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 » Je veux que l’Union soit autonome « 

Jules Monnier Jules Monnier est rédacteur pour Sport/Foot Magazine

Lors de l’arrivée de Jürgen Baatzsch comme sponsor de l’Union Saint-Gilloise, le club flirtait avec la relégation en promotion. Aujourd’hui, l’Allemand est l’actionnaire majoritaire du club et les Bruxellois disputent les PO2. Rencontre avec un président qui veut encore faire grandir son club et qui a de la suite dans les idées.

Vous êtes allemand, vous vivez depuis longtemps à Bruxelles et vous avez investi dans un club de foot belge. Il y a d’ailleurs de plus en plus d’étrangers à la tête de clubs belges. Comment expliquez-vous cet attrait ?

BAATZSCH : D’abord, la Belgique a été classée première au classement FIFA dans un passé somme toute récent. Elle est reconnue comme un pays footballistique du top mondial. Les Diables ont manqué d’un peu de chance à la Coupe du Monde mais, pour moi, ils avaient une équipe capable de gagner le tournoi. Deuxièmement, il y a la situation géographique : ce n’est pas loin de l’Angleterre et c’est facile d’accès depuis Paris, Amsterdam, Cologne,… Troisièmement, c’est plus simple d’investir ici qu’en France, où la législation est plus compliquée, ou en Allemagne, où un étranger ne peut détenir la majorité d’un club. Enfin, cela reste bon marché : quand vous possédez un club de D1 belge, vous pouvez parvenir, avec relativement peu de moyens, à le hisser en Europa League. En France, ça vous coûtera vite 30-40 ou même 50 millions.

Vous comprenez que cela puisse faire peur à certains ?

BAATZSCH : C’est la globalisation. Evidemment, les Coréens de Tubize n’ont pas la même culture qu’ici, en Europe occidentale, et c’est plus compliqué pour dialoguer avec les directions d’autres clubs. Si ça ne fonctionne pas, ils partiront et le club tombera par terre. Mais ici, à l’Union, mon but n’est pas de m’enrichir dans le cas où le club dégagerait des bénéfices. Je veux, comme en Allemagne, que le club soit autonome et ne dépende pas d’un investisseur. La vie humaine est limitée tandis qu’un club est supposé durer plus longtemps.

Si vous partez demain, le club survivrait ?

BAATZSCH : Je crois, oui. Avant, ça aurait été plus difficile. Récemment, on a ouvert le capital : une société a acquis 20 % pour 500.000 euros. Les fonds propres sont positifs. Toutes les pertes nécessaires pour en arriver où nous sommes ont été neutralisées par cette augmentation de capital. Vous savez, on ne peut gagner vraiment de l’argent qu’à partir de la D1. Les plus grandes recettes, ce sont les bénéfices exceptionnels, c’est-à-dire les ventes de joueurs. Rajsel en D3, il vaut 50.000 euros, en D2, 500.000 et en D1, 2-3 millions. Les droits tv, c’est déjà beaucoup mieux qu’avant : on touche maintenant 200.000 euros pour les PO2 en plus des 500.000 de base du début de saison.

Donc, à terme, l’ambition c’est la D1A ?

BAATZSCH : Oui. Mais, je ne serais pas contre l’arrivée d’un autre investisseur qui mette de l’argent pour qu’on ait un budget plus conséquent que les 2,5 millions actuels. Parce qu’il faut être réaliste : si on veut aller en D1A, il faudra quand même de sacrés renforts avec des salaires doublés ou triplés par rapport à ceux actuels. Il faudra également renforcer le staff. Pour monter en D1A, il faut avoir les reins solides.

Que pensez-vous de la formule actuelle de la D1B ?

BAATZSCH : Le niveau est excellent, on a la pression de gagner chaque match parce qu’une victoire change tout. Je suis étonné des buts superbes marqués dans cette division, on se rapproche très fortement de la D1A. Je crois que les équipes de D1B ont le niveau des équipes de bas de tableau de D1A. Mon idée, et j’ai d’ailleurs écrit à la Ligue pour la proposer, est de faire passer la D1A et la D1B à 12 clubs chacune. Ou pourquoi pas, si les 16 de D1A refusent de réduire, faire 16-10 ou mieux encore 16-12 ? Regardez Tubize, OHL, le Cercle et Lommel, ils jouent six fois l’un contre l’autre sur la saison. Comment voulez-vous attirer les supporters ? C’est normal que ces gens-là veuillent voir autre chose que toujours les mêmes équipes et les mêmes joueurs qu’ils connaissent par coeur.

Par Jules Monnier

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Jurgen Baatzsch dans votre Sport/Foot Magazine

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