Jacques Sys

« Ivan Leko mérite le respect »

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

On peut parfois se demander combien de clubs savent vraiment où ils en sont.

Marc Coucke et ses collaborateurs ont-ils défini le futur profil d’Anderlecht ? Cherchent-ils l’entraîneur qui leur convient en fonction de ces critères ? Sur quelle base La Gantoise va-t-elle décider de poursuivre ou non sa collaboration avec Jess Thorup ? Quelle voie le Cercle Bruges va-t-il emprunter ? Ou l’Excel Mouscron ? Comment Ostende a-t-il choisi le Norvégien Kare Ingebrigtsen ? Est-il apte à oeuvrer en fonction de l’ADN du club ou celui-ci n’a-t-il tout simplement pas d’ADN ? On peut se poser des questions en découvrant les différents types d’entraîneurs avec lesquels les clubs discutent.

Il faut maîtriser l’art de gagner.

Le Racing Genk a un profil clair. C’est notamment sur ce plan qu’il se distingue de nombreux autres clubs. Il se présente aussi en bloc. Ses dirigeants parlent tous la même langue, même dans les entretiens off the record qu’ils ont avec les journalistes. Ils ne critiquent pas les autres, n’affichent aucun énervement. Ils ont le même message fort, exceptionnel dans le milieu. Comme le directeur technique Dimitri de Condé le disait il y a quelques semaines dans nos colonnes, agir normalement en football est devenu anormal.

Ivan Leko
Ivan Leko© BELGAIMAGE

Au terme d’une saison mémorable, le KRC Genk entame une semaine cruciale. Il ne peut plus se permettre de faux-pas, suite à sa défaite 3-2 à Bruges. Il n’aura sans doute plus d’autre chance. Ça engendre une autre pression. Un match nul à Anderlecht est le minimum, avant de parachever le travail à domicile contre le Standard, en imaginant que le Club Bruges remporte ses deux matches, chez un Standard qui vacille, et face au rude Antwerp.

Philippe Clement prône le calme depuis le début de la saison. Il va continuer. On va pouvoir jauger la force mentale de son équipe. Jusqu’à présent, le Racing Genk s’est immédiatement repris après chaque claque, comme après sa douloureuse défaite 3-1 en Europa League contre les modeste Norvégiens de Sarpsborg. Trois jours plus tard, il battait Gand 1-5. Genk s’est également ressaisi après sa pénible élimination de la Coupe à l’Union Saint-Gilloise : il s’est imposé 0-2 à Eupen. L’équipe n’a pas non plus perdu le nord après sa défaite 1-0 à l’Antwerp, lors de la deuxième journée des PO1.

Les circonstances sont, à présent, différentes. Un seul joueur de Genk a remporté des prix. Ce n’est rien comparé à l’expérience du Club Bruges. L’art de gagner s’apprend. Ce sera un test intéressant pour les joueurs qui visent des compétitions plus relevées. Ils verront s’ils peuvent tenir le coup semaine après semaine en disputant des matches intenses, comme celui de dimanche dernier.

À cette occasion, le Club a encore prouvé qu’il était capable de se sublimer à domicile contre les grandes équipes. Après une première période moyenne, il a surclassé le leader pendant vingt minutes. Ivan Leko a l’art d’entretenir le feu de ses hommes, depuis la ligne. C’est évidemment dû au leadership dont jouit l’équipe. Le Club a sans doute ses raisons de ne pas poursuivre sa route avec le Croate mais celui-ci mérite tout notre respect pour la motivation qu’il conserve, bien qu’il sente que la direction ne lui fait plus confiance. Leko aime son métier, c’est footeux dans l’âme.

Si le Club arrache malgré tout le titre, la direction aura du mal à annoncer son départ. Deux titres en deux ans, un hiver en coupe d’Europe, il est impossible de faire mieux.

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