© BELGA (DAVID CATRY)

Des Red Flames expérimentales surclassées par l’Espagne (VIDÉOS)

Aurelie Herman
Aurelie Herman Journaliste pour Sport/Foot Magazine

Les Red Flames se sont inclinées face à une Selección de plus en plus imposante sur la scène européenne. Retour sur cet amical disputé avec une équipe aux allures d’expérience scientifique.

Et dire que sans Covid, c’est sur l’EURO féminin que l’on devrait être en train de s’exciter aujourd’hui… Las, en lieu et place de duels entre les Red Flames et la crème du foot continental, ce sont bien des matches amicaux en pagaille qui servent de préparation extra-large aux joueuses belges, en vue notamment des préliminaires pour le Mondial 2023 qui débuteront en septembre prochain face à la Pologne.

Et malheureusement, le bilan en 2021 s’est encore alourdi suite à la défaite subie dans la fournaise d’Alcorcón (30°C sous le cagnard de la banlieue de Madrid) contre une sélection espagnole qui se rapproche toujours un peu plus du statut de candidate sérieuse à une accession au toit de l’Europe. Un revers 3-0 logique, le quatrième en cinq confrontations amicales cette année, qui survient dans un contexte bien particulier…

L’Espagne a eu plus de 70% de possession du ballon, délivré 659 passes et frappé trente fois au but. Le bilan des Flames ? 240 passes et… six tirs à peine.

Côté onze, déjà, avec un sélectionneur privé de… sept titulaires sur onze, entre corona, quarantaine impossible à effectuer et blessures (voir par ailleurs). Autant dire qu’Ives Serneels a dû sortir sa boîte à outils pour bricoler une équipe inédite. « Et là encore, certaines n’avaient que trois entraînements dans les jambs depuis quinze-vingt jours », ajoutera le sélectionneur après le match. De fait, les latérales brugeoises Isabelle Iliano, Jody Vangheluwe, ainsi que la milieu de terrain du Club Marie Minnaert n’avaient plus joué depuis le 19 mai. Les Gantoises Chloé Vande Velde, Feli Delacauw et Nicky Evrard, elles, n’avaient plus participé au moindre match depuis le 23 mai. Laura De Neve, seule Mauve présente sur la pelouse ? C’était le 18 mai dernier ! Solide remise en route pour elles, contre l’équipe qui fit un moment trembler les États-Unis en quart de finale de la dernière Coupe du monde !

Domination espagnole

C’est donc une équipe pour le moins expérimentale qui a subi la loi de l’Espagne, treizième nation mondiale, un squad en constante évolution depuis quelques temps. Une Selección aux préceptes très ibériques, où l’envie de monopoliser le ballon et de le faire circuler le plus efficacement possible transpire à chaque seconde. Ça n’a d’ailleurs pas raté, avec plus de 70% de possession pour les Espagnoles, 659 passes et trente tentatives au but en 95 minutes (pour 240 passes et… six tirs à peine pour les Flames, dont un beau coup franc de De Neve à la neuvième minute et une frappe sur le poteau de la capitaine Janice Cayman à la onzième).

En réalité, le refrain devient tout doucement entêtant : comme contre les Pays-Bas, comme contre l’Allemagne et comme contre la Norvège, précédentes adversaires des Belges en 2021, les Flames sont tout simplement tombées sur plus fortes qu’elles. Plus pros aussi, avec des internationales espagnoles qui évoluent principalement à Barcelone, champion d’Europe et d’Espagne. Sans oublier la charismatique capitaine Irene Paredes, récente championne de France avec le PSG. « C’est encore une fois important de jouer des gros matches comme ceux-là, afin de savoir qu’on doit encore évoluer, là où chaque chaque joueuse doit grandir individuellement », expliquera également Serneels. OK, mais ce rôle de sparring-partner ne devient-il pas un peu lassant à trois mois du début des qualifs pour le Mondial, et un an d’un deuxième EURO consécutif où les Flames arriveront avec des ambitions logiquement revues à la hausse par rapport à 2017 ?

Point positif : la défense

Pourtant, des satisfactions, il y en a eues. La défense, d’abord. Avec Isabelle Iliano, titulaire au back gauche du quatre arrière en lieu et place de Davina Philtjens. Solide au duel, portée vers l’avant, la joueuse de 24 ans a parfois manqué de vitesse, mais a clairement marqué des points. Pareil pour Amber Tysiak, qui apparaît de plus en plus comme une solution… du présent, et non plus d’avenir dans l’axe central national, aux côtés de l’expérimentée Laura De Neve. Nicky Evrard, enfin, qui récupérait sa place entre les perches à la faveur du forfait de Justien Odeurs, neuf mois après avoir dû céder le relais à la gardienne d’Anderlecht. Canardée tout au long du match, difficile de lui en vouloir sur les trois buts encaissés.

Des pions tombés à des moments particulièrement sales pour les Belges. On parle de ce superbe lob signé Mariona Caldentey à la 43e minute, alors que le 4-2-3-1 noir-jaune-rouge avait bien tenu le coup jusque là. De ce retour des vestiaires où les Flames ont été cueillies à froid par un penalty sifflé sur une faute de main discutable de Cayman (désormais seule et unique détentrice du record de caps en sélection, avec 112 apparitions sous le maillot national). Péno converti sans trembler par Alexia Putellas à la 49e. Et aussi de cette mine plantée en fin de rencontre par Aitana Bonmati dans la lucarne d’Evrard. Une revenante qui a malgré tout fait le boulot comme elle a pu en détournant pas mal de ballons chauds.

« Tout le monde a donné le maximum dans cette rencontre et je suis satisfait de la façon dont les joueuses ont réagi. Surtout vu la longue saison et la situation particulière de l’équipe », déclarera enfin le coach, dont les changements tardifs (cinq dans le dernier quart d’heure, dont trois à la 89e pour offrir une première cap aux jeunes Constance Brackman, Aster Janssens et Zenia Mertens) ont pu étonner. Qu’à cela ne tienne, l’objectif est maintenant de peaufiner les ultimes réglages pour la confrontation de samedi 18 heures face au modeste Luxembourg (122e nation mondiale). L’adversaire idéal pour rebooster un peu un bilan 2021 mitigé.

Et les Mauves, alors ?

Laura De Neve, titularisée dans l’axe de la défense, était la seule représentante des Anderlechtoises, championnes de Belgique. Tessa Wullaert, Justien Odeurs, Charlotte Tison, Sarah Wijnants, Laura Deloose et Tine De Caigny ? Collées sur la touche par le Covid, même si les deux dernières, en vacances en Espagne, n’ont toutefois pas manqué de faire le déplacement pour encourager leurs potes. « C’est une décision prise après beaucoup de réunions avec le staff médical », précisera Ives Serneels après la rencontre. « Parce que les effets du virus sur le corps peuvent être longs. En plus des symptômes, ces joueuses ne s’étaient pas entraînées pendant deux semaines et étaient très fatiguées. Il y avait un risque de blessure. » De son côté, Kassie Missipo a entamé sa revalidation après cette rupture des ligaments terrible subie en mai. Blessée elle aussi, Davina Philtjens (Sassuolo) était également absente. Quant à Justine Vanhaevermaet, la numéro 10 était bloquée en Norvège, où les mesures corona imposent une quarantaine de sept jours au retour au pays. Inconcevable pour son club du LSK, qui vient d’entamer son championnat avec trois victoires en autant de journées (et trois titularisations pour JVH).

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