait eu. » Comme sur le but de Thorgan en huitièmes contre le Portugal avec Rui Patrício: « Ah, mais si c’était Courtois, il l’aurait eue. » Parce que chaque action est différente. Pour revenir au pays de Galles en 2016, je reste convaincu qu’on fait une super première mi-temps, mais qu’on manque d’efficacité, de ce petit brin de chance qui peut faire la différence. Et eux, à l’inverse, sur leur première action dangereuse, sur leur premier corner, ils marquent. Contre le Portugal cette année, Diogo Jota a une occasion incroyable de faire 1-0, il la rate. Et nous, notre premier tir, c’est but. Ce que je veux dire, c’est qu’il y a aussi les planètes qui s’alignent ou pas. Concrètement, je pense que c’est sûr qu’on aurait pu faire mieux en 2016, je crois même toujours qu’on aurait pu le gagner, mais que c’est aussi important de se rappeler que le contexte d’un match change tout. Que ça se joue sur des détails. À partir de là, comparer deux matches ou deux EUROS, c’est compliqué.

Justement, le contexte de l’avant match contre le pays de Galles est assez désastreux. Est-ce que tu as senti un vent de panique avant cette rencontre?

GILLET: Ce n’était pas de la panique, mais de la poisse. Il y a la suspension de Vermaelen pour un dernier tacle au milieu de terrain contre la Suède, la blessure de Vertonghen qui se pète la cheville à la dernière seconde du dernier entraînement, Kompany qui s’était pété juste avant l’EURO. Cette accumulation a pesé sur le groupe, je crois. Soudainement, on se retrouvait sans notre axe défensif titulaire, sans notre côté gauche, aussi. Il n’y avait pas de vent de panique, mais c’est vrai que quand tu as trouvé ta stabilité derrière et que tu as ça qui te tombe dessus, c’est forcément un coup dur. On va dire qu’on a perdu un peu de confiance dans cette succession d’épisodes malheureux.

En 2016, tu disais avoir l’impression que la presse « attendait derrière la porte » pour vous tailler en cas d’élimination. D’où part selon toi la création de ce climat un rien anxiogène?

GILLET: Avant l’EURO, je me souviens d’avoir eu une conversation avec un journaliste, je ne me souviens même plus lequel, qui m’avait dit texto: « C’est clair que pour nous, en-dessous de la demi-finale, c’est une catastrophe. » Ça m’avait marqué. Je m’étais dit que le décor étant planté et je sentais bien que l’on ne nous pardonnerait rien. La voie était tracée. On savait qu’en cas d’échec, on allait ramasser. Mais bon, c’est ça aussi le foot de haut niveau.

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