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Fin du projet Euro 2020 à Bruxelles, au profit de Wembley

L’UEFA a annoncé jeudi avoir renoncé à organiser l’Euro 2020 à Bruxelles. Le match d’ouverture se déroulera à Rome alors que le stade londonien de Wembley récupère les quatre rencontres prévues à Bruxelles.

La décision a été prise lors de la réunion du comité exécutif de l’UEFA à Nyon, en Suisse. Les autorisations quant à la construction du nouveau stade national n’étant pas encore obtenues, les instances européennes du football ont décidé de porter leur choix sur des solutions existantes. Bruxelles ne bénéficiera donc pas d’un nouveau délai permettant d’obtenir les permis nécessaires pour la construction de l’Eurostadium.

« Cela signifie que nos Diables Rouges disputeront leurs matches de groupe dans l’une des autres villes hôtes et que nos supporters devront se déplacer à travers toute l’Europe » dit Gérard Linard, président de l’Union belge de football. « Jusqu’au dernier moment, nous avons fait le maximum auprès de l’UEFA en vue d’obtenir un délai supplémentaire, mais nous respectons sa décision. »

« La non-obtention de l’Euro 2020 ne signifie pas nécessairement la fin du dossier du stade. Nous avons absolument besoin d’un nouveau stade de 45.000 places et nous espérons que les ministres compétents octroieront le permis en janvier afin qu’un stade digne du 21e siècle puisse finalement être construit dans notre pays, » conclut Linard.

Wembley, qui accueillera également les demi-finale et la finale, se voit attribuer trois matches de groupes et un huitième de finale en plus, en lieu et place de la capitale belge et européenne.

Risque trop grand pour l’UEFA

« En raison de l’incapacité du projet Eurostadium à répondre aux conditions posées par l’UEFA, les quatre matches initialement prévus à Bruxelles sont reprogrammés à Wembley », a déclaré le patron de l’UEFA, lors d’une conférence de presse. « Nous étions en discussion avec Bruxelles depuis longtemps, a expliqué M. Ceferin. Ils étaient incapables de nous fournir les documents et les garanties. Ils avaient le temps, ils ne l’ont pas fait ».

« Des experts ont estimé que le risque pour l’UEFA était trop grand. D’abord, il semblait que ce serait un problème pour Bruxelles de finir le stade à temps. Et si le stade n’avait pas été fini à temps, il aurait alors été difficile pour nous de trouver une solution alternative », a ajouté le président slovène de l’instance.

Ainsi, à l’issue d’un tirage effectué jeudi, Rome et Bakou accueilleront les matches du groupe A, Saint-Petersbourg et Copenhague le groupe B, Amsterdam et Bucarest le groupe C, Londres et Glasgow le groupe D, Bilbao et Dublin le groupe E et Munich et Budapest le groupe F.

Fin du projet Euro 2020 en Belgique

« Ainsi se clôture l’organisation de l’Euro 2020 en Belgique », a commenté laconiquement la Ville de Bruxelles, après la décision du comité exécutif de l’UEFA de ne plus faire d’elle une ville hôte du championnat d’Europe de football en 2020, au profit de Wembley. « La Ville de Bruxelles prend acte de cette décision », indique-t-elle dans un communiqué.

Elle confirme néanmoins son intention de disposer d’un stade national moderne « au coeur de la capitale de l’Europe ». À cette fin, elle se dit « prête à prendre part à toute initiative venant des différentes autorités compétentes. »

Les défenseurs du projet se sont pris pour Messi ou Ronaldo

La N-VA, dont l’opposition au projet de stade national en territoire flamand (Grimbergen, sur un terrain propriété de la Ville de Bruxelles) a plombé le dossier bruxellois, s’est désolée jeudi de l’échec du dossier, pour Bruxelles et pour le pays, accusant les promoteurs du projet.

« L’approche des partisans de l’Eurostadium, qui se sont pris pour Messi et Ronaldo, fait payer un lourd tribut à notre pays et aux Bruxellois », commente le chef de groupe N-VA au parlement bruxellois Johan Van den Driessche. Il juge qu’il est désormais temps de repartir d’une page blanche en inscrivant à l’agenda la rénovation du stade Roi Baudouin.

Les promoteurs du projet auraient dû savoir depuis le début qu’un chemin vicinal et la compatibilité avec les règles flamandes d’aménagement du territoire constitueraient d’importantes pierres d’achoppement, mais les démarches adéquates n’ont pas été opérées, pour éviter de fournir des arguments supplémentaires aux opposants, analyse-t-il. Le nationaliste flamand dénonce aussi des mensonges entretenus sur la capacité du stade et son coût pour la collectivité, et critique chaque étape du dossier. « Notre pays paie ici le prix d’une politique d’antichambre, d’un manque de transparence et d’une approche hautaine au caractère mégalomane », selon le député N-VA, qui appelle à donner une nouvelle destination au parking C du plateau du Heysel.

Ecolo propose une Cité des sports autour du stade Roi Baudouin

Ecolo a dénoncé « l’affairisme » qui a selon lui « tué » le dossier du stade national sur le parking C du Heysel, et défendu un modèle participatif qui donne une place au football et aux autres sports à partir du Stade Roi Baudouin. « Le projet d’Eurostadium est bancal depuis le début et doit être abandonné », a affirmé Arnaud Pinxteren, député bruxellois Ecolo. La décision de l’UEFA est à ses yeux une occasion de mettre à plat le projet au-delà du calendrier de l’Euro 2020.

« Ce projet n’a pas encore été réalisé, tout simplement parce qu’il est mauvais. Les responsables, (le ministre bruxellois du Budget) Guy Vanhengel et (le Premier échevin de Bruxelles) Alain Courtois en tête, doivent dès aujourd’hui assumer cet échec et travailler à une meilleure alternative », exhorte-t-il.

Pour les Verts, la Belgique et Bruxelles ont déjà un stade national: le stade Roi Baudouin. Avec Groen, ils appellent à un projet de stade pensé avec les citoyens, au coeur d’une Cité des Sports sur le plateau du Heysel. « Les pouvoirs publics prévoient d’investir 300 millions d’euros dans le projet d’Eurostadium. Cet argent devrait être investi dans un projet plus rassembleur. Faisons du Stade Roi Baudouin rénové l’écrin bruxellois pour notre équipe nationale, ses supporters, mais aussi pour les amateurs de tous les autres sports », conclut Arnaud Pinxteren.

Le cdH déplore la « chronique d’un échec annoncé »

L’échec de la candidature de Bruxelles pour accueillir des matches du championnat d’Europe de football 2020 constitue une « gifle magistrale » pour les autorités de la Ville, pour l’image de Bruxelles ainsi que pour le gouvernement fédéral, incapable d’endosser un rôle d’arbitre et de facilitateur, a estimé jeudi le cdH.

Pour les centristes, le dossier était vicié dès que les autorités bruxelloises ont décidé de faire construire le futur stade national en dehors de la Région bruxelloise, où elles n’avaient aucune possibilité de réellement pouvoir agir. « Même la condition sine qua non, à savoir la garantie qu’un club résident – le RSC Anderlecht en l’occurrence – y prenne ses quartiers, n’a jamais été bétonnée », rappelle le cdH bruxellois, qui dénonce les coups de canif successifs portés à la promesse que le projet ne coûterait pas un centime au contribuable bruxellois.

Toutefois, la décision de l’UEFA de se passer de Bruxelles en 2020, « aussi déplorables qu’en soient les raisons, peut malgré tout être une opportunité pour repartir sur des bases nouvelles qui s’appuieraient sur une relocalisation de la future enceinte en Région bruxelloise – les solutions de rechange sont multiples – et qui maintiendraient dans la capitale de l’Europe l’organisation du Mémorial Van Damme », indiquent Benoît Cerexhe, Joëlle Milquet et Hamza Fassi-Fihri, chefs de file du cdH à Bruxelles.

« Un terrible désaveu pour la crédibilité internationale de la Belgique », selon DéFI

L’échec de la candidature de Bruxelles pour accueillir des matches de l’Euro 2020 de football constitue « un terrible désaveu pour la crédibilité internationale de la Belgique, résultat d’un mauvais choix stratégique dans l’emplacement du projet », estime jeudi le député bruxellois Fabian Maingain (DéFI).

« La stratégie d’Alain Courtois (MR) de piloter le dossier uniquement depuis la Ville de Bruxelles, l’aveuglement face à la succession d’avis négatifs émis dans le cadre de la procédure administrative, l’incapacité de monter un projet en adéquation avec les règles en vigueur et compatibles avec l’espace urbain dans lequel il s’insère et l’entêtement à refuser d’établir un plan B face à des délais aujourd’hui jugés comme intenables par l’UEFA sont les principales causes de cet échec », poursuit l’élu amarante.

D’après lui, la fin de l’aventure de l’Euro 2020 marque « la nécessité de remettre à plat le dossier du stade ».

C’est la logique même, selon la bourgmestre de Grimbergen

La décision de l’UEFA de retirer à Bruxelles l’accueil de matches du championnat d’Europe de football en 2020 relève de « la logique même », dès lors que le stade ne pouvait plus être construit pour l’échéance, a commenté jeudi Marleen Mertens (CD&V), bourgmestre de Grimbergen, commune sur laquelle devait être érigé le stade national, sur un terrain de la Ville de Bruxelles au parking C du plateau du Heysel.

L’édile local se dit soulagée, au regard de l’opposition au projet manifestée dans sa commune.

Elle dit ignorer si le promoteur Ghelamco maintiendra un projet. Aucun permis n’a encore été accordé, des recours sont toujours pendants et le problème du chemin vicinal sous le parking C n’est toujours pas résolu, fait-elle valoir. « Un tel projet pour une commune comme Grimbergen, c’est bien trop grand pour fonctionner sans problèmes », conclut-elle.

Belgique, où est ton ambition?, s’interroge Alain Courtois

Le Premier échevin de la Ville de Bruxelles et échevin des Sports Alain Courtois (MR), figure de proue du projet de stade national, a fait part jeudi de sa déception et de son amertume face à l’échec de la candidature de Bruxelles pour accueillir des matches du championnat d’Europe de football en 2020.

« Après 30 ans, on en est toujours au même point. Rénovation par le public: NIET. Nouveau stade en partenariat avec le privé: NIET. Belgique, où est donc passée ton ambition? », a commenté M. Courtois sur Twitter, alors que la Ville s’était contentée d’un communiqué laconique prenant acte de la décision de l’UEFA.

Le projet de stade national sur un terrain de la Ville de Bruxelles en territoire flamand (Grimbergen), sur le parking C du plateau du Heysel, avait été critiqué jeudi matin par le chef de file des réformateurs à Bruxelles, le ministre fédéral Didier Reynders, candidat déclaré à la présidence du gouvernement bruxellois.

Un tel dossier aurait dû être géré au niveau national, selon Alexander De Croo

Un dossier tel que celui du stade national doit être géré au niveau national, a affirmé jeudi le vice-Premier ministre Open Vld Alexander De Croo sur les ondes de Radio 1.

« Ceci n’est pas un dossier bruxellois ou flamand, mais au minimum d’ampleur nationale, voire même européenne. S’il apparaît que, dans des dossiers comme le stade national, les nuisances aériennes de l’aéroport de Bruxelles ou les normes d’émission GSM, on bascule d’un problème à un autre, alors il faut voir s’il ne vaudrait pas mieux gérer tout cela au niveau national », a souligné le libéral flamand.

L’Open Vld a pourtant, en la personne du ministre bruxellois du Budget Guy Vanhengel, l’un des plus ardents défenseurs du projet de stade national avorté jeudi. « J’ai parfois une opinion différente de Guy Vanhengel ; à un certain moment, il faut pouvoir trancher dans un dossier qui dépasse les intérêts d’une Région », ajoute M. De Croo, pour qui la capitale de l’Europe « a droit à une telle infrastructure ». « Sur le territoire de Bruxelles ou en dehors, nous devons dépasser cette question en tant que pays ».

Rudi Vervoort déplore le manque de volonté politique de toutes les parties impliquées

« Un tel projet ne peut clairement pas aboutir sans volonté politique de la part de l’ensemble des parties concernées », a regretté jeudi le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort, réagissant à la décision de l’UEFA de retirer à la Ville de Bruxelles l’accueil de matches de l’Euro 2020 de football en raison de l’incertitude entourant la construction d’un nouveau stade national.

« Bruxelles doit prendre acte de cette décision et se demander s’il est encore nécessaire d’entreprendre des actions qui peuvent bénéficier à l’ensemble de la Belgique. Toutes les grandes capitales disposent d’un stade digne de ce nom. Notre pays a offert un triste spectacle en montrant notre incapacité à unir nos forces autour d’un projet, qui aurait pu générer de l’activité économique et contribuer à augmenter le rayonnement de Bruxelles et de la Belgique », a poursuivi le chef de l’exécutif régional.

Rudi Vervoort (PS) a par ailleurs rappelé que son gouvernement avait soutenu la construction d’un nouveau stade car le stade Roi Baudouin n’est plus conforme aux normes actuelles.

(belga/AFP)

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