Jacques Sys

Il est ahurissant de voir Anderlecht rester en lice pour le titre dans une saison aussi mauvaise

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Combien de fois Besnik Hasi n’a-t-il pas donné l’impression d’être perplexe et n’a-t-il pas entamé une complainte qui devient un refrain ?

Dans quel état d’esprit Besnik Hasi se lève-t-il le matin pour aller à Anderlecht ? Il sent depuis des semaines qu’il ne travaille plus dans un climat de confiance, il pressent qu’il ne sera sans doute plus l’entraîneur au Parc Astrid la saison prochaine et pourtant, il doit constamment se refaire un moral pour tenter d’affûter un groupe souvent instable. Ça demande une fameuse capacité à encaisser et une grande force mentale.

Cette saison, pendant le championnat régulier, combien de fois Besnik Hasi n’a-t-il pas donné l’impression d’être perplexe et n’a-t-il pas entamé une complainte qui devient un refrain ? Comme après le match à Gand. Durant une première mi-temps lamentable, ses joueurs avaient reculé plus qu’ils n’avaient avancé. Hasi avait clairement appelé au secours mais hormis un bref regain, le niveau de jeu n’avait guère progressé. Et quelques semaines plus tard, quelle n’était pas son amertume après la défaite à Waasland Beveren? Il avait fustigé la mentalité du groupe avec une dureté inouïe, sans que ça ait beaucoup d’effet.

Il est ahurissant de voir Anderlecht rester en lice pour le titre dans une saison aussi mauvaise. Jeudi dernier, à Gand, il aurait même pu prendre la tête du classement. In fine, combien de bons matches a-t-il disputés cette saison ? Trois, quatre ? Jadis, Anderlecht a limogé un entraîneur, Luka Peruzovic, parce que le football n’était pas bon, alors que l’équipe était championne d’automne avec six points d’avance, à une époque où une victoire ne rapportait que deux points. Maintenant, c’est à peine si la position de Hasi semble discutée. Faute d’alternative ? Parce que ses adjoints ont trop peu de poids pour prendre la relève ?

La marche funèbre de dimanche à Roulers a gravement blessé l’âme du club. Hasi s’est encore répété. Son équipe avait sous-estimé l’adversaire. Surtout, il a bien fallu constater qu’elle n’avait pas la force mentale requise pour se battre et revenir, une fois menée. Il est étrange de devoir relever cette carence après 35 journées. Est-ce le signe que le groupe a été mal composé du point de vue mentalité ?

Que reste-t-il de ce bastion jadis si aristocratique nommé Anderlecht?

La conclusion serait trop facile. Anderlecht a changé de style, certes, mais l’équipe a conservé suffisamment de technique et de créativité. Ce qui est inquiétant, c’est le festival de mauvaises passes, comme dimanche contre Ostende. Le fait qu’on se batte sur le terrain dans une phase aussi cruciale du championnat ne plaide pas en faveur de l’entraîneur. L’envahissement de terrain par quelques supporters entache encore plus l’image du club. Qu’est-il resté de ce bastion aristocratique si fier? Et surtout, que faut-il faire ?

Dimanche soir, Herman Van Holsbeeck s’est empressé de clamer que Besnik Hasi achèverait certainement la saison. Il ne semble pas avoir d’autre choix. Mais le Kosovar a-t-il encore assez de force pour redresser la barque ? Il ne semble plus rester grand-chose de l’entraîneur qui a pris la succession de John van den Brom il y a deux ans pour prôner discipline et clarté. Dans quelle mesure Besnik Hasi est-il encore en mesure de procéder à sa propre évaluation, dans ces conditions ?

L’entraîneur et tout le club doivent compter sur le sens de l’honneur des joueurs. Anderlecht est souvent parvenu à redresser la tête après des prestations lamentables. Et si les play-offs 1 ont une caractéristique, c’est bien leur irrégularité, qui constituait déjà le fil rouge de la première partie du championnat. Il y a deux semaines, Gand semblait bouté de la course au titre mais l’équipe a subitement retrouvé son allant à Genk. Le Club Bruges s’est incliné à Anderlecht et au RC Genk mais a étrillé Zulte Waregem, samedi, en développant par moments un excellent football. Le fait que Zulte Waregem (2/15) ne soit qu’un figurant dans ces PO1 n’y change rien.

Avec trois matches à domicile et des déplacements à Gand et à Zulte Waregem, le Club peut se libérer lui-même, après onze longues années. Pour autant que Michel Preud’homme préserve la concentration de ses joueurs. C’est fou mais il faut de plus en plus souvent insister là-dessus. Comme Yannick Ferrera, qui a demandé à ses joueurs de s’engager contre Mouscron. Faut-il vraiment le demander ?

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