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Focus tactique: l’impossible équation d’Ivan Leko

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Dominé dans le jeu et au marquoir par le Cercle, l’Antwerp peine à trouver son style avec un effectif aux contours mal dessinés.

Deux saisons à Bruges ont suffi à le montrer, le football d’Ivan Leko est de ceux qui dominent. Admiratif du rouleau-compresseur gantois d’Hein Vanhaezebrouck, amateur comme lui d’une défense à trois pour obliger l’adversaire à s’adapter, le Croate conclut son dimanche avec la tête des mauvais jours. Pas seulement parce que le Cercle de Paul Clement a renversé la rencontre grâce à un doublé de Guy Mbenza. Car plus que le regard furtif vers le marquoir en fin de match, ce sont les nonante minutes précédentes qui ont noirci son regard: « Mon coeur saigne quand je vois tous ces longs ballons, et ma nuque me fait souffrir à force de les regarder. »

Sur la pelouse du Jan Breydel, l’Antwerp tente 326 passes. Dont 74 longues. Près d’une sur quatre. Loin des standards que l’ancien coach du Club avait imposés dans ce stade quand il dirigeait les Blauw en Zwart. Et bien en-deçà des 450 passes par match que ses hommes installaient alors comme rythme de croisière. Le Great Old, auteur d’une domination affirmée face à Mouscron une semaine plus tôt (61% de possession), cherche encore son football.

Le pressing installé par Leko à Bruges semble impossible à reproduire avec l’Antwerp de Refaelov et Mbokani.

Ivan Leko aime construire ses équipes autour du pressing. À Bruges, il laissait à peine sept ou huit passes à l’adversaire avant de récupérer le ballon, en moyenne. À Saint-Trond, une petite dizaine. Face à un Cercle pourtant loin d’être amoureux de la possession, les Anversois ont laissé 16,49 passes à leurs adversaires par action défensive, se repliant à la perte du ballon pour récupérer beaucoup plus bas. Impossible de déclencher un pressing ambitieux quand le front de l’attaque est emmené par Dieumerci Mbokani et Lior Refaelov, duo aux jambes de trentenaires accomplis. Leko doit donc revoir ses plans.

Après une récupération basse, il reste deux options pour porter le danger jusqu’à la surface adverse. Une reconversion rapide, ou une possession soignée. Pour la première, l’Antwerp ne peut compter que sur Didier Lamkel Zé, seul joueur véloce du secteur offensif, et d’ailleurs l’un des hommes les plus en vue dans le registre face au Cercle. Pour la seconde, le Great Old souffre d’un manque de pieds précis à la relance, ni les trois défenseurs centraux ni Faris Haroun n’étant des références en la matière.

Incapable de presser, et donc forcé de récupérer le ballon plus bas, l’Antwerp n’a actuellement pas la vitesse pour briller en contre, et pas la qualité pour progresser avec le ballon. Difficile, dans ces conditions, de créer le danger. Avec sept frappes, dont seulement trois cadrées face au Cercle, le matricule 1 a été largement dominé par son adversaire (11 tirs, 5 cadrés). Et sans injection de profils adéquats, le casse-tête tactique pourrait bien jouer les prolongations.

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