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En visite chez Christian Benteke: « Je dois devenir encore plus crevard »

Thomas Bricmont

Après plusieurs mois de galères, Big Ben est redevenu Bentegoal. L’attaquant des Villans nous reçoit dans le centre de Birmingham pour un entretien sous forme de retour au premier plan.

Birmingham sous le soleil. Ça arrive mais pas souvent. Alors les lads and girls en profitent, la sobriété vestimentaire bien rangée au placard. Le dernier percing sur un ventre quelque peu molletonné est de sortie, on ferme aussi gaiement les yeux sur la longueur réglementaire de la jupette. Pas de doute, This is England. Le centre-ville est noir de monde en ce début de mois mars. Christian Benteke, lui, préfère éviter. Et se fait le plus discret possible durant la séance photos. Ceux qui l’attrapent n’oublient pas de repartir avec la photo-souvenir. Car Christian Benteke est devenu une référence pour les fans d’Aston Villa ; le Premier ministre, David Cameron, en a d’ailleurs fait son joueur préféré.

En près de trois saisons chez les Villains, Le Liégeois a tout connu : un début en trombe lors de la première saison et une deuxième campagne brisée par cette blessure au tendon d’Achille qui le priva de Coupe du Monde. Une semaine avant notre entretien, Bentek’ délivrait Villa Park avec un penalty à la ‘Eden Hazard’ dans les arrêts de jeu du derby face à WBA. Quatre jours après notre visite, notre international en plantait deux lors d’une victoire (0-4) à Sunderland, qui donnait un peu de souffle dans cette lutte pour le maintien. Après plusieurs mois difficiles, Bentek’ était même élu joueur de la semaine en Angleterre par WhoScored.com. Pas de doute David Cameron likes that.

Ça n’a pas toujours été facile pour toi cette saison.

Oui, mentalement tu dois être fort. Être acteur et être privé aussi longtemps de ce que tu as de plus cher, je parle d’un point de vue professionnel, c’est compliqué à vivre. Heureusement, j’ai pu retourner en Belgique, être avec mes proches. Si j’avais été seul et que Villa m’avait obligé à rester à Birmingham pendant ma rééducation, ça aurait été une tout autre histoire.

Malgré ta blessure au tendon d’Achille, tu rêvais secrètement de participer à la Coupe du Monde. Avec le recul, ce n’était pas un espoir un peu fou ?

Je n’aime pas abandonner. Mon père est comme ça, c’est un homme. Quand il y a de la vie, il y a de l’espoir. Et je pensais que Dieu allait entendre mes prières, que j’allais me réveiller guéri. Et puis, j’ai dû me rendre à l’évidence…

Tu as regardé la Coupe du Monde ?

Bien sûr. Le premier match des Diables fut particulièrement frustrant. Je me suis dit que j’aurais dû être là avec eux.

Tu y as pensé tout au long du match ?

Oui. Je répétais dans ma tête : « Si j’avais été là ». Peut-être que j’aurais marqué, que j’aurais aidé l’équipe. Après ce match, c’est passé, j’ai pu me plonger dans la Coupe du Monde. En regardant les matches en famille, chez mes parents.

T’as eu des contacts avec tes équipiers ?

Eden (Hazard), Marouane (Fellaini) prenaient régulièrement de mes nouvelles. Eden me répétait toujours : Tu me manques, c’est pas la même chose sans toi (il rit). Des attentions qui font plaisir, c’est la preuve que tu peux compter sur de vrais amis.

Le fait d’être devenu papa, ça t’a permis de relativiser cette blessure ?

Bien sûr. Quand je me suis blessé, je savais déjà que ma femme était enceinte. J’avais donc un boost supplémentaire qui m’obligeait à aller de l’avant, à me relever, pour ma femme, pour mon enfant qui est né en août.

Tu souhaites que ton enfant devienne footballeur ?

Oui, je ne vais pas te mentir. Je jouerai au ballon avec lui quand il sera en âge de le faire. Mais s’il n’aime pas, je ne vais pas le forcer. Tant qu’il fait quelque chose de sa vie, qu’il ne prend pas une mauvaise trajectoire, je serai heureux.

Tu es fier de ton parcours jusqu’ici ?

Oui. Je sais d’où je viens. Ce petit bout de chemin que j’ai réalisé jusqu’à présent, je le dois à moi-même. Je n’ai pas été pistonné, on ne m’a pas mis sous les feux des projecteurs comme d’autres. Je viens de loin aussi car je n’ai pas eu une carrière classique.

Un drôle de parcours…

Oui. L’histoire, on peut toujours la refaire. Si j’étais passé par un centre de formation, que j’avais eu le temps, que je n’avais pas été surclassé si jeune, je serais peut-être aujourd’hui un autre joueur. Meilleur ou moins bon. La réalité, c’est que j’ai sauté les étapes plus vite que d’autres. Ça explique pourquoi j’ai trainé des lacunes. J’étais pro à 16 ans, je me suis formé avec des adultes. J’étais un jeune dans une vie d’adulte. J’ai eu cette chance de passer à la télé à 16 ans alors que d’autres du même âge galèrent. Mais je n’étais pas celui dont on était persuadé qu’il allait très vite faire carrière. Qui aurait prédit il y a quatre ans que j’allais m’imposer en Angleterre ? Personne.

Interview complète dans le Sport/Foot Magazine de cette semaine.

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