© PHOTONEWS

Emmanuel Agbadou, un Panda plein d’audace

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Les coups de foudre ont parfois leurs mystères. Celui de Beñat San José a le charme des télévisions à l’ancienne, à une époque où l’on distinguait plus des formes que des joueurs. Le genre de circonstances où faire bonne impression relève de l’exploit. Pourtant, lors des matches du club tunisien de Monastir que le coach basque avale en quête d’un défenseur, Emmanuel Agbadou parvient à faire oublier les failles technologiques pour crever l’écran. Une personnalité qui déborde de chaque pixel, et des certitudes atterries dans l’oeil du coach à des kilomètres de distance. L’Ivoirien débarque dans les Cantons de l’Est.

À défaut de déjà être un défenseur tactique, Agbadou est un condensé de puissance.

Les premières apparitions racontent très vite le profil d’un joueur pas encore armé tactiquement pour bien défendre, mais capable de compenser athlétiquement ses limites collectives. Moins dans les airs, malgré un physique bâti pour les nuages, que dans le face-à-face au sol, où sa pointe de vitesse et son explosivité sur les premiers appuis font des ravages. À défaut de déjà être un défenseur tactique, Agbadou est un condensé de puissance qui l’empêche très souvent de passer inaperçu quand il pose les crampons sur une pelouse.

Surtout, en bon amoureux de la possession qu’il est, Beñat San José avait décelé chez l’Ivoirien des qualités exceptionnelles une fois le ballon au bout des pieds. Là, le défenseur des germanophones étale une personnalité hors normes. De celles qui vous amènent à demander le ballon, et à ne le lâcher qu’une fois que vous êtes persuadé d’avoir fait la différence. D’abord utilisé par le coach basque comme arrière droit, parfois comme défenseur central de son arrière-garde à quatre, Agbadou brille encore plus avec ces atouts maintenant que Stefan Krämer, nouveau coach des Pandas, l’utilise sur la gauche de sa défense à trois.

De ce côté de la pelouse, Eupen court avec la balle. Dans le sillage d’ Ignace N’Dri, joueur le plus actif de l’élite pour gagner des mètres ballon au pied, Agbadou profite de la menace que son compatriote représente en profondeur pour conquérir le terrain que lui offrent des adversaires qui reculent. Capable de provoquer le long de la ligne ou vers l’intérieur du jeu, le défenseur le plus audacieux du Kehrweg franchit le rond central plusieurs fois par match, et sème le trouble dans l’organisation adverse en jouant souvent juste au bout de ses chevauchées. La marque de ceux qui n’ont peur de rien, et certainement pas de devoir se farcir un sprint en reconversion défensive en cas de perte de balle inattendue. Parce que quand il s’agit de défendre avec le corps et les muscles, Emmanuel Agbadou laisse rarement sa place aux autres.

Chiffres

2,47

Avec un peu plus de deux dribbles tentés par match, Emmanuel Agbadou est l’un des trois défenseurs de l’élite belge les plus entreprenants dans le duel ballon au pied.

11

Défendant parfois plus avec le corps qu’avec la tête, le défenseur des Pandas a déjà commis onze fautes lors de ses sept premières sorties, se plaçant au pied du podium défensif de D1A.

26

Aucun membre des défenses belges ne gagne plus de mètres ballon au pied que l’Ivoirien, déjà auteur de 26 progressive runs depuis le coup d’envoi de sa deuxième saison au Kehrweg.

65%

Avec 65% de duels gagnés dans les airs au sein de sa surface, il perd tout de même un face-à-face sur trois.

73,8%

Une fois au corps-à-corps, l’ancien protégé de Beñat San José est par contre une valeur sûre. Près des trois quarts de ses duels défensifs se concluent par une victoire, grâce à un physique puissant.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire