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 » Il n’y a plus de place pour moi à Bruges « 

Pour la première fois depuis son arrivée à Bruges, Lior Refaelov a envisagé de tourner le dos à la Belgique et de rentrer en Israël.

Bruges va affronter successivement Charleroi, Gand et Ostende, trois équipes qui ont disputé les derniers PO1. Un bon test pour savoir où il en est. Mais avant ça, il doit rencontrer Roulers en Coupe de Belgique. Une épreuve importante puisqu’il est déjà éliminé en Europe. Et l’occasion de faire tourner car le noyau est large. Après deux années perturbées par les blessures, Lior Refaelov (31 ans), a retrouvé la santé mais il doit se battre pour sa place.  » Les semaines sont longues « , dit-il.

Vous éprouvez le même sentiment qu’en 2013, lorsque vous aviez également été éliminés rapidement en Coupe d’Europe ?

LIOR REFAELOV : C’est pire cette fois car à l’époque, on n’avait perdu qu’un match. Ici, on a été éliminé deux fois et ça fait mal à tout le monde, surtout aux supporters. Ce n’est pas bon pour le football belge non plus : il y a trop peu de clubs belges en Europe.

Que pensez-vous de vos deux dernières saisons ?

REFAELOV : J’ai chaque fois eu de la malchance au début. Il y a deux ans, je me suis cassé le pied en taclant. Je n’aurais pas dû faire ça mais on était mené et je ne voulais pas perdre. L’an dernier, j’ai souffert d’une pubalgie. J’ai joué trop longtemps en étant blessé parce qu’on pensait qu’il ne faudrait pas opérer. C’était une erreur. Le chirurgien m’a dit que, sur 5000 opérations, il avait rarement vu une pubalgie aussi forte. Il se demandait comment j’avais pu jouer. Mais en fait, je n’étais qu’à 80 %, je ne pouvais même plus tirer du droit.

D’autres ont souffert de la même blessure ? Il y a une cause particulière ?

REFAELOV : Non, on ne peut pas comparer les cas. Ça dépend de la gravité et du médecin. Je me suis fait opérer en Israël. Il est très important d’avoir confiance dans le chirurgien et celui-ci a pu collaborer avec le Club.

Une approche scientifique ne permet donc pas toujours d’éviter les blessures.

REFAELOV : Michel (Preud’homme, ndlr) nous poussait sans cesse à la limite mais il savait aussi quand on devait lever le pied, d’autant qu’il avait un noyau assez large. Ça a payé.

 » On est parfois trop prévisible  »

Maintenant que vous êtes prêt, vous ne jouez plus. Pourquoi ?

REFAELOV : Le système a changé. Je crois qu’au début, je me suis bien débrouillé, j’ai essayé de trouver ma place. Quand on attaque, on a un joueur de plus mais il nous manque quelqu’un de créatif. On est parfois trop prévisible.

Et il manque de leaders sur le terrain ?

REFAELOV : Clasie a de la personnalité et de l’expérience en Premier League. J’espère qu’il pourra jouer ce rôle.

Pourquoi le coach a-t-il changé de système après quelques semaines ?

REFAELOV : Parce qu’on n’avait plus le contrôle de l’entrejeu, les distances étaient trop grandes. Je pense cependant que ça aurait pu marcher si on avait mieux exécuté les mouvements.

Ou si vous aviez dominé davantage.

REFAELOV : Exact mais dans les grands matches, il faut contrôler l’entrejeu. C’est pourquoi Hans(Vanaken, ndlr) est entré dans l’équipe.

Et vous alors, où devez-vous jouer ?

REFAELOV : Il n’y a pas de place pour moi en 3-5-2 car nous jouons sans numéro dix et sans ailier. Je ne peux rien y faire. Le coach décide, je dois accepter. J’espère trouver une place, peut-être en losange, mais contre les petites équipes, mieux vaut jouer avec deux attaquants qu’avec trois médians axiaux. Je pense que l’entraîneur ne va plus changer.

Vous en parlez avec lui ?

REFAELOV : Ce n’est pas facile pour lui. Je ne connais pas bien son passé de coach mais il doit avoir impressionné Bart (Verhaeghe, ndlr) et Vincent (Mannaert, ndlr) par sa philosophie. Mais ce n’est pas facile, tout le monde a besoin de temps.

 » À la fois déçu et frustré  »

« Je crois qu’on trouve toujours une place pour les bons joueurs, quel que soit le système. »© BELGAIMAGE

Après Athènes, vous étiez fâché.

REFAELOV : Bien sûr : 0-0 à la maison sans rien montrer et 3-0 là-bas contre une équipe moins forte que les Turcs. J’étais déçu et frustré.

À cause de l’élimination ou parce que vous n’étiez pas titulaire ?

REFAELOV : Les deux. Ça fait sept ans que je suis titulaire, sauf au début avec Michel. J’ai fait beaucoup pour ce club et voilà… Quand le Maccabi m’a contacté, je me suis dit qu’il était temps de partir.

Vous êtes victime de l’approche tactique.

REFAELOV : C’est ce que le coach m’a expliqué mais je crois qu’on trouve toujours une place pour les bons joueurs, quel que soit le système.

Vous devez pouvoir jouer avec Vanaken.

REFAELOV : C’est ce que tout le monde veut mais si le coach est d’un autre avis, je le respecte.

Pourquoi n’êtes-vous pas retourné en Israël ?

REFAELOV : Je ne peux pas tout vous dire. Bart et Vincent ne m’ont pas laissé partir. C’était la fin du mercato, il était difficile de me remplacer et on avait déjà prêté plusieurs joueurs.

On vous a promis de vous laisser partir cet hiver ?

REFAELOV : On n’a pas parlé de ça, tout peut changer très vite en football.

Mais si vous voulez faire le forcing, vous y arriverez.

REFAELOV : Je n’ai joué que dans deux clubs, je suis très stable. Pourtant, des offres, j’en ai eu mais je crois que j’ai toujours fait le bon choix. Je ne regrette rien. J’avais 25 ans quand je suis arrivé en Belgique. Ça me semblait être le bon moment car j’avais tout gagné en Israël.

 » Il y a des choses que je préfère ne pas dire  »

Vous êtes déçu de ne plus être capitaine ?

REFAELOV : (il réfléchit longuement) Il y a des choses que je préfère ne pas dire. On ne parle pas de ça dans les médias. Ceux qui doivent savoir sont au courant.

Vous vous entendez bien avec le coach ?

REFAELOV : Comparer Ivan à quelqu’un qui est resté quatre ans ici et a remporté des trophées ne serait pas correct. Il débute, il faut lui laisser du temps. Je m’entraîne chaque jour de façon à être prêt s’il a besoin de moi. Je suis déçu de ne pas jouer. Michel m’a toujours dit que, quel que soit le système, les meilleurs jouaient. Je le crois. Michel voulait du jeu rapide et de la profondeur mais je trouve que nous sommes meilleurs en combinant. Je me sentais bien dans le premier système. Il dit que j’ai perdu ma place à cause du changement mais je ne le crois pas : pour moi, les bons joueurs doivent toujours pouvoir jouer ensemble.

Par Peter t’Kint

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