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Hugo Siquet, la révélation du Standard: qui se cache derrière cet « enfant du club »?

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Dans la course à la succession de Mërgim Vojvoda, un enfant de l’Académie semble avoir pris tout le couloir droit rouche de vitesse. En une poignée d’apparitions et une volée de centres, Hugo Siquet conjugue déjà son nom au futur.

Le téléphone s’illumine au coeur de la maison. Il livre le message d’un fils de dix-huit ans, et annonce à ses parents qu’il ne passera pas la nuit sous le toit familial. L’une des histoires les plus classiques qui soit quand le monde tourne à l’endroit, devenue rare curiosité en ces temps où les samedis soirs s’éteignent à 22 heures. Hugo Siquet est un privilégié. Et si ces quelques mots pianotés par écran interposé font accélérer le rythme cardiaque de ses parents, ce n’est pas tant à cause du programme de sa nuit que du menu de son dimanche après-midi. Si l’enfant de Petit-Han, village niché sur les bords de l’Ourthe à quelques coups de pagaie de Durbuy, ne passe pas la nuit du 7 novembre à la maison, c’est parce qu’il vient d’apprendre que Philippe Montanier lui confie le couloir droit de sa défense à cinq pour le déplacement du lendemain au Bosuil.

Auteur d’une prestation réussie et d’un coup de botte précis sur corner qui offrira un but égalisateur inespéré à Maxime Lestienne, Siquet confirme les promesses entraperçues trois jours plus tôt, quand le test positif au Covid de Collins Fai et la partition catastrophique jouée par Nicolas Gavory à Poznan lui offrent une mi-temps européenne en guise de débuts professionnels. Malgré la domination anversoise, il glisse des échantillons de centres, à l’arrêt ou en mouvement, alors qu’il avait dû s’aligner sur son moins bon pied en Pologne. Pas vraiment un problème pour celui qui avait déjà occupé ce poste chez les jeunes de l’Académie, après avoir longtemps officié comme défenseur central et avant de profiter du départ de Yunus Badahir (récemment passé de Genk à Charleroi) vers le Limbourg pour s’installer définitivement sur le côté droit. Là, sa qualité de centre fait saliver la majorité des formateurs rouches. Il se dit même que Réginal Goreux, ancien pensionnaire du couloir droit de Sclessin, est particulièrement sous le charme.

Pourtant, Hugo Siquet disparaît. Le retour de Collins Fai, l’un des Liégeois les plus décisifs du début de saison, l’amène à quitter les plans de Philippe Montanier, jusqu’au lendemain de Noël. Le Normand lui offre alors un peu plus de vingt minutes, les dernières de son bref règne en bords de Meuse, et le Luxo remercie avec une passe décisive, déposée sur le front de Jackson Muleka. Une histoire qui s’arrête, une autre qui commence. Entre Noël et le Nouvel An, c’est au tour du téléphone d’Hugo de s’illuminer. « C’est l’un des rares joueurs que j’ai appelés après avoir signé mon contrat », confesse Mbaye Leye dans la foulée du premier succès de sa carrière de coach contre Waasland-Beveren. « Je voulais lui dire que j’avais vu ce qu’il avait fait lors de sa dernière montée au jeu et que j’avais confiance en lui. » Face aux hommes de Nicky Hayen, le pied droit de Siquet fait encore des merveilles, et offre le 2-0 à Selim Amallah, toujours en guise de remerciements.

DU JARDIN À SCLESSIN

Depuis de longues années, le coup de patte d’Hugo Siquet s’est habitué à rendre amoureux au premier regard. La technique de drague est perfectionnée, presque depuis toujours, dans le carré de verdure familial. « Hugo, il a un but dans son jardin depuis qu’il est bébé. Il frappe dedans depuis qu’il a trois ans », raconte Thierry Siquet, cousin du père du nouvel arrière droit des Rouches.

Du jardin au terrain de foot local, Hugo s’offre progressivement l’opportunité de fouler une première fois les pelouses de l’Académie, alors sous les feux des projecteurs suite aux deux titres consécutifs des Liégeois emmenés par les produits locaux que sont Axel Witsel et Mehdi Carcela. Le traditionnel tournoi Kidibul, organisé au bout du printemps par le Standard, est un habile moyen de détecter les promesses des environs, et les prestations de Siquet séduisent Roland Morias, formateur historique du club qui l’amène à intégrer le centre de formation liégeois dès sa huitième bougie soufflée.

Les échelons sont gravis méthodiquement, sous l’oeil passionné de parents qui n’hésitent pas à faire ponctuellement jouer les liens familiaux pour s’abreuver de bons conseils. « Hugo, je le vois trois ou quatre fois par an, à Noël et aux anniversaires », explique Thierry Siquet. « Depuis qu’il est au Standard, je ne crois pas avoir vu dix matches de sa part, mais au moment où il se retrouve sur le point de signer un contrat dans l’un des plus grands clubs du pays, ses parents m’ont quand même demandé ce que je pensais de l’un ou l’autre agent. Je disais qu’untel était bien, que je ne conseillais pas tel autre, ce genre de choses. »

LE SILLON LUXEMBOURGEOIS

Dans la foulée de la fin de ses études secondaires, Hugo Siquet signe effectivement un premier contrat professionnel, qui le lie au Standard jusqu’au mois de juin 2023. Il entre progressivement dans les plans d’avenir d’un club à la trésorerie écornée, qui cherche donc son futur en regardant sous ses pieds plutôt que vers l’horizon.

LaurentJans serait-il arrivé dans la Principauté au bout du mercato estival si une blessure au ménisque n’avait pas obligé le jeune talent rouche à passer sur le billard à la fin de l’été, l’écartant des terrains plusieurs semaines? Il se dit en tout cas que Benjamin Nicaise, le directeur technique du club, n’a jamais été insensible au potentiel du jeune latéral droit, et qu’il n’hésitait jamais à glisser son nom à Philippe Montanier au moment de préparer la succession à court et à moyen terme de Mërgim Vojvoda, seul départ majeur du marché 2020.

« Je suis fier de pouvoir dire qu’il s’est fait tout seul, sans mon aide », affirme aujourd’hui un Thierry Siquet qui n’a jamais croisé la route familiale en sélection malgré son poste chez les jeunes au sein de la Fédération. « C’est un enfant du club, un supporter. Là, il touche son rêve. À lui de tout faire pour continuer de l’écrire. »

Dans le sillon visiblement fertile que les Luxembourgeois ont creusé dans le couloir droit des pelouses nationales, Hugo Siquet n’a qu’à suivre la trace pour que son histoire s’écrive sur le bon chemin.

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