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 » J’ai déjà parié sur mes matches « 

En juillet, plus de 300 joueurs ont entamé la saison de Jupiler Pro League. Chacun avec ses attentes, ses ambitions, son histoire. Une fois par mois, le Footballeur Secret de Sport/Foot Magazine nous dévoile les coulisses de notre compétition.

« Comment dire ? Je suis un fervent parieur. Comme la plupart des joueurs de l’élite. Pourtant, tout le monde sait qu’il est interdit de parier sur des compétitions. Si je me fais pincer, je me retrouve à la rue. Mais il y a tellement de règles dans les contrats actuels… Le mien stipule également que je ne peux pas jouer au foot en salle. J’ai cessé d’y jouer cette année car on peut consulter les compositions des équipes grâce à l’app de la fédération mais il m’arrive quand même de m’y adonner avec mes copains. Autant vous dire que, parfois, la tentation de raccrocher est très forte.

Je n’ai pas l’intention de modifier mon comportement en matière de paris. Quels sont les risques d’être pris ? Il faut déjà laisser de fameuses traces pour être pincé. Pour toute sécurité, j’ai renoncé à mon compte personnel. Je n’ai pas voulu prendre de risques inutiles, suite à l’affaire Olivier Deschacht. Je parie désormais via le compte d’un ami, à moins que je ne passe à l’agence de paris. Mon anonymat est garanti, puisqu’il n’y a pas de contrôle d’identité. Quand il s’agit de grosses sommes, j’envoie des amis ou des membres de ma famille miser l’argent dans différentes agences. Allez retracer ça…

Je suis un parieur fervent. Comme une grande partie des joueurs de première division.

Je possède toujours un abonnement VIP chez K James, un pronostiqueur professionnel mondialement connu des footballeurs. Comme ses collègues, il est associé à un bookmaker officiel et il perçoit une commission sur chaque abonnement. Le pourcentage de réussite est très élevé chez un pronostiqueur – 70 à 80 % de ses prévisions se réalisent – et on paie une somme unique de 50 euros maximum pour avoir recours à ses services. Il semble qu’il vive à Dubaï et qu’il amasse pas mal d’argent. Je comprends donc pourquoi il compte autant de suiveurs parmi les footballeurs belges. Encore qu’on le soupçonne d’être de mèche avec un bookmaker.

Un job à temps plein

J’ai chopé le virus du pari il y a environ cinq ans. Tout a commencé innocemment : je n’avais pas encore de compte en ligne. Je pariais tout au plus vingt euros par semaine dans une agence proche du domicile parental. J’y consacrais beaucoup de temps : j’étudiais les classements, je consultais les statistiques des équipes jouant à domicile et j’avais même téléchargé une app pour consulter les compos d’équipes. C’était un job à temps plein ! Mais je me cantonnais aux matches des grands clubs européens. Jusqu’à ce que je découvre la Bundesliga autrichienne. Le Red Bull Salzbourg et son attaquant-vedette Sadio Mané pulvérisaient leurs rivaux et on pouvait gagner gros en pariant sur la victoire de l’équipe avec un handicap. En clair, une victoire par plusieurs buts d’écart.

J’éprouve toujours une profonde reconnaissance au Red Bull Salzbourg et aussi au Shakhtar Donetsk. (Rires) Ces deux clubs ont bien alimenté mon compte en banque. J’avais alors un petit contrat et je faisais ça pour l’argent. À un moment donné, mon équipe allait tellement mal que je pariais sur mes propres matches. Sur nos défaites. Je n’en suis pas fier mais que faire quand on passe à côté d’une prime de victoire semaine après semaine ? Les paris me rapportaient entre 500 et 1.000 euros par mois. Il y a quelques années, j’ai gagné le jackpot : un gain de 1.400 euros pour une mise de 50 euros. Je faisais alors partie d’une bande de parieurs acharnés au sein de l’équipe. À l’issue de l’entraînement, nous échangions des trucs. Quelques Français nous ont ainsi tuyautés sur la Ligue 2 et nous leur avons recommandé quelques clubs belges sur lesquels parier.

Je ne suis heureusement plus aussi fanatique qu’au début de ma carrière. À un certain moment, j’épluchais les paris en football pendant la journée et les matches de NBA et de NFL, le hockey américain, la nuit. Les cotations en basket sont intéressantes et on peut faire de bonnes affaires si on parvient à prédire avec combien de points d’écart une formation va s’imposer. Depuis lors, j’ai changé de comportement. Je me concentre sur le football. Je ne parie pas sur les matches de mon club mais cette saison, je me suis quand même risqué à des paris sur le championnat. Plus précisément sur un match du Club Bruges. Mais je préfère les matches de première division Amateurs et des divisions inférieures.

La roulette française

Cette saison, le RWDM est une certitude en deuxième division Amateurs, car il gagne tous ses matches. La saison passée, le Beerschot Wilrijk était mon équipe favorite. On peut gagner gros dans les divisions inférieures mais je me suis imposé une certaine limite : je ne peux jamais miser plus de 200 euros. Pour le moment, mon compte, ou plutôt celui d’un copain, est en rouge de 400 euros et ça m’a refroidi. J’ai vu de mes propres yeux comment quelqu’un pouvait sombrer. Un ami sans travail est tombé dans le panneau. Il a parié plus que moi. Il n’est toutefois pas arrivé au stade où j’ai dû lui prêter de l’argent. Un autre copain m’a déjà proposé de prendre délibérément une carte jaune. Il est possible de gagner de l’argent chez certains bookmakers si je prends une carte. Je ne dis certainement pas non mais c’est pour la fin de la saison, dans un match dénué d’importance. Je ne dois pas me faire de souci, tant qu’il ne se trouve pas trente personnes qui soient au courant de la supercherie.

Je me fais une réflexion : pourquoi n’interdit-on pas les casinos aux joueurs et aux membres du staff ? On y perd des sommes bien plus importantes que dans les paris en ligne. L’entraîneur-adjoint d’un de mes anciens clubs avait deux assuétudes : les paris sur les matches de football et les casinos. Il a presque été ruiné et il n’est certainement pas le seul dans le milieu à avoir une prédilection pour les maisons de jeux. Plusieurs coéquipiers se rendent régulièrement dans un endroit de ce genre. Apparemment, gaspiller leur argent leur procure des sensations. Ils n’ont jamais réussi à me convaincre de les accompagner. Je préfère un jeu de roulette française en ligne. Il n’y a rien de plus facile : il suffit de choisir entre le rouge et le noir.  »

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