© BELGA / Bruno Fahy

Décryptage: pourquoi Eupen rapatrie Jordi Condom

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

L’ancien coach des Pandas est de retour au Kehrweg. La dernière pièce d’un puzzle qui doit faire grandir les talents dans les Cantons de l’Est?

Longtemps, les succès d’Eupen semblaient bâtis autour de la figure de Josep Colomer. Ancien directeur de la Masia et reconnu comme « le découvreur de Lionel Messi » – une étiquette qu’il aimait décoller rapidement, racontant en riant qu’un aveugle aurait pu déceler le talent de la Pulga – le Catalan a quitté les Cantons de l’Est à la fin de saison dernière, rappelé au pays par des problèmes familiaux.

Sans lui, Eupen vit un été chaotique. Les transferts s’accumulent par dizaines, et le nouveau coach Beñat San José, qui découvre les spécificités de la compétition belge, doit composer avec un vestiaire qui ressemble à un conseil de Koh-Lanta, tant tout le monde semble avoir préparé ses bagages au cas où il quitterait les lieux dans la journée. Au sein du club, où le directeur général Christoph Henkel se démène pour limiter les dégâts, on réalise vite qu’un apport de sang neuf au sein de la cellule sportive sera indispensable pour remplacer le know-how de Colomer.

Finalement, le meilleur transfert de l’été eupenois se boucle au milieu du mois de septembre. Les Pandas attirent Siegfried Marti, qui quitte son poste de directeur du recrutement à Mayence pour occuper les mêmes fonctions à Eupen, plus proche de sa famille. « Siggi », qui a connu Henkel à Cologne, est réputé de l’autre côté de la frontière pour sa maîtrise des terrains belges, néerlandais, français et surtout germanophones. Son premier coup doit attendre l’hiver, mais c’est un coup de maître : Smail Prevljak débarque en prêt de Salzbourg et plante quatre buts en cinq apparitions sous le maillot des Pandas, contribuant grandement au maintien de ses nouvelles couleurs provisoires.

JORDI ET LES TALENTS D’ASPIRE

Marti voit déjà plus loin que ce premier coup de poker. L’objectif d’Eupen, en attirant ce routinier du scouting allemand, est de dénicher des talents prometteurs venus des pelouses qu’il connaît par coeur. Au Grenz Echo, l’homme confiait par exemple garder un oeil assidu sur les talents excédentaires de Cologne ou de Gladbach, région fertile en joueurs prometteurs. Une façon d’adapter à la sauce germanophone les recettes prolifiques de Courtrai ou Charleroi dans les divisions inférieures françaises.

Pour s’installer plus confortablement au sein de l’élite, Eupen doit à nouveau parvenir à faire fructifier de jeunes talents. C’est également l’idée qui gouverne le retour au Kehrweg de Jordi Condom, coach des Pandas lors de leur retour en D1. Le Catalan avait fait gagner beaucoup d’argent au club en couvant les talents d’Henry Onyekuru ou, plus tard, de Moussa Wagué. Ses années passées en Afrique pour repérer les talents des académies d’Aspire étaient précieuses pour encadrer la progression de ces jeunes parachutés dans le football européen.

Son retour dans les Cantons de l’Est coïncide avec la fermeture des académies africaines du projet Aspire. Les plus talentueux des derniers élèves devraient ainsi rejoindre Eupen cet été, précédés de quelques mois par le virevoltant ailier Isaac Nuhu, déjà arrivé au Kehrweg cet hiver. En ajoutant l’expertise de Condom sur les talents africains à celle de Marti sur les pays frontaliers de la Belgique, Eupen espère se construire autour des principes énumérés par Christoph Henkel au mois de septembre dernier : « Optimiser notre scouting national et international, et en faire la base de notre succès sportif. »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire