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Foot et argent noir, entretien avec Salvatore Curaba: « Je ne supporte pas la triche, je ne sais pas me taire »

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Salvatore Curaba est Louviérois, ancien footballeur pro, chef d’entreprise à succès, président de club. Et nouvelle icône de la lutte contre l’argent noir dans le foot amateur. Entretien.

Salvatore Curaba à propos…

…de l’argent noir : « Je ne pensais pas que c’était aussi grave. J’ai lancé un slogan quand j’ai relancé la RAAL : Pas un euro au noir. Après ça, j’ai découvert les salaires qu’on donne en amateurs et même en provinciales. J’ai été choqué. Il y a des joueurs en provinciales qui touchent 600 ou 800 euros par mois et qui savent à peine jouer au foot. J’ai été doublement choqué quand j’ai compris qu’il y avait toujours autant d’argent noir dans le milieu amateur. En fait, rien n’a changé les 30 dernières années. Quand j’ai commencé à composer le noyau la première saison, je me suis retrouvé en face de joueurs qui me disaient être intéressés par notre projet mais qu’ils ne viendraient pas à la RAAL parce qu’ils pouvaient gagner beaucoup plus dans tel ou tel autre club. Ces clubs n’avaient pas de numéro d’ONSS. Je leur demandais alors comment ils étaient payés. Leur réponse était très claire et naïve, comme moi à l’époque : Au noir. »

…d’élargir les enquêtes à la Flandre : « Avec les derniers événements, je pense que pas mal de clubs vont avoir peur. J’espère que ça va les inciter à se mettre en ordre et à jouer enfin le jeu correctement. J’espère surtout que dans le futur, les salaires des joueurs diminueront. C’est le seul moyen de s’en sortir. J’espère que la justice va faire son travail, et qu’elle va le faire partout. Ça ne peut pas se limiter au Hainaut. Ça vaudrait la peine de faire les mêmes enquêtes en Flandre. Les avis sont contradictoires mais certaines personnes disent que c’est encore pire là-bas. Je n’ose pas le croire. Maintenant, si la justice continue à s’en mêler, je ne sais pas comment ça risque d’évoluer. »

…de revoir les salaires : « Certaines personnes disent que si les clubs commencent à payer des taxes, ils ne vont peut-être plus s’en sortir. Ils risquent même de tricher encore plus. Je pense juste le contraire. Avec des chiffres financiers clairs et une comptabilité qui reflète vraiment la réalité, il y aura une prise de conscience que cela ne peut pas continuer, qu’ils vont droit dans le mur comme l’Olympic. Le seul moyen est de revoir les salaires. La RAAL a perdu 250.000 euros la saison passée, il y aura encore une perte de 150.000 cette saison. Ce n’est pas simple d’équilibrer car comme nouveau club, on a énormément d’investissements. Pourtant, on a pas mal de sponsors et de supporters. »

…des sanctions : « J’en parle chaque fois que je vois des gens de la fédé. Ils regrettent la situation, ils disent que ça va se régler, qu’il faut laisser du temps au temps, que c’est difficile pour eux de contrôler, que ce n’est pas leur rôle non plus. J’ai l’impression qu’ils observent tout ça d’assez loin parce qu’ils ont un paquet d’autres chantiers qu’ils jugent plus prioritaires. Ils pourraient quand même être un peu plus stricts, ils devraient revoir le règlement. Tout club qui ne respecte pas le droit commun devrait être relégué. Il faut des sanctions fortes. Au final, ça dérange qui, cette histoire d’argent noir ? Ce sont les finances de l’Etat qui trinquent, c’est-à-dire les citoyens. L’argent noir dans le foot, c’est vieux comme le monde. Tout le monde le sait. Mais ce n’est pas une raison valable pour décider de ne rien faire. »

Par Pierre Danvoye

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Salvatore Curaba dans votre Sport/Foot Magazine

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