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Gillet : « Le métier de gardien a évolué, il est plus compliqué qu’avant »

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

De retour dans le club de son coeur à 37 ans, Jean-François Gillet évoque pour Sport/Foot Magazine l’évolution du foot et du métier de gardien durant ses 20 saisons pros. Extrait.

Tu n’es pas étonné d’avoir le meilleur pourcentage d’arrêts en D1 ?

GILLET : Honnêtement, ça m’a surpris de lire ça, oui. Ce ne sont que des chiffres mais ça booste. Ça me prouve que je suis dans le bon. On a une des meilleures défenses alors que le début de saison a été compliqué, alors qu’il y a eu un changement d’entraîneur, alors que la composition de la ligne arrière a souvent changé. Quand on finit un match sans encaisser, je vois que mes coéquipiers sont aussi contents que moi, même les attaquants. Tout le monde s’arrache pour qu’on réussisse des clean sheets.

A côté de ça, on retient l’une ou l’autre erreur. Contre le Celta Vigo, contre Anderlecht, … En plus, ça a coûté des points, donc ça se voit encore plus, ça fait encore plus discuter.

GILLET : J’assume. Je l’ai toujours fait. Je ne tire pas derrière ! Simplement, il faut revoir le but du Celta. Revoir l’état du terrain. C’est un ballon flottant, il y a un faux rebond, ce n’est pas du tout une trajectoire normale. Très difficile à négocier. Et contre Anderlecht, on peut quand même dire que Lukasz Teodorczyk se défait du marquage de Constantinos Laifis d’une façon un peu particulière, non ? Mais là aussi, j’assume, je ne me cache pas. J’ai pris trop de risques en sortant sur cette phase-là. J’aurais dû rester devant ma ligne parce que c’était un centre tendu, difficile à prendre.

C’est quoi, le secret, pour être bon dans les sorties ? Le culot ? Le brin de folie ?

GILLET : D’abord le timing. Aujourd’hui, tu n’as plus des centres calmes et tranquilles comme il y a quelques années. Ce sont des tirs. Alors, tu dois avoir un très bon timing. Et ça arrive que tu te fasses bousculer. Tu veux y aller, on te ralentit, on te fait un petit bloc que l’arbitre ne sanctionne pas, et là, tu es à mi-chemin. Dans la terre de personne, comme je dis…

Sortir, c’est toujours un risque. Et on en demande toujours plus aux gardiens. Le métier a évolué, il est plus compliqué qu’avant. Tu dois être bon dans la construction, dans le jeu au pied, dans les sorties, dans le coaching. Je remarque une évolution énorme. La notion de concurrence a aussi changé. Quand j’ai commencé, il y avait un numéro un en début de saison, il était super bien installé. Si le gars disait qu’il allait jouer avec un plâtre, eh bien il jouait avec un plâtre ! Le titulaire, c’était le titulaire.

Aujourd’hui, je ne dis pas que le gardien est confronté chaque semaine à la même concurrence qu’un joueur de champ, parce qu’il y a toujours une certaine hiérarchie, mais c’est quand même beaucoup plus compétitif qu’il y a quelques années. Et je pourrais aussi te parler des ballons. Avant, tu avais des balles en cuir. Il pouvait pleuvoir, la prise était toujours bonne. Aujourd’hui, tu oublies, c’est une espèce de plastique, beaucoup plus glissant. Et ça vole beaucoup plus. Tu as de ces trajectoires !

Revois le but de Benito Raman contre Waasland Beveren. J’étais bien placé pour le voir, plein axe. Son tir part sur le côté puis revient central… Très difficile à prendre. Je peux comprendre que les fabricants conçoivent des ballons pour qu’il y ait plus de buts, mais pour les gardiens… Et puis les joueurs de champ ne sont pas idiots, ils s’entraînent spécifiquement pour que leurs tirs de loin prennent des trajectoires inattendues, ils exploitent bien l’évolution des ballons. C’est pour ça qu’on voit plus d’erreurs maintenant.

Par Pierre Danvoye

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Jean-François Gillet dans votre Sport/Foot Magazine

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