Jacques Sys

« Gand veut être champion même s’il fait de son mieux pour le nier »

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Ce ne serait sans doute pas une mauvaise affaire pour le football belge si les Buffalos décrochaient le titre.

En cas de défaite au Club Bruges, il deviendrait difficile pour les Mauves de prolonger leur titre, disait Paul Van Himst avant le choc de dimanche dernier. Alors que les prévisions et les doléances ont peu de sens dans ces PO1, riches en caprices et détours. C’est un scénario empli d’émotions changeantes et de rebondissements.

Il y a dix jours, le Standard a été bombardé favori au titre, ressuscité de ses cendres. Gand ne semblait pas encore assez mûr pour se mêler à la lutte pour le titre, incapable de gérer son stress. C’était en tout cas la teneur des propos de la légion sans cesse croissante des analystes.

Nonante minutes plus tard, les Rouches sont dans les cordes et Hein Vanhaezebrouck fait de son mieux, après son éclatante victoire 1-3 au Standard, pour écarter la pression de ses troupes. Non, son ambition est, soi-disant, d’arracher la 3e place, rien de plus. Sans doute, en son for intérieur, le coach des Buffalos vise-t-il secrètement davantage. Mais il connaît mieux que quiconque le caractère de ses hommes et il anticipe.

Pendant cet épilogue du championnat, les équipes oscillent d’un extrême à l’autre. Les contreperformances suivent les éclats. Est-ce un problème de mentalité, de caractère, d’amour de son métier, de capacité à s’effacer pour sa profession? Ces jours-ci, la tâche principale des entraîneurs semble être de faire conserver leur forme et leur concentration aux joueurs. Et, de temps à autre, de sortir un joli coup tactique. Comme Vanhaezebrouck l’a fait à Sclessin avec Laurent Depoitre et Nicklas Pedersen, ressuscité, en les postant tous deux en pointe. C’était une première pour les deux hommes, qui se sont néanmoins trouvés les yeux fermés.

Gand affronte à présent à domicile le Club Bruges et Anderlecht. De quoi en savoir plus sur ses potentialités réelles. Cela fait partie de son processus de développement. Le club essaie depuis longtemps de se déployer bien au-delà des frontières de sa province. Il couve réellement le désir de devenir champion, bien qu’il fasse de son mieux pour le nier. Un titre effacerait une tache blanche sur la carte de visite sportive de Gand. Le nouveau stade offrant davantage de possibilités financières, les Buffalos devraient accroître leur potentiel budgétaire. Cette transfusion ne serait pas une mauvaise affaire pour le football belge.

Saint-Trond constitue un plus pour la D1.

Le Sporting doit être amer. Dimanche, il a perdu au Club un match qu’il a dominé pendant 70 minutes. Le champion en titre a oublié de concrétiser ses occasions. Les déclarations de Silvio Proto n’en sont pas moins éloquentes: à l’issue du match, il a dit que chacun devait se remettre en question et qu’il fallait trouver des solutions.

Le Club Bruges n’a guère de raisons d’être euphorique. Jusqu’à mi-parcours de la deuxième mi-temps, il n’a pas montré son bagage footballistique, procédant exclusivement par longs ballons, l’arme des impuissants. Lior Refaelov n’a pas su passer son homme et Victor Vazquez, de retour de blessure, n’a pas encore retrouvé son meilleur niveau. Il n’y a pas eu une once de créativité dans le jeu du Club. Jusqu’à ce que l’entrée au jeu d’Obbi Oulare fasse tout basculer. Et que Vazquez délivre deux assists, rappelant qu’il a des pieds en or. Gagner le maximum des points dans un mauvais match est tout un art mais il n’empêche : le Club doit améliorer son jeu.

Le retour de Saint-Trond constitue un plus pour la Division Un. Les Limbourgeois s’appuient sur une riche tradition et moult récits mémorables. La combativité a toujours été la marque de fabrique des Trudonnaires. Le légendaire Raymond Goethals, qui s’y est révélé au poste d’entraîneur, en a fait l’expérience jadis, en voulant remplacer, au repos, un Toine Polleunis en sang (le père d’Odilon, la future icône du Stayen). Toine lui a demandé qui allait payer sa prime de victoire et il est remonté sur le terrain, avec un impressionnant bandage. Lon, le fiston, a connu l’époque, lui, où Saint-Trond était vice-champion, en 1965-1966. Il y avait alors tellement de monde dans le stade que les joueurs appelés à botter un coup de coin devaient d’abord repousser la foule.

Le STVV est devenu un club moderne aux installations ad hoc. Il attire toujours la foule. De ce point de vue aussi, il enrichit une division au sein de laquelle beaucoup de clubs sont restés au temps de la préhistoire.

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