© belgaimage

Enzo Scifo: « Mouscron n’est pas le projet rêvé pour un coach, mais il me convient humainement »

Écarté du football professionnel depuis cinq années, Enzo Scifo a retrouvé de l’embauche à Mouscron, où il aura pour mission de redonner de la crédibilité à un club en perdition.

1. Le 22 juin, l’Excel annonçait votre arrivée à la tête de l’équipe première. À quand remontent les premiers contacts?

Quatre jours plus tôt. Tout a été très vite. Mbo Mpenza m’a appelé, on a discuté et le lendemain, j’avais pris ma décision. Je n’avais pas trop le choix, en fait. D’un côté, parce que j’avais envie de reprendre du service, et de l’autre, parce que Mbo m’a demandé de l’aider dans une mission difficile. Mbo ne m’a pas fait de promesse, il a été sincère avec moi. Il ne m’a, par exemple, pas dit que l’objectif était de remonter tout de suite. Il m’a juste dit qu’on allait dire adieu au passé et construire un nouveau projet. Et c’est ce qui a dominé ma décision. Il y a tout à faire et ça me plaît.

2. Qu’avez-vous fait pendant cinq ans, depuis votre départ de l’équipe nationale Espoirs?

Ces cinq années ont été compliquées pour moi. J’ai parfois eu envie de tout arrêter. J’ai eu quelques opportunités à l’étranger, mais à chaque fois, je n’avais aucune certitude. C’était des plans compliqués dans des clubs dont je ne connaissais rien. Ce qui est certain, c’est que je n’ai jamais voulu saisir la première opportunité venue. Mouscron n’est pas pour autant le projet rêvé pour un entraîneur, mais il me convient humainement.

3. Quelles sont aujourd’hui, en 2021, vos inspirations comme coach?

Par rapport à ma carrière comme joueur, à mon autre comme entraîneur, on ne peut qu’être inspiré par le travail des uns et des autres. Je n’aime pas citer de noms, mais il y a des mélanges qui font rêver. J’aime le foot dominant, le fait de prendre le jeu à son compte. Mais parfois, tu ne peux pas le faire. Concrètement, j’aime de plus en plus les entraîneurs qui impriment leur griffe. Que ce soit au plus haut niveau ou dans des clubs plus anonymes, le but est d’imposer cette rigueur. J’aime bien ce que fait l’équipe d’Italie depuis de nombreux mois, par exemple. C’est un jeu axé sur beaucoup d’efforts, avec un bloc équipe et une vraie organisation. Celle-ci cherche à mettre en difficulté l’adversaire en imposant un jeu à base de courses, de possession et d’intelligence. L’idée de départ, pour moi, c’est d’être capable de faire les efforts pour faire déjouer un adversaire. Ça, c’est une question d’état d’esprit. C’est seulement quand tu as compris ça que tu peux imposer le reste.

Je n’ai plus envie de perdre mon temps, je veux reprendre du plaisir.

Enzo Scifo

4. Cette vision, elle vous habitait déjà lors de vos précédentes expériences?

Très sincèrement, oui. Je ne pense pas que ma vision a évolué. Parce que j’ai toujours été convaincu de ce que je faisais. Je le dis sans prétention. On a parfois pointé du doigt mes résultats, mais si on regarde bien, partout où j’ai entraîné, il y a eu une progression. Tu ne peux pas juger toutes les équipes sur les mêmes critères. Je n’ai jamais coaché dans des clubs qui avaient l’ambition d’être champions ou même européens. Ça dépend souvent plus du club que du coach. Moi, ce que je sais, c’est qu’individuellement, j’ai participé à faire progresser des joueurs. Ça ne m’empêche pas d’avoir un regard critique. Avec le recul, j’ai pu analyser certaines choses, notamment sur ma gestion de groupe. Là, je crois que j’aurais parfois dû faire les choses différemment. J’ai souvent eu tendance à trop faire confiance aux joueurs. Je sais aujourd’hui que je dois parfois avoir plus d’emprise sur mon groupe. C’est indispensable si tu veux mettre des choses en place. J’aime bien collaborer, et comme entraîneur, il faut toujours le faire, mais il faut aussi savoir s’imposer. C’est l’un des points sur lesquels j’ai travaillé.

5. Vous avez 55 ans. Vous vous voyez coacher jusqu’à quel âge?

Je n’en sais rien et je ne me pose pas la question. Vous savez, si j’avais eu un plan de carrière, ça se saurait. Aujourd’hui, j’ai à nouveau un pied dans le foot et je veux en profiter. Je n’ai plus envie de perdre mon temps, je veux reprendre du plaisir. Je sais d’où je viens, je sais que le métier est compliqué, mais c’est aussi ce qui me permet de toujours progresser pour évoluer. C’est le propre des passionnés.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire